Eric Zemmour, l'un de ces "chroniqueurs" dont la légitimité reste un grand mystère pour le commun des mortels, s'est fendu d'une remarque plus que douteuse quant au fait que les délinquants seraient surtout des Noirs et des Arabes. Philippe Bilger, avocat général à la cour de Paris, a pris sa défense sur son blog. L'un comme l'autre aurait non seulement besoin de quelques cours élémentaires de sociologie, mais aussi d'un bon rappel à la loi - ce qui pour le second est tout de même assez savoureux.
Reprenons la citation qui a valut à Zemmour une nouvelle volée de bois vert de la part de différentes organisations anti-racistes :
Pierre Bilger défend cette idée en écrivant sur son blog :
Je me permet donc d'inviter officiellement MM. Zemmour et Bilger à venir assister à un des cours en première Economique et Sociale. Je n'aurais même pas à prendre la parole : mes élèves se chargeront eux-mêmes de leur expliquer ce que je leur ai appris il y a quelques mois, lorsque nous avions ensemble abordé la sociologie de la déviance. A savoir que l'appareil judiciaire n'enregistre pas la délinquance telle qu'elle est, mais telle qu'elle est perçue par l'activité policière. S'il y a un biais dans l'activité de la police pour appréhender surtout des Noirs et des Arabes, alors les audiences correctionnelles et criminelles seront plus souvent peuplées de Noirs ou d'Arabes. En tirer des conclusions sur la délinquance en général, sans prendre aucune précaution méthodologique, est une faute grave qu'un élève de première attentif en cours sait éviter. Ce serait comme penser que le bâton est tordu puisque lorsque je le trempe dans l'eau il paraît l'être.
Maître Eolas, d'ailleurs, ne dit pas autre chose. Je regrette simplement qu'il se sente obligé de s'agenouiller devant la statue de commandeur de Freakonomics. Je ne saurais trop lui conseiller de lire cet excellent livre qu'est Outsiders d'Howard Becker : il se rendra alors compte combien l'approche sociologique a déjà dit tout cela et beaucoup plus - et beaucoup mieux. Le reste de son propos est par contre tout à fait exact, et je ne peux qu'y renvoyer mes lecteurs : Zemmour suggère simplement, dans la simplicité de sa formule, qu'il y a un lien direct entre le fait d'être Noir/Arabe et celui d'être délinquant ; or cela ne tient pas compte de toutes les autres variables qui interviennent dans la délinquance, a fortiori les caractéristiques socio-économiques des personnes. Pour valider le raisonnement zemmourien, il faudrait raisonner "toutes choses égales par ailleurs" : les Noirs/Arabes sont-ils plus délinquants que les Blancs/Autres à caractéristiques socio-économiques égales ?
C'est là qu'apparaît toute la mauvaise fois d'Eric Zemmour : il n'exprime pas le fond de sa pensée, mais joue sur le sous-entendu et présente comme un fait "brut" et incontestable ce qui est en fait déjà une interprétation de la réalité. La formulation a son importance, et faire croire que l'on peut laisser "parler les faits" pour eux-mêmes est toujours, comme le disait déjà Max Weber, absolument malhonnête : selon la façon dont on les organise, ils ne disent plus la même chose. Ce point rend l'hommage rendu par Philippe Bilger à "l'audace" de Zemmour totalement ridicule. Zemmour n'est pas audacieux : il est lâche et n'ose pas dire directement ce qu'il pense. L'usage de mauvais procédés rhétoriques n'a jamais été un signe de courage intellectuel.
