Trois erreurs sur l'enseignement de l'économie

On aimerait dire que le débat sur les Sciences Economiques et Sociales rebondit. Malheureusement, c’est très loin d’être le cas. Dire qu’il s’enfonce serait plus juste. Yvon Gattaz signe dans les Echos un nouvel article de critique vis-à-vis de l’enseignement de l’économie au lycée. Comme à chaque nouvel épisode de cette triste série, on est effaré d’une telle méconnaissance de ce qui devrait faire le fond du débat. Ce texte est symptomatique de l’incompétence générale des critiques, que l’on retrouve aussi chez Positive Entreprise ou Michel Pebereau. On y retrouve toujours cette triple méconnaissance : méconnaissance des SES, méconnaissance de l’enseignement, méconnaissance de l’économie. Tant que ces trois erreurs n’auront pas été corrigées, il ne pourra pas y avoir de véritable débat. Aussi, voici quelques tentatives de correction, à partir du dernier article en date.



1. Une méconnaissance des Sciences Economiques et Sociales

Premier point, peut-être le plus grave. Que l’on souhaite critiquer un enseignement peut-être une très bonne chose. Mais il est alors souhaitable de prendre la peine de se renseigner un minimum. Le rapport produit par Positive Entreprise, qui a, finalement, déclenché toute cette affaire, était déjà truffé d’erreurs et d’approximations flagrantes, confinant parfois à la malhonnêteté. Ainsi, les durées indicatives attribuées aux parties consacrées à l’entreprise s’étaient-elles trouvées sérieusement réduite pour mieux cadrer avec le ton général du rapport.

Yvon Gattaz fait cependant assez fort en la matière. Il reproche aux SES de ne pas laisser assez de place à l’entreprise : son article ne s’intitule-t-il pas « réhabiliter l’entreprise au lycée » ? Il donne donc une liste des auteurs qu’il serait souhaitable d’enseigner dans ce sens :

« Adam Smith, Walras, Pareto, J.-B. Say, Keynes, Hayek, Schumpeter, Samuelson, Friedman ou Maurice Allais, notre seul prix Nobel d'économie français »


Adam Smith, Jean-Baptiste Say, Joseph Schumpeter et Milton Friedman sont soit présents dans les programmes, soit cités dans pratiquement tous les manuels. Samuelson est également régulièrement évoqué comme continuateur de Ricardo (dont l’absence dans cette liste est tout de même étonnante). Le plus étonnant est sans doute la présence de John Maynard Keynes : les économistes ont souvent tendance à reprocher aux enseignants de SES de mettre un peu trop en avant ce dernier ! Yvon Gattaz a-t-il seulement pris la peine de lire les programmes ? Smith, Schumpeter et Keynes sont au cœur de l’enseignement de spécialité de terminale…

Il y a un autre problème : il s’agit là d’une liste d’auteurs censé réhabiliter l’entreprise, comme en témoigne la phrase qui suit directement la liste :

« Si l'entreprise n'est pas toute l'économie, elle en est une composante essentielle, et même l'élément de base »

Pourtant, il n’y a parmi eux aucun économiste de l’entreprise. Si on faisait un cours à partir de Friedman, auteur qui semble trouver grâce aux yeux de M. Gattaz, sans doute à cause de la réputation de libéral, l’entreprise n’y serait présente qu’en tant que combinaison de capital et de travail, comme une boîte noire dont le fonctionnement interne ne présente pas le moindre intérêt. Pas de place pour l’innovation, le rôle de l’entrepreneur ou quoi que ce soit. Bien étrange choix, donc, que cette liste d’économiste. Des noms comme Coase, Williamson ou Simon auraient été plus logique1. M. Gattaz pense-t-il connaître suffisamment la science économique pour donner ce genre de leçon ? Au vu d’une erreur de ce type, on peut franchement en douter.

Voilà donc la première erreur récurrente chez les critiques des SES : ceux-ci ne connaissent ni la réalité de cet enseignement (erreurs sur les programmes ou les méthodes), ni les matières qui y sont enseignés (erreurs sur ce que disent les économistes, sur ce qu’apporte cette discipline, ou sur ce qu’est la sociologie). Que l’on comprenne donc que les enseignants de SES ont quelques difficultés à accepter ce genre de critiques manifestement incompétentes. Lorsque Yvon Gattaz parle d’un enseignant « compétent et consciencieux, mais très mal informé », on ne peut que souhaiter que lui-même prenne la peine de s’informer.

