Bourdieu était-il carriériste ? (et autres remarques avant une pause)

Le site du Monde a proposé, dimanche dernier, une "rétrocontreverse", un retour sur les grandes grèves de 1995 et la scission qu'elle avait provoqué au sein de la gauche. Evidemment, il y est question de Pierre Bourdieu, canonisé "philosophe" par un journaliste visiblement peu au fait du problème. Les commentaires ne sont pas tendres avec le sociologue : le voilà taxé de "carriériste", voire de "mandarin", ou d'orgueilleux courant après tous les honneurs...

Bourdieu était-il carriériste ?

Soyons franc : je n'ai pas un grand amour pour le "second" Bourdieu, celui des années 1990, qui va pleinement s'engager dans le débat public et la politique. Je reste cependant un adepte du Métier de Sociologue, ouvrage clef publié en 1968 avec Passeron et Chamboredon, qui met justement à distance ce genre d'engagement. Je ne suis pas non plus un bourdieusien d'un point de vue théorique : à la rigueur, vous l'aurez sans doute déjà compris, je me sentirais plus proche de l'interactionnisme, de Simmel, et, sur certaines questions, de la sociologie tourainiene. Mais cela est plus lié à mes centres d'intérêt personnels. Je suis plutôt "open minded" comme (aspirant) sociologue.

Pourtant, je pense que l'on peut affirmer que, dans cet engagement, Bourdieu était sincère. On peut certes le critiquer - est-ce au scientifique de prendre la parole pour les plus démunis ? était-il vraiment porteur d'une réponse satisfaisante ? - mais le traiter de "carriériste" surement pas.

Posons donc le problème : en 1995, lorsque Bourdieu apparaît pleinement dans les médias comme un nouveau Sartre du côté du peuple en colère, il n'a plus grand chose à attendre de plus en ce qui concerne sa carrière. Depuis 1981, il occupe la chaire en sociologie du Collège de France. Autrement dit, pour un chercheur, il a atteint le sommet du prestige et ne peut pas monter plus haut. La reconnaissance internationale, il l'a déjà. Il dirige son centre de sociologie - le Centre de Sociologie Européenne - et sa propre revue - Acte de la Recherche en Sciences Sociales. Pour reprendre quelques éléments de sa théorie, dans le champ scientifique, lui et ses disciples sont les dominants. Carriériste, donc, surement pas. On voit mal ce qu'un engagement public pouvait lui apporter de plus de ce point de vue. Au contraire, il mettait en jeu sa crédibilité en tant que scientifique, à laquelle il s'était toujours montrer farouchement attaché - ses tournures de phrase qui font le malheur des étudiants étaient, de son propre aveux, faites pour limiter au maximum les mésinterprétations de sa pensée (force est de reconnaître qu'il s'est plutôt planté sur ce coup-là).

Toujours du point de vue de la sociologie bourdieusienne, on peut interpréter son engagement comme la volonté de rentrer dans un autre champ - le champ politique - en exploitant les capitaux accumulé dans le champ scientifique. De ce point de vue, sa position est certes critiquable, puisqu'elle tend à réduire l'autonomie du champ scientifique, qu'il jugeait pourtant fondamentale. En même temps, cette volonté peut aussi s'expliquer à partir de sa théorie : il en était venu à considérer que l'autonomisation du champ politique était dangereuse, car contribuant à protéger certaines formes de domination.

A la rigueur, on pourrait estimer que Bourdieu espèrerait retirer de cette entrée dans un champ différent des retributions symboliques qui pourraient faire parler d'orgeuil. Cependant, dans sa sociologie, tout le monde cherche la domination dans son champ spécifique - ce qui prétendent ne pas la rechercher sont ceux qui se savent battus d'avance. Si orgeuil il y a, il est généralisé et non propre à Bourdieu.

Enfin, il faut souligner la trajectoire sociale particulière de Bourdieu. Venu d'un milieu modeste - son père était facteur -, il n'est pas étonnant que son "habitus" l'ait rappelé vers une solidarité avec les catégories populaires et les grévistes. Il soulignait souvent les sacrifices que lui avait demandé son ascension sociale : plus que de perdre son accent, il avait du se couper partiellement de son milieu d'origine. Son engagement peut être vu comme une façon de retrouver sa "self esteem".

Bref, Bourdieu n'était certainement pas carriériste. Et s'il était orgeuilleux et cherchait les honneurs, il ne le faisait pas plus que la moyenne de ceux qui interviennent dans l'espace public d'une façon ou d'une autre - comme votre humble serviteur par exemple, à une échelle beaucoup plus modeste (il faut dire qu'il serait extrêmement prétentieux de ma part de me comparer à Bourdieu). Cela ne disqualifie en rien, en tout cas, son engagement et les idées qu'il a soutenu. Il faut se souvenir que, comme le disait Bernard Lahire, sans doute l'un des bourdieusiens les plus intéressants actuellement, tout le monde a toujours un intérêt quelconque à polémiquer, à critiquer ou à s'engager. La nature de cet intérêt ne peut servir à refuser le débat. D'ailleurs, l'argument est toujours facilement retournable : n'y a-t-il pas quelques intérêts cacher à critiquer Bourdieu ? Si l'on veut critiquer Bourdieu, si l'on a quelques intérêts à le faire, il y a bien d'autres thèmes et bien d'autres façons, à commencer par la plus intéressante : débattre de son modèle théorique.