Mais il y a plus grave : nos deux pourfendeurs de la "bien-pensance" ont simplement oublié la loi. Pour ce qui est du bouffon médiatique qu'est Eric Zemmour, tenu de raconter n'importe quoi de choquant pour que l'on parle de lui, ce n'est guère étonnant. C'est plus embêtant pour un avocat général. Reprenons, une fois de plus, la formulation de Zemmour en grassant un point trop facilement oublié, y compris par ses critiques :
Eric Zemmour justifie, en fait, les contrôles au faciès : ce qu'il nous dit, c'est qu'il est bien normal que la police contrôle plus les Noirs et les Arabes, puisque ceux-ci sont plus souvent délinquants. Passons sur le fait que ce raisonnement confine à la tautologie : les Noirs et les Arabes sont plus représentés dans l'activité de la police, il faut donc qu'il y soit encore plus représentés. Il y a quelques mois à peine, Fabien Jobard publiait une enquête révélant, sur la base d'une solide méthodologie, l'importance des contrôles au faciès, toutes choses égales par ailleurs, dans les transports en commun parisien - disponible sur le site de Laurent Mucchielli. Il rappelait alors dans les différents médias qui faisait appel à lui que l'on ne pouvait justifier ces pratiques par des questions d'efficacité : la loi interdit simplement les contrôles au faciès. Un contrôle doit s'effectuer parce que le comportement de la personne suggère qu'il peut avoir commis ou se prépare à commettre un acte délictueux. Etre Noir ou Arabe ne rentre pas - et c'est heureux - dans ce cas. Par conséquent, Eric Zemmour et ses défenseurs n'exercent pas un droit à dire des faits, mais encouragent un comportement contraire à la loi. Rien qu'une petite convocation dans un commissariat pour rappel à loi ne saurait arranger.
Reprenons la citation qui a valut à Zemmour une nouvelle volée de bois vert de la part de différentes organisations anti-racistes :
Les français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes. C'est un fait.
Pierre Bilger défend cette idée en écrivant sur son blog :
En effet, je propose à un citoyen de bonne foi de venir assister aux audiences correctionnelles et parfois criminelles à Paris et il ne pourra que constater la validité de ce "fait", la justesse de cette intuition qui, aujourd'hui, confirment un mouvement né il y a quelques années.
Je me permet donc d'inviter officiellement MM. Zemmour et Bilger à venir assister à un des cours en première Economique et Sociale. Je n'aurais même pas à prendre la parole : mes élèves se chargeront eux-mêmes de leur expliquer ce que je leur ai appris il y a quelques mois, lorsque nous avions ensemble abordé la sociologie de la déviance. A savoir que l'appareil judiciaire n'enregistre pas la délinquance telle qu'elle est, mais telle qu'elle est perçue par l'activité policière. S'il y a un biais dans l'activité de la police pour appréhender surtout des Noirs et des Arabes, alors les audiences correctionnelles et criminelles seront plus souvent peuplées de Noirs ou d'Arabes. En tirer des conclusions sur la délinquance en général, sans prendre aucune précaution méthodologique, est une faute grave qu'un élève de première attentif en cours sait éviter. Ce serait comme penser que le bâton est tordu puisque lorsque je le trempe dans l'eau il paraît l'être.
Maître Eolas, d'ailleurs, ne dit pas autre chose. Je regrette simplement qu'il se sente obligé de s'agenouiller devant la statue de commandeur de Freakonomics. Je ne saurais trop lui conseiller de lire cet excellent livre qu'est Outsiders d'Howard Becker : il se rendra alors compte combien l'approche sociologique a déjà dit tout cela et beaucoup plus - et beaucoup mieux. Le reste de son propos est par contre tout à fait exact, et je ne peux qu'y renvoyer mes lecteurs : Zemmour suggère simplement, dans la simplicité de sa formule, qu'il y a un lien direct entre le fait d'être Noir/Arabe et celui d'être délinquant ; or cela ne tient pas compte de toutes les autres variables qui interviennent dans la délinquance, a fortiori les caractéristiques socio-économiques des personnes. Pour valider le raisonnement zemmourien, il faudrait raisonner "toutes choses égales par ailleurs" : les Noirs/Arabes sont-ils plus délinquants que les Blancs/Autres à caractéristiques socio-économiques égales ?
C'est là qu'apparaît toute la mauvaise fois d'Eric Zemmour : il n'exprime pas le fond de sa pensée, mais joue sur le sous-entendu et présente comme un fait "brut" et incontestable ce qui est en fait déjà une interprétation de la réalité. La formulation a son importance, et faire croire que l'on peut laisser "parler les faits" pour eux-mêmes est toujours, comme le disait déjà Max Weber, absolument malhonnête : selon la façon dont on les organise, ils ne disent plus la même chose. Ce point rend l'hommage rendu par Philippe Bilger à "l'audace" de Zemmour totalement ridicule. Zemmour n'est pas audacieux : il est lâche et n'ose pas dire directement ce qu'il pense. L'usage de mauvais procédés rhétoriques n'a jamais été un signe de courage intellectuel.