2. Une méconnaissance de l’enseignement

Deuxième erreur : penser que les représentations que les élèves, et plus généralement les français, ont de l’économie proviennent du seul enseignement. Yvon Gattaz tombe dans ce travers, tout comme Positive Entreprise et consorts avant lui. Si, pour corriger l’erreur précédente, quelques cours d’économie ne seraient pas inutiles, c’est ici des cours de sociologie dont on aurait bien besoin. Bref, si Yvon Gattaz a besoin de quelques cours de SES, je serais heureux de les lui donner.

L’argumentaire de M. Gattaz commence par une anecdote :

« Voici un dialogue express entre un adulte et un élève :

« Réponds-moi immédiatement : quel est le plus grand économiste mondial ?

- Karl Marx. »

La réponse est instantanée pour cet élève de première de la section économique et sociale d'un lycée privé. Réponse identique à celles que nous avions obtenues précédemment dans les mêmes sections. »


Evidemment la chose est difficile à vérifier : on ne sait pas de quels élèves il s’agit (bon élève ? mauvais élève ? etc.), quelles sont les conditions de l’entretien (peut-il y avoir du défi par rapport à un intervenant extérieur ?), etc. Toutes les qualités de l’argument fallacieux. Mais, quoiqu’il en soit, M. Gattaz prend cela comme preuve de « l’endoctrinement altermondialiste » que subiraient les élèves dans les cours de SES. Il y a là une énorme faute de logique : on ne peut pas, sur la simple base d’une telle réponse, quand bien même elle serait répété un grand nombre de fois, que c’est les cours de SES qui en sont la cause.

Un élève a toutes sortes de raison de répondre que Marx est le plus « grand économiste mondial » : il a en entendu parler dans plusieurs cours (en histoire dès le collège par exemple), son visage lui est plus familier (la photo de Marx est bien plus connue que celle des autres économistes), il en a entendu parler hors de l’école (à la télévision, dans la presse, dans sa famille, par des associations ou des syndicats, etc.), etc. En outre, répondre que Marx est le plus grand économiste mondial n’est pas, pour un élève, équivalent à penser que Marx est le plus grand économiste mondial : il est possible que l’élève donne le premier nom qui lui passe par la tête ou la réponse qu’il suppose que l’interrogateur attend, ou autre chose encore. Bref, faute de connaître un tant soit peu les élèves, on peut faire des conclusions bien trop rapides.

Mais le point important est le suivant : les représentations de l’économie d’un élève français ne dépendent pas simplement des cours de SES, bien au contraire. Il est même tout à fait possible que l’effet de ceux-ci sur la plupart des élèves soit loin d’être le plus important. Yvon Gattaz surévalue l’influence de l’enseignement, travers bien français s’il en est.

Personnellement, j’aurais demandé aux élèves « pensez-vous qu’un déficit commercial soit le signe d’une crise économique dans un pays ? ». Je ne doute pas que la majorité des réponses auraient été « oui, bien sûr, quelle question ! ». Les SES auraient-elles été en cause ? Il faut bien croire que non. Les médias et les discours politiques ne cessent de se tromper en la matière. Un élève puise à ces deux sources – surtout la première – beaucoup de ses représentations de l’économie. De même que dans sa famille : les représentations de ses parents, les expériences de ses proches, sont aussi à prendre en compte. Si un adolescent voit une partie de sa famille ou de ses connaissances basculer dans le chômage suite à une délocalisation, il en développera très aisément une critique de la « mondialisation libérale » quelque puisse être le discours de son professeur de SES.

En la matière, il y a des socialisations multiples : la place de l’enseignement ne doit pas être surévalué, surtout lorsqu’on rentre dans des domaines tels que les sciences sociales. Sur l’économie, tout le monde a un avis, avant même de commencer les cours de sciences économiques et sociales. L’école doit certes chercher à les faire évoluer, mais elle ne peut être tenue en la matière qu’à une obligation de moyen (mettre en œuvre tout ce qui est possible dans ce sens), pas de résultat.