Réactions à chaud

J'initie avec ce billet une nouvelle catégorie, sobrement appelée "Réactions à chaud". Elle aura pour vocation de recueillir mes réactions immédiates à l'actualité, mes questionnements et autres, avec plus de liberté de ton et de détente que ce que je m'autorise dans les autres notes. Je pense que je la solliciterais pas mal à chaque fois que la sociologie sera maltraitée dans les médias - ce qui est plutôt courant.

J'essaierai aussi d'y signaler les articles rédigés par des sociologues dans les différents journaux que je suis, afin que vous n'en manquiez aucun. Avec, autant que possible, un petit commentaire de ma part.

Violence scolaire en Grande-Bretagne

Tiens, tant que j'y suis, je viens de voir à la télévision un superbe reportage sur la violence scolaire en Angleterre : apparemment, face à la peur des agressions à l'arme blanche, certains parents envisagent d'acheter à leurs enfants des uniformes en kevlar. Tel que présenté par le reportage, avec les images chocs d'un policier vidant une poubelle pleine de poignards et de sabres japonais, fruit d'une collecte auprès des jeunes scolaires, toute la Grande Bretagne est soumise à ce terrible fléau...

Et là, je ne peux m'empêcher de penser à cette phrase, superbe, de Jean-Claude Passeron : "il n'y a de sociologie que des écarts". Quel intérêt peut bien avoir cette information si on ne nous dit pas où ces agressions - sept morts en une année apparemment - ont eu lieu ? Si elles se concentrent ou non dans certains espaces et certaines catégories ? Comme souvent, la chose est présenté comme une dérive perverse et essentiellement morale de la société, sous les traits d'une jeunesse sauvage qui tue facilement... Il serait tout de même bon de préciser la dimension exacte du phénomène et ses causes. Difficile de trouver cela à la télévision.

Peter Berger et la liberté

Avant de laisser ce blog en repos pour quelques temps, je voulais laisser une petite citation sur laquelle je vous invite à réfléchir. Elle est tiré du très bon bouquin de Peter Berger Invitation à la sociologie, une initiation agréable à cette science pour les curieux. La voici :

On ne peut rendre compte empiriquement de la liberté. Plus précisément, alors que nous pouvons faire l'expérience de la liberté comme celle d'autres certitudes empiriques, elle n'est pas accessible à une démonstration par une méthode scientifique. [...] Liberté et causalité ne sont pas des termes logiquement contradictoires : ils appartiennent à des cadres de référence d'ordres différents.


Je pense qu'il est difficile de comprendre, aujourd'hui dans nos sociétés, quelque chose aux sciences sociales et à la sociologie si on a pas cette idée en tête. Elle préparera le terrain pour le retour de ce blog. Du moins, je l'espère.

Des excuses

Je tiens également à présenter mes excuses à certains des visiteurs récents de ce blog. Que ceux qui sont arrivés ici en tapant sous google "Reporter des couches culottes à 25 ans" et "Putes dans toutes les positions" me pardonnent, je pense ne pas pouvoir les satisfaire.

De retour bientôt

Les aléas de l'enseignement m'obligent à déménager vers une ville normande où l'on aime beaucoup les barbecues. Or qui dit déménagement, dit nouvel opérateur internet. Qui dit nouvel opérateur internet, dit semaines sans internet. Et qui dit semaines sans internet, dit repos pour le blog.

Je ne vous cache pas non plus que la libération du royaume d'Hyrule du joug crépusculaire de l'infâme Ganondorf occupe pas mal de mon temps en ce moment - encore deux morceaux du miroir des ombres à retrouver, et qu'a-t-il bien pu arriver à la princesse ? Bon, évidemment, c'est très loin d'être la première fois que je libère Hyrule, mais que voulez-vous, ces hyliens, sans moi, ils sont perdus. Enfin, ça nous fait un beau cas de "dissonance culturelle" comme dirait Lahire...

Si je vous manque, vous pouvez toujours lire les archives. J'essaierai de répondre aux commentaires si j'en ai l'occasion. Si ce n'est pas le cas, il faudra attendre mon retour. Ceci dit, en attendant, vous pouvez toujours m'écrire, et pourquoi pas me proposer des thèmes dont vous aimeriez que je parle : uneheuredepeine@gmail.com

See ya.

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Répression, prévention : l’exemple de la lutte contre le cannabis

Nicolas Sarkozy l’a annoncé récemment : sa politique de « lutte contre l’insécurité », lancée lors de ses passages au ministère de l’intérieur, continue et continuera sans une « pause ». Le renforcement de la législation sur la récidive (dont j’avais déjà parlé) n’est qu’une première étape. Si on en croit les objectifs fixés – « faire baisser la délinquance, accroître l'efficacité des services de police et améliorer l'accueil des victimes », c’est le paradigme répressif qui sera maintenu.





