Après que j'ai twitté, récemment, un article s'en prenant sans ménagement à l'usage effréné de la psychologie évolutionniste et des neurosciences pour justifier tous les préjugés sexistes des années 50 - article que vous devriez aller lire immédaitement d'ailleurs - une petite discussion s'est engagée avec Alexandre Delaigue (que l'on ne présente plus). Il faut dire que j'avais utilisé les 140 signes pour dire le fond de ma pensée : "Amis psychologues évolutionnaires, faites-nous plaisir : reconvertissez-vous". Sans rediscuter ce jugement (qui est quand même plus profond que 90% de la production en psychologie), Alexandre a posé une autre question : pourquoi sommes-nous aussi friands d'une sorte d'essentialisme primaire ? Tentative de réponse.
Posons le décor : la psychologie évolutionniste est une branche de la psychologie qui consiste à chercher à expliquer les comportements humains par le biais de la théorie de l'évolution. En un mot, l'hypothèse de départ est la suivante : puisque l'évolution est un phénomène très lent, certaines caractéristiques de la psychologie humaine ont fait l'objet d'une sélection à l'époque de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs et se sont transmis jusqu'à nous. A partir de là, la recherche consiste à repérer des comportements qui soient suffisamment généraux et répandus chez un très grand nombre d'humains (si possible universels) et à montrer que ceux-ci constituaient un avantage du temps où les mammouths courraient encore joyeusement dans la nature en fête.
Un domaine essentiel de cette branche de la psychologie est bien évidemment celui des différences hommes-femmes. Cela donne des choses du genre : mais pourquoi les femmes sont-elles aussi douées pour faire du shopping ? Mais parce que leur ancêtres devaient choisir les bons fruits à manger voyons ! D'où cette capacité à chercher et à trouver qui les poussent à s'empoigner avec une violence au moins égale à celle d'un match PSG-OM dans les tribunes dès que Sonia Rykiel vend des trucs et des machins chez H&M (parole de vétéran). Vous croyez que je caricature ? Même pas. On trouve effectivement ce genre de chose mis à toutes les sauces aujourd'hui. L'article dont tout est parti donne des exemples bien gratinés.
Rajoutez à cela une bonne dose de "neuro"-quelque chose (mettez "neuro" quelque part et vous êtes sûr que vous aurez un chroniqueur de yahoo qui viendra vous poser des questions pour la une de son site) là-dedans, histoire d'expliquer qu'en fait hommes et femmes ont des capacités mentales différentes - c'est normal, c'est l'évolution, on vous dit - et vous avez une belle légitimation des toutes les inégalités entre hommes et femmes. Enfin, surtout celles en cours dans les années 50 aux Etats-Unis : il semble en effet que la femme à la maison à torcher les gosses et l'homme qui se la joue "sugar daddy", ce soit le top du top de l'évolution, le plus haut point que l'on pouvait atteindre et vers lequel tendait toute l'histoire de l'humanité.
On me dira peut-être que c'est la lecture qu'en fait la presse et que les études ne sont pas aussi caricaturales. Pourtant, l'article en question soulève de gros problèmes de méthodologie. On peut aussi se reporter à ce post sur Sociological Images où l'on apprend qu'une recherche censée avoir démontré que le cerveau des bébés garçons étaient différents de celui des bébés filles a complètement sur-interprété les résultats : d'une petite différence statistique, sur laquelle il faudrait s'interroger en terme de significativité, on construit une opposition totale et binaire.
Bref. Le fait est que ce type de recherche jouit d'une audience médiatique qui ferait rêver la plupart des chercheurs dans les sciences humaines et sociales. En fait, il y a relativement peu de façons d'attirer plus l'œil médiatique : je pense que ça se classe quelque part entre les études sur les bienfaits du chocolat et les robots. Comment expliquer la séduction exercé par cette évolutionnisme un brin simpliste - d'autant plus qu'il est incontestable que le traitement médiatique ajoute à la simplification originelle une couche supplémentaire d'essentialisme basique ?