Mais il y a plus grave : nos deux pourfendeurs de la "bien-pensance" ont simplement oublié la loi. Pour ce qui est du bouffon médiatique qu'est Eric Zemmour, tenu de raconter n'importe quoi de choquant pour que l'on parle de lui, ce n'est guère étonnant. C'est plus embêtant pour un avocat général. Reprenons, une fois de plus, la formulation de Zemmour en grassant un point trop facilement oublié, y compris par ses critiques :
Les français issus de l'immigration sont plus contrôlés que les autres parce que la plupart des trafiquants sont noirs et arabes. C'est un fait
Eric Zemmour justifie, en fait, les contrôles au faciès : ce qu'il nous dit, c'est qu'il est bien normal que la police contrôle plus les Noirs et les Arabes, puisque ceux-ci sont plus souvent délinquants. Passons sur le fait que ce raisonnement confine à la tautologie : les Noirs et les Arabes sont plus représentés dans l'activité de la police, il faut donc qu'il y soit encore plus représentés. Il y a quelques mois à peine, Fabien Jobard publiait une enquête révélant, sur la base d'une solide méthodologie, l'importance des contrôles au faciès, toutes choses égales par ailleurs, dans les transports en commun parisien - disponible sur le site de Laurent Mucchielli. Il rappelait alors dans les différents médias qui faisait appel à lui que l'on ne pouvait justifier ces pratiques par des questions d'efficacité : la loi interdit simplement les contrôles au faciès. Un contrôle doit s'effectuer parce que le comportement de la personne suggère qu'il peut avoir commis ou se prépare à commettre un acte délictueux. Etre Noir ou Arabe ne rentre pas - et c'est heureux - dans ce cas. Par conséquent, Eric Zemmour et ses défenseurs n'exercent pas un droit à dire des faits, mais encouragent un comportement contraire à la loi. Rien qu'une petite convocation dans un commissariat pour rappel à loi ne saurait arranger.
20 commentaires:
Monsieur le Professeur, je me pose à une question, à vous lire: est ce que la variable socio économique que vous évoquez pour "expliquer" la délinquance, ou du moins en souligner une des raisons possibles n'est pas aussi un peu "stigmatisante"? Certes il arrive qu'on vole "par absolue nécessité" (nourrir sa famille), mais en quoi le trafic de drogues se comprendrait il plus du fait des origines économiques des dealers? On sait d'ailleurs qu'on s'y enrichit très vite, et que "tous les pauvres" ne deviennent pas trafiquants... Il y a donc, me semble-t-il une variable "culturelle" (la morale individuelle, l'éducation, le respect du surmoi que représente la loi) qui indépendamment de toute dimension ethnique ou raciale, est au moins autant à pointer que la variable "socio économique" dont semblent se contenter les sociologues. J'aimerais avoir votre sentiment là dessus.
La variable "culturelle" que vous évoquez est un mauvais mélange de psychanalyse de comptoir et de moralisme à la petite semaine. Voilà pour la version courte et percutante.
D'abord, dans les éléments que vous évoquez, il n'y a rien de spécifiquement culturel, si ce n'est l'éducation. Mais l'éducation n'a de sens que dans un contexte social particulier : elle demande à reposer sur certains supports. Un exemple très simple : lorsque les logements sont manifestement trop petits par rapport à la taille de la famille, il est tout simplement difficile d'exercer la même autorité que lorsque l'on est dans un grand appartement dans un quartier protégé. Evoquer les caractéristiques socio-économiques, ce n'est pas seulement dire que la pauvreté rend le crime plus rentable, mais surtout montrer que les conditions de vie impliquent un ensemble de processus sociaux divers, à commencer par la stigmatisation, qui sont à l'origine d'une plus grande fréquence de la délinquance. La ségrégation urbaine est beaucoup plus explicative que la pauvreté strictement économique.
Ensuite, pour rentrer dans les trafics d'envergure, toutes les enquêtes l'attestent, il faut suivre une carrière délinquante - ce qui est le message essentiel de Becker. En gros, on commencer par des petits actes de délinquance, pour lesquels on est reconnus comme délinquants, et, par le passage par différents paliers, on en vient peut à se retrouver objectivement et subjectivement grand délinquant. Tout ceux qui commencent cette carrière ne vont pas jusqu'au bout, mais tout ceux qui sont au bout sont passés par ces différentes étapes. Or, à chacune de ces étapes, le fait d'être porteur de stigmates - pauvreté économique, faciès, etc. - augmentant les chances d'être reconnus comme délinquants et donc de poursuivre la carrière. Cette approche permet de comprendre que tous pauvres ne soient pas délinquants, mais que la pauvreté soit tout de même un facteur de délinquance.