En effet, tout débat politique sur la délinquance met systématiquement en face deux conceptions de la lutte contre l’insécurité : la répression et la prévention. Entre ces deux conceptions, le débat est plutôt difficile, pour ne pas dire que, lorsqu’il a lieu, il tient du miracle. Il faut dire que chacun des deux camps a une perception pour le moins caricaturale de l’autre. Ainsi, les tenants de la répression sont vu comme une bande de policiers qui pensent que rien ne vaut un bon coup de matraque dans la face pour faire réfléchir les délinquants à l’avance, tandis que les tenants de la prévention seraient de beaux idéalistes préférant s’asseoir avec le délinquant, lui dire que quand même c’est pas bien et que s’il devenait une bonne personne, le monde serait merveilleux. Dans ces conditions, le débat public fait plus place aux disputes stériles qu’à un dialogue constructif.

Pour sortir de ces disputes, il faut essayer de préciser un peu mieux chacune des deux logiques sans y jeter l’opprobre par avance. Ainsi, les « répressifs » supposent que la délinquance est le fruit d’un calcul incluant les risques de se faire prendre et la peine encourue. Si j’ai peu de chances d’être arrêté et qu’au pire je n’aurais qu’à faire un regard de cocker au juge pour m’en sortir, je n’hésiterais pas à voler le sac de la dame. Les « préventifs » pensent, au contraire, que ce calcul ne joue pas, ou très peu : si je vole le sac de la dame sans même envisager d’être pris, c’est parce que je suis pauvre et que j’ai besoin de sa carte bleue ou que je suis en colère contre une société qui m’a malmené et dont je ne veux pas respecter les normes. Dans cette perspective, il sera plus efficace de « resocialiser » le délinquant, de le faire sortir d’une identité dominée ou exclue, éventuellement en lui rappelant que d’autres voies sont possibles pour s’en sortir.

Ces deux positions font généralement l’objet d’un débat moral ou éthique. Les « répressifs » sont alors décrits par leurs adversaire comme les instruments d’une domination sociale qui reproduit ou cherche à reproduire les inégalités sociales dans l’intérêt de quelques uns. Les « préventifs » seront au contraire vus comme des doux rêveurs, prêt à excuser les violences et la délinquance au nom d’une pauvreté qu’ils n’ont souvent jamais eux-mêmes connue. Bref, ce sont des visions de l’homme qui sont mises en jeu beaucoup plus que des réflexions sur les effets concrets des deux solutions. Si on s’intéresse au problème d’un point de vue sociologique, on est obligé de sortir du débat moral : il s’agit simplement de savoir ce qui permet effectivement de limiter la délinquance, la répression ou la prévention. C’est à cette question que j’aimerais m’intéresser ici.

Notons cependant que l’on pourrait aussi s’intéresser à la genèse de chacune de ces deux positions et à leur développement dans l’espace public : Loic Wacquant [1] soutient ainsi que le développement des politiques répressives accompagne un recul de l’Etat « social » au profit de l’Etat « pénal ». L’Etat devant d’une façon ou d’une autre gérer la pauvreté et l’exclusion, le renouveau de la pensée néo-conservatrice aux Etats-Unis l’a amené à privilégié la répression et l’emprisonnement plutôt que l’aide et les politiques sociales. Ce mouvement toucherait aujourd’hui de plus en plus l’Europe. Ces questions sont intéressantes, mais c’est bien à l’efficacité de chacune des deux positions que je voudrais m’intéresser.

Le défaut du débat « répressions/prévention » est d’être, souvent, beaucoup trop général : c’est pour cela que je parlais plus tôt de « paradigme » : il y aurait une seule de ces deux solutions qui pourrait s’appliquer à tous les types de délits, conséquence logique de l’aspect moral et idéologique du débat. Or, il faut plutôt envisager des efficacités différentes en fonction des faits considérés : on ne peut pas penser que la même solution s’applique au voleur de mobylette qu’au terroriste international.

Je vais donc pour cette note m’appuyer sur un exemple particulier : celui de la lutte contre la consommation du cannabis. A charge pour mon lecteur de reprendre à son tour la démarche pour l’appliquer au cas particulier de son choix. Ce qui compte, c’est de comprendre le mode de réflexion auquel la sociologie permet de parvenir.

Pourquoi la consommation de cannabis ? Tout d’abord, parce que l’on en a récemment reparlé dans le débat public, quelques études soulignant la dangerosité de cette drogue « douce ». Ensuite, parce que depuis Howard Becker [2], c’est un point d’entrée classique pour la sociologie de la déviance – et vous connaissez désormais mon goût pour les classiques.