Une première façon de répondre est de noter la cohérence de ces "conclusions" avec la perception la plus courante des hommes et des femmes malgré des décennies de féminisme plus ou moins affirmé, ainsi que les intérêts qu'elles protègent du point de vue des hommes : ce n'est pas pour rien que les sociologues américains utilisent si souvent le terme "patriarchie". Je ne vais pas re-documenter la façon dont toute la société ne cesse de nous répéter que garçons et filles sont non seulement différents mais en plus radicalement opposés. Reportez-vous à vos boîtes de céréales si vous avez des doutes. Ou regardez cette vidéo pour un nouveau soda light vendu aux Etats-Unis (qui devrait nous être épargné, contrairement à ce summun du bon goût que sont les publicités pour Coca Zéro) :
Mais il y a peut-être autre chose. Car la question est de savoir pourquoi ces explications naturalisantes, c'est-à-dire qui rapportent les différences de genre à des différences de nature, ont plus de succès que les explications qui se rapportent à la culture et aux institutions sociales. Pour essayer de le comprendre, reportons-nous à un article de Gérald Bronner consacré, justement, aux résistances au darwinisme. Cela peut sembler étonnant dans la mesure où il s'agit justement ici d'expliquer un tropisme pour celui-ci, mais ce sont dans les difficultés à bien saisir le sens même du darwinisme qui sont à l'origine des deux problèmes.
Bronner n'a pas voulut étudier les résistances les plus frontales au darwinisme, celles des religieux et des créationnismes (comme on dit de par chez moi : kif-kif bourricot), souvent prêtés avec un certain mépris aux Américains. Il s'est plutôt tourné vers l'Europe et vers des personnes qui, a priori, avaient plutôt tendance à adhérer aux thèses darwiniennes et à la science. Il a mené avec celles-ci des entretiens tournant autour de la résolution d'une petite énigme qu'il leur donnait à lire et pour laquelle les enquêtés devaient proposer des solutions. Voici l'énigme ainsi que sa solution :
Que ressort-il de cette enquête ? Peu de réponses vont dans le sens proposé par le darwinisme. Beaucoup d'enquêtés avancent, par exemple, que les défenses sont devenus inutiles aux éléphants et donc qu'ils s'en débarrassent. D'autres que, se sentant menacé par les chasseurs, les éléphants ont réagi en mutant et en faisant disparaître leurs défenses. Bien que tout cela ne correspondent pas au darwinisme, les enquêtes sont souvent persuadé qu'ils mobilisent un argumentaire tout à fait scientifique :
Bronner relève une nette attraction pour ce qu'il appelle le finalisme, c'est-à-dire les deux explications présentées ci-dessus. Elles ont pour point commun de prêter les transformations à une volonté ou à un objectif à réaliser, et non au hasard, aux conditions historiques particulières (l'activité des chasseurs), qui va conduire, sans que personne ne l'ait voulu, sans que rien n'ait décidé quoi que ce soit, vers la transformation de l'espèce. Une mutation intervient par hasard, et parce qu'elles se trouvent fonctionnelle, elle donne un avantage aux individus et donc se répand dans la population.
C'est qu'en fait le hasard n'est pas le bienvenue dans nos modes de raisonnement, du fait d'une mauvaise compréhension des statistiques et, ici, du rôle joué par la taille des échantillons. Nous avons tendance à rechercher une raison aux choses, une explication basé sur une volonté ou une finalité, comme si quelqu'un ou quelque chose savait vers où va le monde. Cette difficulté est à l'origine de la tendance au finalisme ici en Europe, et, de l'autre côté de l'Atlantique, elle sous-tend le néo-créationnisme/intelligent design/autre :
Revenons maintenant au succès de la psychologie évolutionniste. La préférence pour les explications qui se rapportent à une pré-programmation ancienne des individus s'appuie sur cette même tendance au finalisme : finalement, cela revient toujours à dire que, d'une façon ou d'une autre, la nature est toute de même bien faite, et que tout était prévu depuis le début. Des causes qui se rapporterait à des "accidents historiques", à la construction d'institutions, à l'action des hommes ici et maintenant, souvent sans coordination, la lente construction des inégalités au travers de quelques milliers de petits actes de socialisation, exercent une séduction moins importantes précisément parce qu'il est plus difficile d'y rattacher une volonté ou une finalité. Le succès médiatique de la psychologie évolutionniste s'explique sans doute par le fait que la compréhension commune de l'évolutionnisme et du darwinisme est elle-même déficiente. Misère de l'évolutionnisme dont le succès auprès du grand public repose sur un malentendu...
