Aujourd'hui, comme mes collègues, je suis allé manifester dans les rues de la ville lumière pour défendre le droit de tout élève à avoir un enseignement de sciences économiques et sociales en seconde. Pierre Maura rappelle les dix bonnes raisons qui nous font descendre aujourd'hui dans la rue. Le ministère semble nous avoir fait une concession : il « réfléchit » (j'aime beaucoup l'expression) à l'intégration d'un enseignement obligatoire d'économie en seconde, enseignement détaché des autres sciences sociales. Ce n'est pas une concession, mais une nouvelle provocation, voire même un « casus belli ». Quelques explications.
Depuis leur création, les sciences économiques et sociales se basent sur un appariement entre les différentes sciences sociales. Après un temps où toutes étaient convoquées sans exception, les choix se sont depuis concentrés essentiellement sur la sociologie et l'économie. Ce fait énerve certains, soit des entrepreneurs qui « pensent » que les sociologues sont de dangereux révolutionnaires et les économistes de gentils libéraux – ce qui montre simplement leur incompétence totale à parler de l'un comme de l'autre -, soit des économistes qui estiment que leur discipline devrait être enseigné pour elle-même – c'est le cas, d'ailleurs, du rapport de l'Académie des Sciences Morales et Politiques. C'est ce dernier cas auquel il est le plus intéressant de répondre, puisqu'il est motivé par des considérations un minimum scientifique et non purement idéologiques comme le premier.
En effet, séparer l'économie de la sociologie dans le cadre du lycée général serait une erreur grave, car on y perdrait toutes les qualités pédagogiques de cet appariement, tant pour la formation aux deux disciplines que pour la formation générale des élèves – la formation d'un esprit critique nécessaire au rôle de citoyen. Et, disons-le toute de suite, ce serait également une erreur de séparer l'économie de la gestion ou du droit dans les filières technologiques pour des raisons symétriques, même si cette question est trop rarement abordée. Même si je vais plus m'attacher à défendre ici le premier appariement, je précise immédiatement que le second mérite tout autant d'être conserver et je donnerais quelques explications de cette position par la suite.
Pourquoi enseigner l'économie et la sociologie ensemble ? On a parfois répondu à cette question en se référant au projet de l'école des Annales de concevoir une science sociale totale intégrant les apports des différents sciences spécialisés. Celle-ci n'existe pas encore, et personne ne sait si elle existera un jour. Cette réponse ne peut donc être satisfaisante, une discipline scolaire comme les SES n'ayant pas vocation à être « en avance » sur l'activité des chercheurs. Mais l'appariement sociologie/économie a des justifications épistémologiques et pédagogiques qu'il ne faut pas négliger. En voici quelques un que je ne développe pas plus que nécessaire.
1. Un même mode d'appréhension du monde social
Sociologie et économie sont toutes deux des sciences sociales. Un tel rappel peut sembler oiseux, mais il est nécessaire quand on voit l'instrumentalisation du terme « économie » par certains acteurs – voir par exemple la sur-représentation des entrepreneurs dans le Conseil pour la diffusion de la culture économique.
Aborder scientifiquement la vie sociale, c'est-à-dire l'activité des hommes en société, demande un effort particulier que l'on appelle objectivation. Il s'agit de prendre cette société, dans laquelle on étudie, est de le mettre à distance pour le considérer comme un objet d'étude. Toute science empirique commence par cet effort cognitif. Il est devenu relativement aisé en ce qui concerne les sciences de la nature – même si certaines contestations religieuses attendent toujours la théorie de l'évolution. Il est encore loin d'être évident pour les sciences sociales, et demande un apprentissage particulier.
Dans cette perspective, sociologie et économie se complètent doublement : premièrement parce qu'elles réclament toutes les deux cette objectivation, deuxièmement parce que leur appariement permet de montrer que chaque discipline objective les faits d'une façon qui lui est propre. Montrer que les faits scientifiques sont construits, qu'il n'y a pas de domaine propre à l'économie ou à la sociologie – il existe une économie de la déviance et une sociologie du marché – est beaucoup plus aisé si on étudie les deux disciplines ensembles.
En outre, le fait d'objectiver la vie des hommes en société a un intérêt évident : l'économie comme la sociologie réclament que l'on mette à distance ses représentations, idéologies et autres prénotions. Il est nécessaire d'apprendre à regarder les faits humains « comme des choses » pour reprendre une formule célèbre, c'est-à-dire de façon dépassionnée et objective. Il est alors possible de rendre moins « idéologiques » certains débats. Là encore, l'appariement sociologie-économie est utile : il permet de montrer la complexité des objets des sciences sociales qui, même objectivés, ne se laissent pas épuisés par une seule discipline.
2. Sociologie et économie partagent une longue histoire
J'entends déjà la remarque de mes lecteurs les plus vigilants : il y a d'autres sciences sociales, au premier rang desquels la plus ancienne de toutes, l'histoire, pourquoi ne pas appareiller l'économie avec une autre discipline ? On pourrait imaginer compléter l'économie par d'autres disciplines : pourquoi pas la psychologie dont les économistes aiment à s'inspirer, au point que l'économie expérimentale se développe de façon importante depuis quelques années ? Il faut justifier le choix de la sociologie.