D’ailleurs, en parlant de Becker, la sociologie peut également étudier la façon dont la norme – tant sociale que juridique – d’interdiction du cannabis s’est formée et s’est imposée. Selon l’analyse fameuse de Becker pour les Etats-Unis, il s’agit de l’œuvre d’« entrepreneurs de morale », en particulier le bureau des stupéfiants (pas ceux qui consomment la drogue, ceux qui leur courent après), qui par le biais de campagnes de presse – l’exploitation de faits divers sordides en particulier – et d’un peu de lobbying auprès des gouvernements sont parvenus à imposer cette norme. Cette analyse est très utile si l’on veut comprendre, aujourd’hui, ce qui se joue autour de l’interdiction du tabac dans les lieux publics… Mais, comme pour la diffusion du paradigme répressif (ce terme est librement inspiré de Sébastian Roché [3]), ce n’est pas le sujet ici.

Je précise que je m’intéresse bien ici à la consommation, et éventuellement à la production à usage personnel, de cannabis. Le problème du trafic mériterait un traitement à part. D’ailleurs, ce sera vos devoirs de vacances : je veux une analyse complète de la lutte contre le trafic de drogue dans les commentaires sinon je colle tout le monde le samedi matin.

Je vais essayer de faire apparaître les limites et les difficultés des deux pôles « répression/prévention » sur cette question, afin de montrer qu’une véritable lutte doit s’intéresser au substrat social qui cause la consommation de drogue et de stupéfiant.

1. Les limites de la répression

La répression a vocation a fonctionner de deux façons : d’une part, par la valeur de l’exemple – « je vois tous mes potes être embarqué par les keufs, je vais me tenir à carreaux » –, d’autre part, par le calcul risque/gain du délinquant potentiel – « si je me fais choper avec mon joint, je suis envoyé aux travaux forcés à Cayenne, je vais donc me convertir au chewing-gum ». Si on veut qu’il y ait quelque efficacité là-dedans, il ne faut pas oublier l’un des deux aspects : une loi très sévère ne sert à rien si elle n’est pas appliqué, des contrôles de police réguliers qui ne donnent jamais lieu à une amende ou une condamnation ont peu d’avoir un quelconque impact. Il arrive même souvent qu’une peine légère mais qui s’applique systématiquement – à l’exemple des radars automatiques – soit plus efficace pour modifier les comportements qu’un simple durcissement des peines.

Bien sûr, d’un point de vue plus politique, encore faut-il que les contrôles nécessaires pour une application systématique de la peine respectent un minimum la liberté des individus. Comme le rappelle très justement Robert Castel [3], il n’est pas possible, dans un Etat de droit, de contrôler totalement les individus et de faire disparaître toute entorse à la loi – sauf à passer à un Etat totalitaire.

Qu’en est-il pour le cannabis ? Peut-on espérer réduire la consommation en augmentant les peines encourues ? C’est peu probable. Les fumeurs de cannabis sont, souvent, des fumeurs occasionnels, qui « pratiquent » dans des cadres privés et restreints où il est particulièrement difficile de faire des contrôles systématiques. Mais, surtout, même les fumeurs réguliers ont peu de chance d’être influencé par un tel durcissement. En effet, l’usage des drogues douces doit s’analyser comme une entrée dans une « carrière » [2], suivant un processus que j’ai déjà exposé pour la délinquance en général et le terrorisme. Ceux-ci ont, progressivement, appris à fumer et ont modifier leurs normes vers celles d’un milieu déviant. La répression dont ils font l’objet a plus de chances d’être ressentie comme une preuve supplémentaire qu’ils sont incompris et que les normes sociales dominantes les rejettent.

Des contrôles plus systématiques risquent même de les enfermer un peu plus dans une identité « déviante » ou « rebelle » au sens de Merton [5], c’est-à-dire ne partageant ni les normes ni les moyens légitimes dominants.

Mais les contrôles de police posent, au moins en France, un autre problème. On dispose, pour estimer l’action de la police, d’un appareillage statistique conséquent : ce sont les fameux « chiffres de la délinquance » que les médias et les politiques consomment avec un grand enthousiasme, tandis que les chercheurs se lamentent régulièrement sur les utilisations « sans pincettes » qui en sont faites. On se rend alors compte que l’essentiel des affaires relatives aux stupéfiants et particulièrement au cannabis traitées par la police sont doublement concentrées : géographiquement dans les « quartiers sensibles », socialement dans les catégories populaires. Le problème est alors simple : la population à qui s’applique la répression est-elle représentative de celle qui est effectivement déviante ?

Pour répondre à cela, il faut comparer les chiffres de la police avec des enquêtes de « délinquance auto-déclarée ». Celles-ci consistent à faire un sondage en demandant aux individus, de façon anonyme, s’ils ont eu certains comportements sur une période donnée. Laurent Mucchielli [6] s’est livré à une telle comparaison : il en ressort que la police ne traite qu’une petite partie des consommateurs de cannabis, car cette consommation est plutôt bien répartie dans la population. Idée confortée par les récentes enquêtes de l’Observatoire des Drogues et Toxicomanie. La cause de ce décalage réside dans la logique du travail policier : il est demandé à ceux-ci de surveiller tout particulièrement les quartiers en difficulté, d’y patrouiller plus souvent et d’y faire du « chiffre ».