Comme Gérald Bronner le conclut, "le marché cognitif ne favorise pas toujours le vrai". Bien au contraire. Malgré l'élévation général du niveau de diplôme, malgré la diffusion de la connaissance, malgré les efforts quotidiens des enseignants, des erreurs de raisonnement persistent même auprès des personnes qui se pensent ou se disent attachés aux sciences - et je ne sais honnêtement pas ce que j'aurais répondu à l'entretien de Bronner si j'avais dû le passer avant d'avoir lu l'article... Et concernant la diffusion de la pensée et des explications sociologiques, qui est ici le vrai enjeu en matière de différences entre les genres, il faut bien dire que l'on ne fait peut-être pas tous les efforts nécessaires. Et si on commençait par donner plus de cours de sciences économiques et sociales au lycée ? Je dis ça, je dis rien...
Si vous ne connaissez xkcd, votre vie est triste |
Posons le décor : la psychologie évolutionniste est une branche de la psychologie qui consiste à chercher à expliquer les comportements humains par le biais de la théorie de l'évolution. En un mot, l'hypothèse de départ est la suivante : puisque l'évolution est un phénomène très lent, certaines caractéristiques de la psychologie humaine ont fait l'objet d'une sélection à l'époque de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs et se sont transmis jusqu'à nous. A partir de là, la recherche consiste à repérer des comportements qui soient suffisamment généraux et répandus chez un très grand nombre d'humains (si possible universels) et à montrer que ceux-ci constituaient un avantage du temps où les mammouths courraient encore joyeusement dans la nature en fête.
Un domaine essentiel de cette branche de la psychologie est bien évidemment celui des différences hommes-femmes. Cela donne des choses du genre : mais pourquoi les femmes sont-elles aussi douées pour faire du shopping ? Mais parce que leur ancêtres devaient choisir les bons fruits à manger voyons ! D'où cette capacité à chercher et à trouver qui les poussent à s'empoigner avec une violence au moins égale à celle d'un match PSG-OM dans les tribunes dès que Sonia Rykiel vend des trucs et des machins chez H&M (parole de vétéran). Vous croyez que je caricature ? Même pas. On trouve effectivement ce genre de chose mis à toutes les sauces aujourd'hui. L'article dont tout est parti donne des exemples bien gratinés.
Rajoutez à cela une bonne dose de "neuro"-quelque chose (mettez "neuro" quelque part et vous êtes sûr que vous aurez un chroniqueur de yahoo qui viendra vous poser des questions pour la une de son site) là-dedans, histoire d'expliquer qu'en fait hommes et femmes ont des capacités mentales différentes - c'est normal, c'est l'évolution, on vous dit - et vous avez une belle légitimation des toutes les inégalités entre hommes et femmes. Enfin, surtout celles en cours dans les années 50 aux Etats-Unis : il semble en effet que la femme à la maison à torcher les gosses et l'homme qui se la joue "sugar daddy", ce soit le top du top de l'évolution, le plus haut point que l'on pouvait atteindre et vers lequel tendait toute l'histoire de l'humanité.
On me dira peut-être que c'est la lecture qu'en fait la presse et que les études ne sont pas aussi caricaturales. Pourtant, l'article en question soulève de gros problèmes de méthodologie. On peut aussi se reporter à ce post sur Sociological Images où l'on apprend qu'une recherche censée avoir démontré que le cerveau des bébés garçons étaient différents de celui des bébés filles a complètement sur-interprété les résultats : d'une petite différence statistique, sur laquelle il faudrait s'interroger en terme de significativité, on construit une opposition totale et binaire.