Ainsi, lorsque Yvon Gattaz écrit :

« Ne nous étonnons pas que, en sortant du lycée, les 43 % des élèves qui ont choisi en seconde l'option sciences économiques et sociales aient surtout entendu parler de social et de son complément obligé, le syndical, et que leurs connaissances réelles en économie soient si médiocres. »

Il ne comprend pas que les connaissances réelles en économie des élèves en question (connaissances qui sont possiblement supérieures aux siennes soit dit en passant) ne dépendent pas que d’un « enseignement de détermination » – autrement dit une option – de deux heures et demi par semaines pendant un an (ou trente semaines…). D’ailleurs, on se demande, s’il y a un tel « endoctrinement altermondialiste » de la moitié des élèves, comment il est possible que le taux de syndicalisation des salariés français soit aussi faible (8% de la population active occupée)…

(En outre, on voudrait bien savoir sur quoi se base cette affirmations de « connaissances réelles en économie médiocres » : il est facile d’affirmer tout et n’importe quoi sans y apporter de preuves un tant soit peu solides)

3. Une méconnaissance de l’économie

Dernière erreur d’Yvon Gattaz et des autres critiques : l’erreur sur ce qu’est l’économie enseignée par les professeurs de sciences économiques et sociales. Erreur à la fois la plus grave et la plus pardonnable. La plus grave parce qu’elle interdit d’emblé tout dialogue en la matière, tout débat un tant soit peu constructif. La plus pardonnable parce qu’elle est tellement symptomatique de l’attitude française en la matière qu’on peut difficilement leur en tenir rigueur de la répéter.

Tout réside dans la polysémie du terme « économie ». Celui-ci désigne à la fois un type d’activité humaine – ayant trait à la production, à l’échange et à la consommation de biens utiles – et une science qui se donne pour objet cette activité – la science économique. Les critiques des SES pensent qu’il devrait y avoir des cours d’économie, alors que les enseignants tiennent à défendre la science. L’un et l’autre ne sont pas substituables.

Les entrepreneurs critiques des SES comprennent dans le terme « économie » leur activité propre. Ils ne comprennent donc pas qu’un enseignement qui porte ce nom soit autre chose qu’une initiation au monde de l’entreprise, au travail et à la gestion. Or la science économique est une façon d’étudier cette activité, et d’autres activités. Il s’agit d’une analyse du comportement humain, qu’il s’agit d’éclairer et de comprendre par l’application d’une méthode et d’une rigueur de la pensée. C’est cela qui est le plus fondamental. Les économistes ont l’habitude de dire que leur discipline ne dit pas ce qu’il faut penser mais comment il faut penser : de façon scientifique et raisonnable.

Par exemple, si l’on souhaitait faire un cours d’économie, c’est-à-dire une initiation à l’activité économique, il serait sans doute nécessaire d’expliquer aux élèves comment on tient un bilan comptable. Si on souhaite faire de la science économique, il s’agira plutôt d’expliquer pourquoi l’entrepreneur fait tel choix d’utilisation de ses bénéfices.

C’est cette confusion qui est la plus problématique, et qui se retrouve en bien d’autres endroits du débat public français. Il y a, dans notre pays, une méfiance ancienne pour les sciences sociales appuyée sur un discours populistes anti-intellectuels. Ce sera le cas lorsqu’un économiste tente d’expliquer que l’intérêt du commerce international est l’import et non l’export, ou que le terme de compétitivité n’a pas de sens appliqué à un pays : il prendra alors le risque de se voir reprocher un éloignement de la réalité, une trop grande théorisation ou d’autres choses du même ordre. Le débat sur les SES ne fait que révéler, une fois de plus, les difficultés de notre pays à accepter le discours scientifique et à vouloir lui en substituer d’autres, nécessairement plus idéologiques.

Car ce que veulent les actuels critiques des SES n’est même pas une simple initiation au monde de l’entreprise, qui passerait par l’apprentissage de quelques techniques de gestion (comptabilité ou autres) – même si Michel Pébereau semble un peu plus dans cette veine. Non, il s’agit de toute autre chose, que révèle très bien ce passage de l’article d’Yvon Gattaz :

« Le plus grave dans l'enseignement actuel de l'économie, ce n'est même pas cette idéologie marxisante sous-jacente, mais le climat de démoralisation permanent insufflé à nos jeunes en mal d'avenir, alors que nous sommes nombreux à semer l'espoir et même, si possible, l'enthousiasme chez nos lycéens »

Qu’on se rende bien compte qu’il s’agit du « plus grave » : l’idéologie marxisante ne serait pas si grave si elle n’était pas déprimante. Ce n’est même pas sur la justesse scientifique d’un propos qu’Yvon Gattaz mène sa critique, mais sur ses effets supposés sur le moral des jeunes ! Qu’importe la vérité du moment que l’on ne les déprime pas.