Il faudrait donc repenser et réorienter l’action policière dans la lutte contre les stupéfiants pour que la répression puisse espérer être pleinement efficace. Choix politique difficile, puisque si les jeunes fumeurs des banlieues ont peu de ressources politiques, ce n’est pas le cas de leurs homologues, jeunes et moins jeunes, des quartiers moins marginaux.

Il faudrait aussi que l’action policière ne se contente pas de réprimander les fumeurs, mais cherchent à nouer un contact avec ceux qui sont les plus avancés dans la « carrière » pour les aider à en sortir, ainsi que pour mieux cerner les réseaux de distribution et de trafic. La police de proximité était une réponse possible à cette question, mais faute de moyens conséquents alloués par le gouvernement d’alors, elle n’a été qu’un échec supplémentaire. Cela indique cependant que la police peut jouer sur un autre tableau que la répression : la prévention.

2. Les limites de la prévention

La prévention peut également prendre deux aspects, schématiquement toujours : il peut s’agir de campagnes d’information, à la télévision ou dans les écoles par exemple, sur les dangers ou l’immoralité de tel ou tel comportement – « le cannabis, ça craint grave, jeune ! » – ou du travail de terrain d’associations ou d’organismes particuliers visant à un travail de « proximité ». Ici aussi, les deux peuvent être combinées.

Commençons par traiter des campagnes d’informations. Le problème est le suivant : sont-elles capables de compenser réellement ce que croient savoir les fumeurs de cannabis ? Dans l’état actuel des choses, ceux-ci ont plusieurs croyances qui structurent leur expérience de la drogue : le cannabis est une drogue douce, elle ne produit pas vraiment de dépendance, elle est moins dangereuses que le tabac. Autant d’idées dont on peut, aujourd’hui, qu’elles sont fausses, mais qui restent, et resteront encore sûrement pendant un moment, des idées reçues.

Voici donc l’occasion pour moi de parler de l’un de mes ouvrages préférés : L’idéologie ou l’origine des idées reçues de Raymond Boudon [7]. Dans mes expériences universitaires, j’ai trouvé que la sociologie de Boudon était souvent mal présentée, souvent trop marquée par l’aspect « anti-Bourdieu » (et sûrement mal aimée à cause de cela). C’est ce livre qui m’a ouvert les yeux, et j’en recommande chaudement la lecture – excellente lecture d’été d’ailleurs, je l’ai expérimentée l’année dernière.

Que nous dit Boudon sur les idées reçues ? Que celles-ci ne proviennent pas d’une illusion, d’un comportement irrationnel des individus, mais bien de leur rationalité. Les individus ont de « bonnes raisons » de croire ce qu’ils croient : ce sont ces raisons qu’ils convient d’analyser et tester1. Ces raisons dépendent de la position sociale de l’individu.

Boudon identifie alors trois types d’effets qui peuvent expliquer l’adhésion à des idéologies données (qu’il définit, dans une filiation marxienne, comme les idées fausses ou douteuses) : des effets de position, de disposition et de communication. Les trois peuvent être utiles pour comprendre comment les fumeurs de cannabis acquièrent leurs idéologies. Il faut tout d’abord se référer à leurs positions sociales : les individus ne perçoivent pas l’intégralité de la réalité sociale, mais seulement une partie. Si toutes les personnes consommant du cannabis autour d’elles semblent se porter bien et ne pas avoir de problèmes, il est rationnel de penser que le cannabis ne présente aucun danger. Il y a ensuite des dispositions sociales : les individus ont intégré un certain nombre de normes et façons de faire particulière. Si, par exemple, le milieu où ils ont été socialisés se caractérise par une défiance vis-à-vis des autorités publiques (ce qui se retrouve chez les jeunes de banlieue et les ex-soixante-huitards, tous consommateurs de drogues douces), fumer peut être perçu comme un acte de rébellion normal. Enfin, il y a des effets de communication : les individus n’ont accès aux informations que par le biais d’intermédiaire, dans lesquels ils peuvent avoir plus ou moins confiance. Là encore, faire confiance à l’ami qui fume le cannabis et qui assure que c’est sans danger peut être plus rationnel que de faire confiance à la publicité à la télévision.

Pour être complet, il faudrait ajouter des effets épistémologiques, renvoyant à l’existence de la catégorie « drogue douce » qui laisse à penser d’entrée de jeu que le cannabis est sans danger.

Il faudrait prendre la peine d’étudier les « bonnes raisons » de chaque milieu social consommant du cannabis, de formuler des hypothèses et de les tester. Cependant, ce modèle nous permet déjà de parler de la prévention : si on veut limiter la consommation de cannabis, il faut proposer aux individus de « bonnes raisons » d’arrêter de fumer. C’est là la conséquence politique fondamentale du modèle boudonien, trop souvent négligée à mon goût : puisque les individus sont rationnels, il est possible d’agir sur les comportements à condition de s’adresser à leur rationalité. Et pour cela, il faut établir avec précision de quelle rationalité il s’agit [8] et quels en sont les ressorts.