Bref. Le fait est que ce type de recherche jouit d'une audience médiatique qui ferait rêver la plupart des chercheurs dans les sciences humaines et sociales. En fait, il y a relativement peu de façons d'attirer plus l'œil médiatique : je pense que ça se classe quelque part entre les études sur les bienfaits du chocolat et les robots. Comment expliquer la séduction exercé par cette évolutionnisme un brin simpliste - d'autant plus qu'il est incontestable que le traitement médiatique ajoute à la simplification originelle une couche supplémentaire d'essentialisme basique ?
Une première façon de répondre est de noter la cohérence de ces "conclusions" avec la perception la plus courante des hommes et des femmes malgré des décennies de féminisme plus ou moins affirmé, ainsi que les intérêts qu'elles protègent du point de vue des hommes : ce n'est pas pour rien que les sociologues américains utilisent si souvent le terme "patriarchie". Je ne vais pas re-documenter la façon dont toute la société ne cesse de nous répéter que garçons et filles sont non seulement différents mais en plus radicalement opposés. Reportez-vous à vos boîtes de céréales si vous avez des doutes. Ou regardez cette vidéo pour un nouveau soda light vendu aux Etats-Unis (qui devrait nous être épargné, contrairement à ce summun du bon goût que sont les publicités pour Coca Zéro) :
Mais il y a peut-être autre chose. Car la question est de savoir pourquoi ces explications naturalisantes, c'est-à-dire qui rapportent les différences de genre à des différences de nature, ont plus de succès que les explications qui se rapportent à la culture et aux institutions sociales. Pour essayer de le comprendre, reportons-nous à un article de Gérald Bronner consacré, justement, aux résistances au darwinisme. Cela peut sembler étonnant dans la mesure où il s'agit justement ici d'expliquer un tropisme pour celui-ci, mais ce sont dans les difficultés à bien saisir le sens même du darwinisme qui sont à l'origine des deux problèmes.
Bronner n'a pas voulut étudier les résistances les plus frontales au darwinisme, celles des religieux et des créationnismes (comme on dit de par chez moi : kif-kif bourricot), souvent prêtés avec un certain mépris aux Américains. Il s'est plutôt tourné vers l'Europe et vers des personnes qui, a priori, avaient plutôt tendance à adhérer aux thèses darwiniennes et à la science. Il a mené avec celles-ci des entretiens tournant autour de la résolution d'une petite énigme qu'il leur donnait à lire et pour laquelle les enquêtés devaient proposer des solutions. Voici l'énigme ainsi que sa solution :
« À l’état sauvage, certains éléphanteaux sont porteurs d’un gène qui prévient la formation des défenses. Les scientifiques ont constaté récemment que de plus en plus d’éléphanteaux naissaient porteurs de ce gène (ils n’auront donc pas de défenses devenus adultes). Comment expliquez cette situation ? »
En fait, ce mystère a été révélé et résolu par le professeur Zhang Li, zoologue à l’université de Pékin, qui a mené ses recherches depuis 1999 dans une réserve naturelle dans la région du sud-ouest de Xishuangbanna, où vivent les deux tiers des éléphants d’Asie chinois (la Chine est l’une de 160 nations qui ont signé un traité en 1989 interdisant le commerce de l’ivoire et des produits d’autres animaux en voie d’extinction ou menacés de l’être).
Les braconniers ne tuant pas les éléphants sans défenses (ceux-ci n’ont aucune valeur marchande pour eux), explique-t-il, ces mutants sont plus nombreux dans la population et le gène qui prévient la formation des défenses se propage parmi les éléphants. Alors que ce gène se trouve habituellement chez 2 à 5 % des éléphants d’Asie, on le trouve, à présent, chez 5 à 10 % de la population des éléphants Chinois. Cette « énigme », comme on le voit, peut être facilement résolue si l’on mobilise le programme darwinien.