Sur le fond du problème l'essentiel est dit.
Mais pour suivre Becker jusqu'au bout il faudrait sans doute abandonner le vocabulaire des 'variables', en tout cas tel qu'il résonne ici en France.
La question centrale est plutôt de montrer d'abord que parler de 'la délinquance telle qu'elle est' n'a pas grand sens. La délinquance est un produit (un accomplissement plutôt) de la loi et des arrestations quotidiennes. Je préfère me battre pour dire qu'il faut changer les conditions de cet accomplissement, c'est-à-dire d'en souligner le caractère toujours politique, plutôt que de laisser entendre qu'il y aurait un moyen apolitique, neutre, factuel, de définir la délinquance.
Du coup, c'est moins de variables qu'il faudrait parler que de critères : qu'est-ce qui compte ? Qu'est-ce qui doit compter ? Ou, autrement dit, qu'est-ce qui pose problème , et du coup, sur quoi peut on agir ? Dans ce débat : l'origine ethnique ou la pauvreté ?
Les deux critères sont politiques, ils sont des choix de définition et de production du monde dans lequel nous souhaitons vivre. S'il faut se battre pour en faire gagner un (je vote pour le second, je précise), ça n'est pas, je crois, en en faisant une variable parmi d'autres.
C'est aussi, comme il est très bien dit ici, en montrant que le premier critère n'est tout simplement pas celui que ce pays a souhaité historiquement : il n'est pas légal.
Je comprends votre point de vue, mais il prend le risque d'un constructivisme radical qui résumerait la délinquance à une simple manipulation discursive. Bien qu'étant un très admirateur de Becker, je pense qu'il ne faut pas abandonner le projet de saisir la délinquance comme comportement, en restituant sa logique et son fonctionnement. On passe alors d'une sociologie de la délinquance en tant que problème public à une sociologie des carrières délinquantes, une sociologie urbaine, etc. Tout cela se complète plus que ça ne s'oppose.
Je précise tout de suite que je pense comme vous que zemmour ne dit pas tout ce qu'il pense sur le sujet et que je ne partage pas ses choix politique et ses valeurs. Pour autant il me semble bien triste de sur-réagir de la sorte à cette phrase qui n'est qu'une réponse faite à d'autre interlocuteurs. En l'occurrence vous reprocher presque à zemmour de cautionner le contrôle au faciès parce-qu'il l'évoque, mais ce n'est pas lui qui l'évoque en premier ! il ne fait que répondre sur ce point et bien que je ne sois pas d'accord des conclusions à tirer de ce fait (les contrôles au faciès existent) il me semble étrange de mettre l'accent sur ce point.
Prenons cet occasion de débat pour aller à l'essentiel, à savoir discuter justement de l'efficacité de ces contrôles (oui la non efficacité) et des causes de cet état de fait, certainement sociologique et économique.
Toute autre approche visant à faire taire zemmour et ses adeptes me semble non seulement contre-productive mais révélatrice d'un bien faible confiance en notre capacité à gagner le combat sur le plan des idées face aux caricatures que propose zemmour.
Quel dommage.
Vous noterez que je n'ai pas demandé à ce que l'on empêche Zemmour de parler au nom de ce qu'il dit, mais parce qu'il est manifestement incompétent. Il y a, en France, beaucoup de gens qui ont des choses intelligentes à dire sur ce thème. Mais c'est à des Zemmour que l'on donne la parole. Cet état de fait me semble mériter d'être dénoncé.
Je ne suis pas non plus persuadé que l'efficacité des contrôles au faciès soit la bonne porte d'entrée.
Je ne suis pas certain qu'on donne plus la parole à Zemmour qu'à d'autres éditorialistes incompétents. D'autres auraient très bien pu s'exprimer par le passé sur le sujet en étant moins réactionnaires mais sans le sens de la petite phrase, personne ne les a remarqués.