Les campagnes télévisuelles ou dans les écoles se présentent alors comme une tentative d’induire un effet de communication pouvant compenser celui en faveur du cannabis. Il est très peu probable, dans ce cas précis, que cette stratégie fonctionne pour deux raisons. Tout d’abord, parce qu’elle néglige les deux autres catégories d’effet – de position et de disposition. Ensuite parce qu’elle oublie l’enracinement social de la communication : ceux qui ont déjà commencé à fumer ou qui peuvent le faire pensent « mieux savoir » que l’Etat ou que l’école. De ce point de vue, il y a peu à attendre d’une telle politique sur le cannabis.

Le recours à des associations a déjà plus de vertus : si les membres de ces associations sont issus des mêmes milieux et des mêmes catégories que la population visée, ils peuvent induire des effets de communication positifs, et éventuellement modifier les effets de position et de dispositions. Mais il n’y a aucune garantie : encore faut-il qu’ils rentrent en contact avec ceux qui sont le plus avancé dans la carrière, qu’ils compensent éventuellement le leadership de ceux-ci auprès des autres, qu’ils ne soient pas perçus comme trop extérieur, etc.

En la matière, la prévention ne peut donc se constituer en voie royale de lutte contre ce comportement. Efficace lorsqu’il s’agit de la lutte contre l’alcool au volant [9] ou contre le tabac, elle est plus difficile à mettre en œuvre lorsqu’il s’agit de comportements déviants incluant une part de rébellion contre les autorités. C’est donc dans ce sens qu’il faut penser la lutte contre le cannabis.

3. Une autre action possible : comprendre les causes de la consommation

C’est à ce moment là que la sociologie et les sciences sociales peuvent intervenir dans le débat. Les causes de la consommation ne se réduisent pas au contact avec d’autres « fumeurs » - les mauvaises fréquentations, comme diraient les parents inquiets pour leur progéniture. Il s’agit de saisir pourquoi un certain nombre de personnes se trouvent en position d’adopter un comportement déviant, d’être sensible au point de rentrer dans la carrière. L’exemple des jeunes permet d’illustrer cette démarche.

Selon Hughes Lagrange [10], il faut rapprocher l’usage du cannabis du recours à la délinquance, et particulièrement aux incivilités, actes de défiance vis-à-vis d’une position sociale vécue comme « dominée », ou, plus précisement, « exclue » [6]. On serait passé, en effet, d’une délinquance d’appropriation – « je vole la voiture pour l’utiliser » - à une délinquance d’exclusion – « je brûle la voiture parce je n’ai rien et que j’en veux à tout le monde ».

Le point important est que le sentiment d’exclusion ne se traduit pas forcément sous une forme violente, doublée, le plus souvent, d’affirmations virilistes et de rechercher de respect afin d’inverser le stigmate [11], mais aussi sous des formes de mises à l’écart, de retrait. Il y a donc d’un côté l’affrontement et de l’autre, l’esquive. Comme vous pouvez vous en doutez, l’esquive, c’est l’usage de drogue, et particulièrement de cannabis. C’est là une forme de repli sur la sphère privé, la plus intime, qui prend une direction tout à fait opposée de celle de la violence face aux obstacles à l’affirmation de soi.

Les deux ont pourtant la même cause : frustration, désir de reconnaissance, déficit d’avenir. Il y a, derrière ces comportements, la difficulté vivement ressentie par certaines catégories de la jeunesse de se conformer aux normes de la société à partir de leur position sociale.

Dès lors, si l’on veut lutter efficacement contre l’usage des drogues dans cette catégorie de la population, il convient de ne pas découpler cette problématique de celle de la délinquance et donc du substrat social dans lequel s’inscrit ce comportement. Il s’agit alors de trouver des moyens d’agir sur ce contexte – je repasse alors la main à l’imagination politique, bon point de départ si certains veulent laisser leurs commentaires. Une fois ceci fait, s’il reste encore des fumeurs de cannabis, il faudra à nouveau comprendre leur geste, l’analyser puis, seulement, proposer une action politique ou sociale.

Evidemment, si on s’intéresse à d’autres catégories sociales elles aussi consommatrice de cannabis, il faudra reprendre l’analyse et réfléchir à nouveau sur les ressorts de ce comportement. La jeunesse doré fume pour des raisons tout à fait différentes, les trentenaires (et au-delà) aussi. Mais derrière chaque situation, on peut chercher un substrat social qui explique le comportement en question. Reste après à savoir dans quelle mesure il est possible d’agir dessus.

4. Courte conclusion

Dans le cas précis du cannabis, c’est une forme très particulière de prévention qui pourrait s’avérer la plus efficace : il s’agirait de défaire les ressorts sociaux particuliers de ce comportement. Ceci, entendons nous bien, n’exclue nullement des actions de prévention plus classique – plutôt sous une forme locale et ciblée – et de répression – bien pensée afin de toucher l’ensemble des délinquants. Il ne faut surtout pas penser qu’une seule solution puisse satisfaire à un problème aussi complexe.