Que ressort-il de cette enquête ? Peu de réponses vont dans le sens proposé par le darwinisme. Beaucoup d'enquêtés avancent, par exemple, que les défenses sont devenus inutiles aux éléphants et donc qu'ils s'en débarrassent. D'autres que, se sentant menacé par les chasseurs, les éléphants ont réagi en mutant et en faisant disparaître leurs défenses. Bien que tout cela ne correspondent pas au darwinisme, les enquêtes sont souvent persuadé qu'ils mobilisent un argumentaire tout à fait scientifique :
Le plus fascinant est que les interviewés, en évoquant ces scénarios, soulignaient parfois qu’ils ne faisaient qu’exprimer « une théorie darwinienne », ce fut le cas pour près de 30 % d’entre eux. Un résultat qui serait plus important encore si l’on y intégrait les entretiens où la théorie darwinienne n’est pas explicitement convoquée, mais où le vocabulaire utilisé (sélection naturelle, évolution, etc.) y fait référence.
Bronner relève une nette attraction pour ce qu'il appelle le finalisme, c'est-à-dire les deux explications présentées ci-dessus. Elles ont pour point commun de prêter les transformations à une volonté ou à un objectif à réaliser, et non au hasard, aux conditions historiques particulières (l'activité des chasseurs), qui va conduire, sans que personne ne l'ait voulu, sans que rien n'ait décidé quoi que ce soit, vers la transformation de l'espèce. Une mutation intervient par hasard, et parce qu'elles se trouvent fonctionnelle, elle donne un avantage aux individus et donc se répand dans la population.
C'est qu'en fait le hasard n'est pas le bienvenue dans nos modes de raisonnement, du fait d'une mauvaise compréhension des statistiques et, ici, du rôle joué par la taille des échantillons. Nous avons tendance à rechercher une raison aux choses, une explication basé sur une volonté ou une finalité, comme si quelqu'un ou quelque chose savait vers où va le monde. Cette difficulté est à l'origine de la tendance au finalisme ici en Europe, et, de l'autre côté de l'Atlantique, elle sous-tend le néo-créationnisme/intelligent design/autre :
C'est bien le croisement de la fonctionnalité et du hasard qui paraît inadmissible au néo-créationniste (et au crypto-finaliste) : la nature est si bien faite, cela ne peut pas être le fait du hasard. À cette différence que ce n’est plus une mystérieuse cause finale qui est invoquée, mais une cause initiale. Lorsque les choses sont si bien adaptées les unes aux autres, ce ne peut être que la conséquence d’un plan, d’un dessein intelligent.
Revenons maintenant au succès de la psychologie évolutionniste. La préférence pour les explications qui se rapportent à une pré-programmation ancienne des individus s'appuie sur cette même tendance au finalisme : finalement, cela revient toujours à dire que, d'une façon ou d'une autre, la nature est toute de même bien faite, et que tout était prévu depuis le début. Des causes qui se rapporterait à des "accidents historiques", à la construction d'institutions, à l'action des hommes ici et maintenant, souvent sans coordination, la lente construction des inégalités au travers de quelques milliers de petits actes de socialisation, exercent une séduction moins importantes précisément parce qu'il est plus difficile d'y rattacher une volonté ou une finalité. Le succès médiatique de la psychologie évolutionniste s'explique sans doute par le fait que la compréhension commune de l'évolutionnisme et du darwinisme est elle-même déficiente. Misère de l'évolutionnisme dont le succès auprès du grand public repose sur un malentendu...
Comme Gérald Bronner le conclut, "le marché cognitif ne favorise pas toujours le vrai". Bien au contraire. Malgré l'élévation général du niveau de diplôme, malgré la diffusion de la connaissance, malgré les efforts quotidiens des enseignants, des erreurs de raisonnement persistent même auprès des personnes qui se pensent ou se disent attachés aux sciences - et je ne sais honnêtement pas ce que j'aurais répondu à l'entretien de Bronner si j'avais dû le passer avant d'avoir lu l'article... Et concernant la diffusion de la pensée et des explications sociologiques, qui est ici le vrai enjeu en matière de différences entre les genres, il faut bien dire que l'on ne fait peut-être pas tous les efforts nécessaires. Et si on commençait par donner plus de cours de sciences économiques et sociales au lycée ? Je dis ça, je dis rien...