Où l'on continuera à explorer les capacités de l'humain à prendre le monde tel qu'il vient et à surtout, surtout, exclure ce qui ne cadre avec ce qui est déjà connu...
Terry Pratchett, Thief of Time, p. 102
Terry Pratchett & Stephen Briggs, The new Discworld Companion, p. 188
Dans les deux cas, les individus cherchent à maintenir un certain équilibre, et pour cela, ils ont appris à ne pas voir ce qui ne peut pas être acceptable, ce qui représenterait une information trop dérangeante. Ce thème est récurrent chez Pratchett : c'est qui évite de voir la Mort/la mort, ce qui évite de voir les conséquences de ses propres actions, ce qui évite de devenir fou... On retrouve du Schultz, ou du Berger et Luckmann là-dedans.
Cette capacité repose, comme on peut le voir, sur l'apprentissage de certaines règles - et Thief of Time n'est rien d'autre qu'un ouvrage sur les règles, leur origine et leur utilisation. Nous apprenons à ne pas voir ce qui ne cadre pas avec le cadre de ce que nous définissons comme la réalité. Ce n'est pas que nous ne voulons pas voir, c'est que nous ne pouvons pas voir, car cela exigerait que nous reconfigurions l'ensemble de notre conception du monde pour faire de la place à des faits qui sont manifestement erronés.
J'ai déjà longuement blogué sur le capitalisme comme mode de pensée et d'actions et sur son emprise sur nos esprits (voir notamment ce billet), sur nos difficultés à penser en dehors de lui (voir celui-ci), à inventer quelque chose de nouveau. A l'heure où la crise revient (ce n'est ni la première ni la dernière), Pratchett fournit sans doute un bon cadre pour comprendre ce qui se passe : il nous faut comprendre quels mécanismes nous amènent à prendre les choses comme elles sont, ce que menace, pour nous, le fait que le chien se soit mis à parler.
The most selected of these club was Fidgett's, and it operated like this : Susan didn't need to make herself invisible [but she can - too long to explain (NDM)], because she knew that the members of Fidgett's would simply not see her, or believe that she really existed even if they did. Women weren't allowed in the club at all excet under Rule 34b, which grudginly allowed for female members of the family or respectable married ladies over thirty to be entertained to tea in the Green Drawning Room between 3.15 and 4.30 pm, providedd at least one member of staff was present at all times. This had been the case for so long that many members now interpreted it as being the only seventy-five minutes in the day when womem were actually allowed to exit and, therefore, any women seen in the club at any other time were a figment of their imagination.
Terry Pratchett, Thief of Time, p. 102
Gaspode (the Wonder Dog). Small, bow-legged and wiry; basically a rusty grey but with patches of brown, white and black in outlying areas. [...]
Oh, and he can talk. But not many people pay any attention, because everyone knows that dogs can't talk.
Terry Pratchett & Stephen Briggs, The new Discworld Companion, p. 188
Dans les deux cas, les individus cherchent à maintenir un certain équilibre, et pour cela, ils ont appris à ne pas voir ce qui ne peut pas être acceptable, ce qui représenterait une information trop dérangeante. Ce thème est récurrent chez Pratchett : c'est qui évite de voir la Mort/la mort, ce qui évite de voir les conséquences de ses propres actions, ce qui évite de devenir fou... On retrouve du Schultz, ou du Berger et Luckmann là-dedans.
Cette capacité repose, comme on peut le voir, sur l'apprentissage de certaines règles - et Thief of Time n'est rien d'autre qu'un ouvrage sur les règles, leur origine et leur utilisation. Nous apprenons à ne pas voir ce qui ne cadre pas avec le cadre de ce que nous définissons comme la réalité. Ce n'est pas que nous ne voulons pas voir, c'est que nous ne pouvons pas voir, car cela exigerait que nous reconfigurions l'ensemble de notre conception du monde pour faire de la place à des faits qui sont manifestement erronés.
J'ai déjà longuement blogué sur le capitalisme comme mode de pensée et d'actions et sur son emprise sur nos esprits (voir notamment ce billet), sur nos difficultés à penser en dehors de lui (voir celui-ci), à inventer quelque chose de nouveau. A l'heure où la crise revient (ce n'est ni la première ni la dernière), Pratchett fournit sans doute un bon cadre pour comprendre ce qui se passe : il nous faut comprendre quels mécanismes nous amènent à prendre les choses comme elles sont, ce que menace, pour nous, le fait que le chien se soit mis à parler.
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