Cette attitude, je la désigne sous le terme d’« économie bisounours » : elle consiste à juger un savoir non sur sa scientificité, mais sur sa « positivité » ou sur sa « négativité ». Le but de l’économie « bisounours » n’est pas d’améliorer les connaissances des élèves, de leur apprendre des choses utiles ou de leur permettre de raisonner avec rigueur. Non, il s’agit de leur donner espoir, de leur dire que tout va bien dans le meilleur des mondes. A la rigueur, on pourrait envisager de remplacer des enseignants longuement formés aux sciences sociales par des psychologues ou des animateurs mieux à même de comprendre les besoins des jeunes en terme de moral…

Yvon Gattaz sait-il seulement que la science économique est surnommée la « science lugubre » ? Une science, qu’il s’agisse de l’économie, de la sociologie, de la biologie ou autres, n’est pas là pour donner de l’espoir ou être positive. Elle poursuit simplement un objectif de connaissance. En enseignant que l’homme au lieu d’être fait à l’image de Dieu descend du singe, la théorie de l’évolution pourrait être perçu par certains comme déprimante. Faut-il alors cesser de l’enseigner ? Certainement pas. Lorsqu’on s’intéresse à l’économie contemporaine, on tombe effectivement sur des choses déprimantes pour les jeunes : chômage important, précarisation de l’emploi, difficulté d’insertion sur le marché du travail… Mais ce n’est pas la science économique qui est à blâmer pour tout cela. Ce n’est pas non plus les employeurs. Il n’est même pas sûr qu’il y ait effectivement quelqu’un à blâmer – et la science économique, en restituant la rationalité de chacun, pourrait même aller plutôt dans ce sens. Nous ne pouvons pas cesser de parler de la réalité et des faits sous prétexte que ceux-ci sont « déprimants » ou « négatifs ».

D’ailleurs, si on reprend le propos de M. Gattaz, le problème ne devrait pas être celui d’un « climat de démoralisation », mais celui des jeunes « en mal d’avenir » : les perspectives sombres qui les attendent à leur entrée sur le marché du travail ne disparaîtront pas parce que l’on cesse d’en parler. Il vaudrait mieux se poser sérieusement la question de l’insertion des jeunes sur le marché du travail, de leur place dans l’entreprise, du sort des non-qualifiés, etc. L’image que les jeunes se font de l’entreprise est sans doute plus fortement influencée par la récurrence des stages ou l’exercice contraints de « bad jobs » et d’emplois précaires que par tout ce que pourra leur raconter un enseignant, quelqu’il soit.

Dans cette perspective, le débat stérile sur les SES pourrait bien n’être rien d’autre qu’un voile qui, consciemment ou inconsciemment, masquerait les difficultés économiques des jeunes, leurs problèmes d’insertion, et un débat nécessaire sur l’entreprise. Une fois de plus, on demande à l’éducation nationale et à l’école de régler des problèmes qui ne sont pas les siens et qui devraient être traités ailleurs. Un travers bien trop habituel du débat français.

Conclusion : quelle économie voulons-nous ?

Voilà la première question qu’il faudrait se poser dans ce débat : quelle économie voulons-nous enseigner ? Les sciences économiques et sociales enseignent la science économique. Les professeurs de cette discipline sont ouverts au débat sur leur discipline, ses programmes et ses méthodes, pour peu que l’on accepte de se renseigner dessus et que l’on se situe dans ce même registre de la science. Ce qui les irrite, c’est la critique incompétente et les demandes qui sortent du champ scientifique.

Ce que nous ne voulons pas, c’est de cette économie « bisounours », de cette économie qui abandonne l’analyse et l’esprit scientifique, pour se soumettre à d’autres intérêts et d’autres exigences. A une certaine époque, les enseignants de SES disaient qu’ils se battaient pour la conjonction « et » : pour que les sciences économiques et sociales ne se résument pas à la science économique. Aujourd’hui, le débat est sans doute plus large. Il me semble qu’aujourd’hui, ils nous faillent nous battre pour un mot : le mot « science ».