Pour ce qui est du mauvais mélange de psychanalyse de comptoir et de moralisme à la petite semaine, la version est effectivement "courte', mais peu convaincante, il faudrait en parler avec des anthropologues pour qui la culture est le fondement du "vivre ensemble", l'ensemble des codes partagés par des individus vivant ensemble, et permettant de donner du sens et de l'ordre à leur communauté de vie. J'ai l'impression que votre attachement à la science humaine que vous enseignez vous fait perdre de vue la multiplicité des approches que permettent "les" sciences humaines en général, mais puisque vous préférez décider qu'il s'agit de "psychanalyse de comptoir"... à la vôtre!
@M.Resse : Les anthropologues ont laissé tomber le culturalisme simpliste depuis bien longtemps. Invoquer ainsi la culture comme un "deus ex machina", ce n'est pas se référer à la diversité des sciences humaines, c'est oublier que les sciences de la culture ont pour objectif d'expliquer cette culture.
@Gilles : Certes, le petit monde des éditorialistes est plein d'incompétent - pensons à Valérie Ségond. Je ne peux malheureusement répondre qu'à ce qui font le plus de bruit - ce qui est une faiblesse de ma part, je vous l'accorde.
Je suis déçu que, vous aussi, vous sombriez dans la caricature, à vouloir la dénoncer.
Vous voulez expliquer à un avocat général que les contrôles d'identité attestent de l'activité policière plus que de l'activité délinquante.
Oui. Mais non.
Les contrôles d'identité (pas les contrôles routiers) doivent motivés selon le code de procédure pénale dans son article 78-2. Et concrètement, les contrôles d'identité, sauf cas particuliers (cas particuliers comme ceux des gares et aéroports qui sont pris comme point de départ d'articles chocs censés avoir une portée général) reposent principalement sur un signalement donné. Lorsqu'il y a une infraction, un plaignant, ce dernier donne un signalement. Les contrôles qui s'ensuivent en découlent. Il est évident que les auteurs de délits d'initiés sont rarement contrôlés par la police en pleine rue sur la base d'un signalement donné au téléphone.
80 % des écroués sont de religion musulmane. Allez-vous en déduire que la police ferme les yeux lorsque l'auteur d'un vol avec violence n'est pas musulman ?
Quant à dire que Zemmour est un éditorialiste incompétent, vous citez dans votre article des personnes qui n'ont aucune compétence ajoutée.
Je comprends que vous vous identifiez à Zemmour - sur tous les plans, même celui de la compétence.
Vous voulez me dire que les contrôles d'identités ne reflètent pas l'activité policière... Et vous donnez un argument qui va précisément dans ce sens. Pour qu'il y ait délinquance, il faut qu'un acte soit déjà signalé à la police, ce qui n'est pas le cas, loin s'en faut, de tous les actes qui pourraient l'être. D'autre part, la police agit par la suite selon sa propre logique - sans compter qu'il peut y avoir des biais dans la description donné des suspects (pour une expérience américaine qu'il serait intéressant de refaire en France : http://abcnews.go.com/video/playerIndex?id=6953414).
De plus, vous êtes d'une naïveté confondante à croire que la police n'utilise les contrôles d'identités que dans le cadre d'une enquête. Toutes les enquêtes sur l'activité policière en banlieue montre que le contrôle d'identité est devenue le principal mode de contact entre les policiers et les jeunes.
Mais bon, je comprends bien votre logique : être un bouffon médiatique qui n'a d'autres fonctions que de raconter les choses les plus choquantes possibles pour que l'on parle de soi est une preuve de compétence beaucoup plus profonde que de mener des enquêtes et que d'aller sur le terrain. Et puis donner la source des chiffres que l'on avance, quel crime atroce.
Bonjour,
rien à dire (sinon clap clap) pour la démonstration.
J'ai juste un doute sur votre introduction, plus particulièrement la légitimité que vous mentionnez à propos des "chroniqueurs".
Que voulez-vous dire avec légitimité ?
En étant taquin, je dirais que Zemmour est légitime car c'est un type représentatif d'une partie de la population qui serait susceptible de penser comme lui dans le sens "aussi à côté de la plaque que lui" mais pas forcément de façon aussi stratégique/cynique que lui, ou pour le dire plus crûment, par ignorance (le système capitaliste bas du front adore ce type de "légitimité", zemmour le sait). En ce sens, il est absolument important qu'il déverse publiquement ses conneries pour qu'on les démonte publiquement jusqu'au dernier boulon, de façon implacable.