Cet exemple doit, je le répète, bien être compris : il s’agit de montrer comment une réflexion documentée et sociologique peut être utile pour une discussion politique. Le résultat auquel je suis parvenu ne peut être généralisée facilement : pour certaines délinquances, il sera valable, pas pour d’autres. Surtout, il ne doit pas faire penser que la sociologie n’est qu’une technologie sociale visant à concevoir des moyens d’action sur la société pour le pouvoir politique. Elle peut être cela lorsqu’elle adopte la pose de l’expertise. Mais ce n’est pas sa fonction première, et elle contribue beaucoup plus souvent à relativiser les possibilités d’action du politique. Mais ce sera là le thème d’une future note, sûrement en septembre…

1 On a parfois reproché à l’approche boudonienne d’être peu falsifiable. A la relecture, je suis plutôt en désaccord avec cette critique : s’il est vrai que l’on pourra toujours trouver des « bonnes raisons » à n’importe quelle action, ce sont celles que l’on va proposer qui seront falsifiable. Il ne faut pas confondre le paradigme et ses applications.

Bibliographie

[1] L. Wacquant, Punir les pauvres. Le nouveau gouvernement de l’insécurité sociale, 2004

[2] H. Becker, Outsiders. Etudes de sociologie de la déviance, 1963

[3] S. Roché, Sociologie politique de l’insécurité, 2000

[4] R. Castel, L’insécurité sociale, 2003

[5] R. K. Merton, Social Theory and Social Structure, 1949

[6] L. Mucchielli, Violences et Insécurités, 2000

[7] R. Boudon, L’idéologie ou l’origine des idées reçues, 1984

[8] R. Boudon, La logique du social, 1979

[9] L. Mucchielli, « L’évolution de la délinquance juvénile en France (1980-2000) », Sociétés contemporaines, 2004

[10] H. Lagrange, De l’affrontement à l’esquive. Violences, délinquances et usages de drogues, 2001

[11] E. Goffman, Stigmate. Les usages sociaux des handicaps, 1963


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Un mois de blogging

Voilà, ça fait maintenant un mois que je me suis lancé dans l’arène, que j’ai plongé dans le monde impitoyable des blogs de sciences sociales et que je déverse mes réflexions diverses et variées à la face d’un monde de plus en plus ébahi… Le bon moment pour faire un premier bilan de l’expérience, donc.





Commençons par quelques chiffres. J’ai publié la première note le 1er juillet dernier. Depuis, Xiti me dit que 3 290 personnes sont venues voir de quoi il retournait. Evidemment, je manque quelque peu de points de repères. Mais j’ai quand même l’impression que c’est un gros chiffre. En tout cas, quand j’ai découvert, au retour d’un séjour parisien, le nombre de personnes passées sur le site pour la première « vraie » note (sur la délinquance des jeunes) – 1 048 en une semaine – ça m’a fait un choc. Je m’attendais plus à une centaine de visites. Bon, je vais pas faire la fine bouche non plus, hein.

Ceci dit, ce chiffre n’est pas homogène sur la période. Il est principalement gonflé par les semaines du 9 et du 16 (1616 visites). A partir de la semaine du 23, on retombe à un nombre de visite plus modeste, soit environ 300.

En fait, c’est surtout le succès des billets sur la délinquance et sur la grève qui explique ces résultats. Je les ai retrouvé repris un peu partout, parfois sans référence à mon blog pour le second, sur la toile. Quelques autres blogs ont eu la gentillesse de les donner en lien – je remercie donc Baptiste Coulmont, Libertés Réelles et Formes Vives. Des sites divers ont également donné les liens : des forums socialistes, un site anarchiste, des appels à la mobilisation… Je ne partage certainement pas les idées de tous ceux qui ont réutilisés ces billets. Mais je suis néanmoins content de les voir repris de la sorte. C’est surtout le site rezo.net qui m’a apporté le plus de visite. Je les remercie également.

Ce succès s’explique dont facilement : mes notes ont été utilisées comme arguments pour critiquer le gouvernement. Je précise donc que ce n’est pas là leur but premier, qui était plutôt de revenir sur des lieux communs et d’attirer l’attention sur des problèmes méconnus. Mais ce n’est cependant qu’ainsi que les sciences sociales peuvent être utiles : en étant reprises par les acteurs, que ce soit pour lutter, comme ici, ou pour autre chose. Si à partir de résultats scientifiques solides, on peut parvenir à construire des politiques et des actions efficaces qui traduisent de véritables choix, ce sera tant mieux. Si ce blog peut y participer à son échelle minuscule, j’en serais satisfait.

Par contre, les notes sur le suicide et le terrorisme ont connu un moindre succès, malgré quelques reprises sur d’autres blogs – Libertés Réelles encore et Art de Changer. Sans doute sont-elles moins utilisables politiquement parlant. On verra quel destin aura la dernière, sur la « diversité » du gouvernement.