1 Précisons d’ailleurs que l’économie de l’entreprise est l’un des thèmes actuels de l’agrégation de sciences sociales.

A lire aussi sur ce thème :

Sur ce blog :

Ma défense, en deux parties, des SES : Eloge (funèbre ?) des SES I et II

Faut-il enseigner l’économie bisounours ?

Ailleurs :

Enseignement de l’économie : encore un qui a tout compris

Les professeurs de SES pervertissent nos enfants : le retour de la vengeance

Qui sont les idéologues ?

Des T-shirts pour les SES

De la pertinence de l’enseignement de l’économie


15 commentaires:

Anne Lavigne a dit…

Je persiste à penser qu'il faut publier ceci dans Les Echos, en réponse à l'article de Gattaz.

Denis Colombi a dit…

Merci de votre confiance :)

Je vais le raccoucir et leur envoyer. On verra bien ce qu'ils en font.

Anonyme a dit…

Une démonstration bien "charpentée" !
C'est du solide, comme on dit.

La seule nuance (infime) que j'apporterais: je ne pense pas qu'il faille en faire une affaire liée à telle ou telle personne (en l'occurence ici Yvon Gattaz).

J'aime bien le concept "d'économie bisounours" (il est pas au programme ? ^^).

Je suis d'accord avec Gizmo, cela mérite d'être publié.

Watrelot a dit…

Très bon billet !
Au delà de la bagarre sur le mot science et de la nécessaire neutralité axiologique je ne peux m'empêcher de penser qu'on peut présenter cette polémique en lien avec la laïcité face à la volonté d'imposer une "religion" de l'entreprise.
salutations économiques... et sociales !

Denis Colombi a dit…

Merci à tous. Une version raccourcie de ce billet a été envoyé aux Echos. J'espère avoir une réponse. Sinon, j'essaierai toujours de l'envoyer ailleurs. Des suggestions ?

Anonyme a dit…

J'aurais adoré trouver cet argument sur la science lugubre ! ce qui est d'ailleurs paradoxal quand on met l'utilité au centre du raisonnement...

Chapeau pour l'article. A défaut des Echos (même si j'aime à croire qu'ils ne refuseront pas ce texte), vous pourrez éventuellement tenter la revue de blogs de Versac/Debat&Co, généralement très mesurée et fort intelligente. Sinon, je ne vois pas trop...

Unknown a dit…

Excellent, excellent !
Y en a marre de s'en prendre plein la tronche par des incompétents toutes les deux semaines. Ca fait du bien de lire ce genre de billet.

Watrelot a dit…

Il peut être proposé aussi à notre modeste site (4000 visites/jour) : les cahiers pédagogiques (http://www.cahiers-pedagogiques.com) ou au site du Café pédagogique.
salutations économiques et sociales

Anonyme a dit…

Je pense qu'il y a pas mal de personnes qui estiment que l'école doit avant tout préparer à s'insérer dans l'entreprise. "L'entreprise" étant perçu par eux comme le modèle sociétal par excellence. Il me semble que c'est le message que cherche à faire passer M. Gattaz. L'enseignement de l'économie est logiquement la première porte d'entrée pour insuffler cette vision dans l'école. Donc au delà du débat sur l'enseignement de l'économie, la question est "Quelle école voulons nous? "Mais comme ce n'est pas encore politiquement correct de revendiquer une école au service de l'entreprise (et du libéralisme), il est pour l'instant plus simple d'attaquer de biais, en remettant en cause soit-disant le contenu de l'enseignement des SES... En tous cas, bravo pour l'analyse, qui a le mérite d'être purement argumentative et pas agressive comme on voit trop souvent. Pour la publication, il aurait tout à fait sa place (sans remaniement) dans le Monde Diplomatique. Espérant vous y lire. A bientôt.

Denis Colombi a dit…

@ David Mourey : le colloque que tu organises va dans le bon sens. Et ma volonté de faire publier ce post ailleurs va dans le même sens : il peut y avoir un débat, mais celui-ci ne peut pas se faire n'importe comment. C'est pour cela que j'ai pris la peine de répondre à Yvon Gattaz : j'aurais pu me contenter de mépriser son propos, j'ai préféré y opposer des arguments qui sont, j'ai la faiblesse de le croire, plutôt solides.

