Illustration étonnamment bien tombée de ce que je racontais il y a quelques jours que cette "affaire Douillet" - qui ne peut que nous faire regretter que l'on ne lise pas ce que disent les hommes politiques avant qu'ils ne soient aux affaires... La juxtaposition de deux citations est à ce titre assez parlante.
La première est évidemment celle, reprise d'abord par le Canard Enchaîné, puis par Le Monde, puis par un peu tout le monde, de notre judoka devenu homme politique mais pas "tapette" :
La seconde nous vient du communiqué du sémillant Eric Besson appelant à lancer ce grand débat sur l'identité nationale (souligné par moi) :
L'égalité homme-femme est régulièrement rappelée comme étant l'une des valeurs constitutives de la République Française - n'est-ce pas l'un des principaux points d'achoppement quant au port du voile intégral ? -, ce qui ne peut qu'être une bonne chose, et comme un élément central de cette fameuse identité nationale étatiquement définie. Mais va-t-on remettre en cause la nationalité française de David Douillet ? Va-t-on le menacer d'expulsion pour une entorse aussi évidente à ce principe fondamental ? Non, bien sûr. Et c'est normal, puisque la liberté d'expression n'en est pas moins importante en France, y compris quand il s'agit de dire des conn... des bêtises.
Mais les choses seraient bien différentes si ce cher David n'était pas un insider, mais un outsider, s'il était immigré, même avec la nationalité française... ou s'il portait un nom de la mauvaise consonance. Alors, son désir de voir les femmes se cantonner à l'éducation des enfants et au foyer ne serait pas interprété comme une simple position rétrograde, mais comme totalement incompatible avec son intégration dans notre société, comme le signe d'un refus de la République, de ses valeurs et plus généralement de la communauté nationale. Une fois de plus, c'est Howard Becker qui a raison : la déviance n'est pas une qualité d'un acte, mais la conséquence de la réaction des autres, réaction qui dépend des caractéristiques et notamment des "stigmates" des individus dénoncés comme déviants.
Voilà donc l'illustration parfaite du fait que l'identité nationale que l'Etat souhaite définir n'est qu'à vocation externe, ne sera là que pour être opposé aux "menaces" perçues comme telles de l'extérieur. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'identité nationale, simplement que celle-ci n'a pas à être défini une bonne fois pour toute, même par un pseudo "grand débat"...
La première est évidemment celle, reprise d'abord par le Canard Enchaîné, puis par Le Monde, puis par un peu tout le monde, de notre judoka devenu homme politique mais pas "tapette" :
Pour moi, une femme qui se bat au judo ou dans une autre discipline, ce n'est pas quelque chose de naturel, de valorisant. Pour l'équilibre des enfants, je pense que la femme est mieux au foyer.
C'est la mère qui a dans ses gènes, dans son instinct, cette faculté originelle d'élever des enfants. Si Dieu a donné le don de procréation aux femmes, ce n'est pas par hasard.
De fait, cette femme-là, quand elle a une activité professionnelle externe, pour des raisons de choix ou de nécessité, elle ne peut plus jouer ce rôle d'accompagnement essentiel. (...) Je considère que ce noyau est déstructuré. Les fondements sur lesquels étaient bâtie l'humanité, l'éducation en particulier, sont en partie ébranlés.
On dit que je suis misogyne. Mais tous les hommes le sont. Sauf les tapettes !
La seconde nous vient du communiqué du sémillant Eric Besson appelant à lancer ce grand débat sur l'identité nationale (souligné par moi) :
La question « Pour vous, qu’est ce qu’être Français aujourd’hui ? » devra être posée à chacun. Le débat portera sur la définition de notre Nation, par son histoire, sa culture, sa langue, son patrimoine, son territoire, mais aussi par notre volonté de vivre ensemble, sur la base des principes républicains de liberté, d’égalité, de fraternité, et sur l’opportunité de les compléter par ceux de laïcité, d’égalité homme-femme, ou encore de solidarité nationale.
L'égalité homme-femme est régulièrement rappelée comme étant l'une des valeurs constitutives de la République Française - n'est-ce pas l'un des principaux points d'achoppement quant au port du voile intégral ? -, ce qui ne peut qu'être une bonne chose, et comme un élément central de cette fameuse identité nationale étatiquement définie. Mais va-t-on remettre en cause la nationalité française de David Douillet ? Va-t-on le menacer d'expulsion pour une entorse aussi évidente à ce principe fondamental ? Non, bien sûr. Et c'est normal, puisque la liberté d'expression n'en est pas moins importante en France, y compris quand il s'agit de dire des conn... des bêtises.
Mais les choses seraient bien différentes si ce cher David n'était pas un insider, mais un outsider, s'il était immigré, même avec la nationalité française... ou s'il portait un nom de la mauvaise consonance. Alors, son désir de voir les femmes se cantonner à l'éducation des enfants et au foyer ne serait pas interprété comme une simple position rétrograde, mais comme totalement incompatible avec son intégration dans notre société, comme le signe d'un refus de la République, de ses valeurs et plus généralement de la communauté nationale. Une fois de plus, c'est Howard Becker qui a raison : la déviance n'est pas une qualité d'un acte, mais la conséquence de la réaction des autres, réaction qui dépend des caractéristiques et notamment des "stigmates" des individus dénoncés comme déviants.
Voilà donc l'illustration parfaite du fait que l'identité nationale que l'Etat souhaite définir n'est qu'à vocation externe, ne sera là que pour être opposé aux "menaces" perçues comme telles de l'extérieur. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'identité nationale, simplement que celle-ci n'a pas à être défini une bonne fois pour toute, même par un pseudo "grand débat"...
5 commentaires:
Bien joué Denis !
Olympe de Gouges doit trouver David Douillet typiquement français
100% d'accord avec toi denis!
renaud
Merci de cette belle concordance des textes ..Besson aussi est sans doute aussi très expert dans cette manipulation des images sans le son (çon) ...
http://dominiquehasselmann.blog.lemonde.fr/2009/11/06/eric-besson-v2/
On retrouve ça à chaque fois qu'il y a la "normalité" en jeu. La normalité dans la société, ou physiologique.
Prenez par exemple l'enfantement : ceux qui peuvent faire des enfants eux-mêmes n'ont rien à prouver (et c'est très bien) : les débiles, les malfaiteurs, les pervers, nul n'est interdit de procréation, tant qu'il trouve à se reproduire lui-même. Mais lorsqu'on en vient à l'adoption, alors là il faut montrer patte blanche, moralité, revenus, hétérosexualité, etc. etc. Il est plus simple pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un couple d'adopter.
"z'avaient qu'à être capables de le faire eux-mêmes" rétorquerait mon beauf.
très pertinent!
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