Passons à un à-côté plus amusant : les requêtes google qui ont permis d’arriver sur mon blog. Tout d’abord, je dois dire que je suis assez impressionné par le nombre de personnes qui arrivent ici en tapant « une heure de peine » : 19 personnes sur le mois ! Le deuxième plus gros score après « [-] » d’après Xiti – si quelqu’un sait ce que signifie ce [-], je serais content de l’apprendre. J’espère que ces 19 personnes recherchaient toutes mon blog, parce que sinon c’est assez bizarre comme recherche (je ne suis pas un as du marketing, je l’avoue). Les requêtes concernant la grève en France – avec différentes formulations et différentes orthographes – viennent ensuite, suivis par celles sur la délinquance juvénile.

Au rayon des requêtes bizarres, j’ai eu deux beaux spécimens. Tout d’abord, « devenir terroriste » : j’espère que celui qui est arrivé ici avec cette demande n’a pas amené avec lui le FBI, la CIA et le MI5. Je suis sûr qu’un type bizarre me suivait dans la rue l’autre jour… Ensuite, « l’enfance d’Emmanuel Ethis ». Emmanuel Ethis est, pour rappel, un sociologue spécialiste de la culture et des Arts. Désolé pour celui qui espérait le faire chanter avec des photos compromettantes de son enfance, mais il faudra chercher ailleurs.

Bien, assez de Xiti maintenant, parlons des commentaires. J’avoue que j’en ai eu plus que prévu – corollaire logique d’un nombre de visites plus élevé que prévu. Je suis plutôt content d’avoir, pour l’instant, éviter grosso modo mes deux craintes : le « troll anti-sciences sociales – la théorie c’est de la merde pour des intellectuels boutonneux, moi qui suis sur le terrain je sais mieux que tout le monde et si t’es pas d’accord avec moi c’est que t’es un sale nazi/un connard de communiste » (très bel exemple ici pour ceux qui veulent), dont le populisme primaire a une sérieuse tendance à me hérisser le poil (peut-être une future note sur l’utilité de la théorie pour comprendre le monde), et le « t’es pas objectif, de toute façon on peut pas être objectif, sale libéral/socialiste à la con », très répandu lui aussi. Plutôt content de ce point de vue donc. Je m’efforce de réponde à chaque fois que c’est utile, donc n’hésitez pas. Je remercie également Pierre Maura et le Monolecte de s’être proposés pour m’aider à résoudre mes problèmes techniques.

N’hésitez pas non plus à m’écrire : uneheuredepeine@gmail.com. Je réponds également à chaque fois que nécessaire.

Voyons enfin mes propres impressions. Tout d’abord, la rédaction des notes s’est avérée plus compliquée que je ne le pensais. Peut-être que je me fixe des exigences trop hautes – en partie parce que je passe beaucoup de temps à me prémunir contre tout risque de troll1 et d’incompréhension. Du coup, je n’ai pas toujours un ton très détendu et je pense que j’ai souvent un côté un peu professoral qui peut irrité – on va dire que c’est une déformation professionnelle par anticipation… Je vais essayer de faire des notes plus détendues à l’avenir, à côté des longues notes plus sérieuses et austères – parce que je m’amuse quand même à les faire, on a les passe-temps qu’on mérite. Par contre, j’espère sortir de l’agrég et arrêter de faire des plans en trois partie, parce que zut à la fin.

En tout cas, je trouve qu’il y a un certain côté formateur à l’exercice, qui m’a obligé à redécouvrir certaines choses que j’avais tendance à oublier. Au moins un bon moyen de rester vigilant. J’ai aussi pu découvrir quelques excellents blogs que je ne connaissais pas – vous les trouverez en lien, là, juste à côté – ce qui fait toujours plaisir. Et il faut bien reconnaître que voir son travail cité par d’autres fait quand même du bien à la « self-esteem »… Je soupçonne beaucoup de chercheurs (et 90% des bloggueurs) d’avoir choisis cette carrière uniquement pour ça…

Pour le mois qui vient, les notes devraient être moins nombreuses. Je vais partir en vacance, puis je vais devoir déménager pour la capitale. J’aurais donc moins de temps que ce mois-ci. J’espère quand même faire deux ou trois notes – j’ai quelques idées sur le cannabis, les normes juridiques et sociales, ou encore la fiscalité… Mettez donc le blog dans votre agrégateur pour ne rien rater !

Je reprendrais à la rentrée, avec peut-être des remarques plus personnelles sur mes tribulations dans la grande famille de l’éducation nationale – ce qui ne va pas arranger l’anonymat – si le besoin d’extérioriser se fait sentir.

Je pense avoir tout dit pour ce premier bilan… J’en ferais un deuxième dans, disons, trois mois. En attendant, je vais peut-être commencer à préparer mes cours, moi…

1 Shlaguevuk2.

2 Comprend qui peut.


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