Je n'estime pas certaines personnes incompétentes à mener une critique des SES. Je ne juge que des propos. Un chef d'entreprise peut avoir un avis intéressant sur les SES. Mais les avis exprimés actuellement par certains chefs d'entreprises sont simplement incompétent.

En ce qui concerne Michel Pebereau, peu m'importe qu'il ait écrit des manuels ou été enseignants à sciences-po ou ailleurs. Je ne vois pas en quoi l'apprentissage des méthodes élémentaires de gestion va améliorer la compréhension scientifique du monde. Bref, c'est un projet qui renvoie plus à "l'économie" qu'à la "science économique", qu'importe la personne qui professe ce point de vue. Or, je pense qu'il ne faut pas confondre les deux et accuser les SES de ne pas faire ce qu'elles n'ont pas à faire.

Enfin, si, les SES enseignent la science économique. Effectivement, quelques fondateurs ont eu le projet d'une unité des sciences sociales miraculeusement réalisées dans les SES. Tant mieux pour eux. Nombreux sont aujourd'hui les enseignants qui ne partagent pas ce point - dès qu'on pense en termes de transposition didactique, on est plus tout à fait dans cette perspective. Les programmes autorisent à croiser les regards sans les confondre, ce que je m'efforce de faire (et c'est ma liberté pédagogique). Il n'y a pas de conception unique de cet enseignement, qui est somme toute plus plastique qu'on veut bien le croire.

Bref, mes billets sur ce thème doivent se lire non seulement comme une prise de position contre certaines critiques imméritées faites aux SES, mais aussi comme des prises de positions par rapport à ce que sont les SES (mes deux "éloges (funèbres ?) des SES" sont, il me semble, assez explicites de ce point de vue).

Quant au colloque que tu organises, je me suis demandé si je pourrais y venir. Pour l'instant, certaines de mes obligations m'en empêchent. Mais qui sait ?

Anonyme a dit…

Merci Denis. Tes réflexions alimentent constructivement les miennes. J’ai toujours quelque désaccord et je vais don continuer à réfléchir... J'ai lu tes différents billets comme je lis ceux des autres défenseurs du projet SES, ceux d'Alain Beitone, Christine Dollo... En tout cas, malgré tes convictions clairement affichées, je ne ressens pas dans tes propos un refus total de dialogue ouvert. Puisses-tu faire des émules chez ceux – Apses- qui défendent envers et contre tout ce « fameux » Projet originel, ou péché originel comme je l'ai écrit sur le blog ( http://enseignementeconomie.blog.lemonde.fr/ ) et qui refusent explicitement ou implicitement la discussion. Je crois que là est le pire des dangers pour les « SES ».
Sans discussion intellectuellement ouverte et honnête, impossible de progresser. Or le statu quo, c’est le recul !

Anonyme a dit…

excellent article
envoyez le au moins a alternatives économiques dans la rubrique courrier

Samy a dit…

Bonsoir, je suis élève en terminale ES, je suis complètement en désaccord avec ce que vous venez de développer. Vous remettez en cause la neutralité qu'est sensé avoir un enseignant et sa capacité à enseigné. Vous faites passez les élevés pour des ignorants qui ne font que ressortir des idées pour faire "in". Vous proposez une étude plus tournée vers le monde des entreprises, on peut retourner vos arguments et vous dire qu'on emprisonne les élèves dans des doctrines libérales. Je voudrais bien qu'au lieu d'écrire des billets sur une section qui se porte très bien, vous vous intéressiez un peu à l'embrigadement qu'exerce TF1 sur les pauvres individus que nous sommes. L'objectivité que vous demandez à nos profs je voudrais bien la voir dans les médias et dans ce que vous écrivez. Enfin, qu'y a t-il de mal à dire que Marx est un génie ? Ou que Smith a été un visionnaire puissant ? Donc gardez le monde de l'entreprise pour les post-bac, les bilans comptables aux placards et svp mr évitez à vos lecteurs votre "endoctrinement pro libérale".

Samy a dit…

Double post sorry, mon commentaire se dirige bien sur à l'auteur des critiques de la SES.

Bogoris a dit…

Il y a un problème avec le lien vers l'article économie de Wikipédia ;) Correction :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Économie_(homonymie)

Amicalement,

Bogoris

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