En étant a priori plus sérieux, je dirais simplement qu'il n'est pas compétent sur le sujet qui nous occupe. Comme Bilger, d'ailleurs, bien que plus légitimé par les institutions de la République. Mais finalement, ce n'est pas plus simple d'évaluer une compétence (Chomsky sort de ce corps).
Bref, en tant que citoyen, pas compétent sur le sujet, et par construction légitime sur le sujet (aussi légitime que Zemmour en tout cas), mais pas trop con ... je suis un peu perdu sur cette question de légitimité.
Merci pour les applaudissements. Pour ce qui est de la légitimité, je crois que tout est dans votre commentaire : pourquoi les médias donnent-ils la parole à Zemmour plutôt qu'à un autre ? C'est là le grand mystère (vous comprendrez qu'il ne s'agit pas vraiment d'un mystère je pense...).
J'ai l'impression (mais je peux me tromper) que l'emballement médiatico-bloguesco-commentatif (et les plaintes déposées) ont pour origine non pas l'affirmation que les contrôles aux faciès sont justifiés, mais la seule partie de la phrase "la plupart des trafiquants sont noirs ou arabes" - et c'est ça qui "est un fait", pour Zemmour.
Et c'est cette unique partie de la phrase qu'approuve Bilger, d'après ce que j'ai encore cru comprendre.
Il est fort possible (sinon probable) que cette affirmation soit vraie. Ca n'enlève rien à l'immense vacuité du "raisonnement" sous-jacent et à l'insupportable je-sais-tout-je-vais-vous-expliquer-isme de Zemmour, évidemment, mais le "fait" en lui-même n'est guère plus contestable (même si on ne dispose pas de stats ethniques officielles) que de dire que "la plupart des trafiquants sont des hommes".
Je trouve donc qu'il y a bien une certaine hypocrisie dans les cris d'orfraie (pas dans ton billet, hein, puisque justement tu t'attaques - à juste titre - à l'autre partie de la phrase) de ceux qui refusent qu'on dise que "la plupart des trafiquants sont noirs et arabes", même s'il est certain que, une fois qu'on a dit ça, on n'a rien résolu de plus qu'une fois qu'on a dit que la plupart était des hommes ou étaient bruns.
Zemmourely yours :)
Je peux comprendre ta position, mais je crois que la question de savoir si les trafiquants sont effectivement plus souvent Noirs ou Arabes que Blanc est plus difficile, et demande plus d'attention. Pas seulement pour exploser le sous-entendu raciste qu'il y a derrière. Mais aussi parce qu'il est tout à fait possible que les Blancs ne soient pas moins représentés parmi les trafiquants et soient simplement moins souvent arrêtés. Imaginons simplement que le trafic soit tenu par des Blancs et que les Noirs et les Arabes ne s'occupent que des basses besognes, la police arrêtant plus souvent les "petits" que les "gros", on aurait de toutes façons une vue extrêmement partielle du problème au plan strictement empirique. On ne peut pas laisser, sur cette question, parler des impressions ou des préjugés. L'attention aux données et à leur construction, voilà l'une des caractéristiques du sociologue :)
Les chroniqueurs et les avocats ne sont pas tenus d'avancer des propositions logiques. Celle d'Éric Zemmour n'est pas logique. Cela étant établi, je doute qu'il faille apporter la moindre science sociale pour lui porter la contradiction. Je pense même qu'il existe de bonnes raisons de ne pas le faire, et se contenter d'arguments de moindre portée (comme, par exemple, celui d'Éolas : corrélation n'est pas causalité, cela devrait suffire ici).
"Cherchez la majeure" : j'aurais dû y penser.
Salut Denis,
Sur la légitimité de Zemmour et d'autres (cf BHL encensé par les média et dont les bouquins font un flop retentissant), voici un article intéressant :
http://www.acrimed.org/article3340.html
Jipe
Un passage trés intérressant qui démontre ce qui se passe quand vous vous attaquez à certaines personnes et ne riez pas, ont est dans un Etat - parait-il - démocratique - Ce n'est que le début -
Vous rendez-vous compte que votre commentaire n'a aucun sens ?
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