Ce matin, sur France Culture, Daniel Cohen, s'exprimant à titre personnel, donnait sa préférence à un rapprochement entre l'économie et l'histoire au lycée. J'ai le plus grand respect pour Daniel Cohen, que je suis toujours heureux d'entendre et de lire. Mais, sur ce problème, je pense qu'il se trompe. La science économique est beaucoup plus proche de la sociologie que de l'économie. Pour deux raisons, dont la première est historique.
L'économie telle que nous la connaissons naît au XVIIIe avec les écrits d'Adam Smith. La sociologie au XIXe siècle, avec des fondateurs comme Emile Durkheim, Max Weber, Georg Simmel, Vilfredo Pareto ou Karl Marx. Il est notablement que ces quatre fondateurs se caractérisent tous par leur rapport à la science économique : Durkheim, en s'intéressant à la division du travail, comme Adam Smith avant lui, cherche à développe une lecture différente de ce phénomène économique, Weber est autant économiste – de l'école autrichienne – que sociologue et consacre une partie de son oeuvre à l'explication sociologique des comportements économiques, Simmel s'attaque à un objet que l'on pourrait croire réserver aux économistes, l'argent... quant à Marx, est-il utile de préciser qu'en se lançant dans une « critique de l'économie politique », il cherche à la fois à y apporter une contribution et à la dépasser (même si son oeuvre historique et sociologique est aujourd'hui plus intéressante que ses travaux spécifiquement économique) ?
On peut soutenir que la sociologie naît largement en réaction à la science économique, qui se trouve en difficulté à la fin du XIXe siècle – les marginalistes, qui ont profondément renouveler l'approche économique en fondant la théorie néo-classique, ne sont alors que l'un des groupes en lutte pour l'établissement d'un nouveau paradigme. Qu'elle cherche à la dépasser, à la compléter ou à l'englober, la sociologie se situe d'emblée par rapport à l'économie.
Depuis, les deux sciences n'ont cessé d'être en relation – relations pas toujours très cordiales, parfois franchement conflictuelles, quand l'une ou l'autre se laisse tenter par l'idée d'établir un nouvel impérialisme, mais relations quand même. Les économistes ne sont pas insensibles à ce que font les sociologues : parfois, ils tentent de les affronter sur leurs « chasses gardées » - c'est ce que fit Gary Becker en s'attaquant à la famille ou à la déviance – parfois ils les convoquent pour intégrer des normes sociales, du capital social ou encore des conventions dans leurs modèles. De même, les sociologues ne peuvent ignorer les apports des économistes, qu'il s'agisse de la théorie des choix rationnels, importée par James S. Coleman, discutée par Jon Elster, des approches de l'action collective (voir plus loin) ou de la vaste question des échanges et du marché, où les sociologues doivent nécessairement se positionner par rapport aux théories économiques. De tels liens entre deux disciplines sont très rares : il serait dommage de ne pas en prendre compte.
Toujours en relation, toujours en dialogue, les deux champs disciplinaires ne peuvent tout simplement pas s'ignorer. Et on peut reprendre aujourd'hui la remarque de Talcott Parsons selon laquelle « dans n'importe quelle discipline, un individu ne peut effectuer un travail scientifique, s'il ne possède pas une connaissance opérationnelle des autres disciplines » (The structure of social action, 1937). Comment aujourd'hui parler de l'économie en tant qu'activité scientifique sans évoquer sa soeur ennemie la sociologie ? Et inversement, comment aborder la sociologie en ignorant la chapelle d'en face ? Cela semble bien difficile.
Évidemment, la séparation entre les disciplines au niveau de la recherche est justifiée – même s'il existe des points de rencontre où les frontières entre les disciplines deviennent floues, comme le verra un peu plus loin. Mais, au lycée, il s'agit d'initier les élèves à ces disciplines. Même si l'on parle de la seule formation disciplinaire, qui n'est pas le seul objectif de l'enseignement secondaire, il est plus pertinent de faire découvrir aux élèves ces deux disciplines ensembles : s'ils choisissent plus tard de se spécialiser dans l'une ou dans l'autre, il est nécessaire qu'ils disposent des connaissances minimales pour comprendre ce qui se passe par ailleurs, ce qui leur permettra de comprendre les points de convergence, de divergence et de dialogue entre les deux champs.
3. Un projet épistémologique (partiellement) commun
Deuxième raison de la proximité plus grande entre économie et sociologie qu'entre économie et les autres sciences sociales : le projet épistémologique. La sociologie a longtemps eu, et garde encore en partie, un projet nomologique, c'est-à-dire d'établir les « lois » de la société comme il existe des lois de la nature. L'économie ne fait pas autre chose. De ce point de vue, il est également légitime de les rapprocher.
Evidemment, dans les deux cas, on est un peu revenu de ce projet. Les sociologues se sont rendus compte, assez tôt finalement, des limites de la formulation de telles lois appliquées à leur objet – les sociétés humaines. Il ne s'en départissent pas tout à fait, continuant à poursuivre un certain nomologisme « deictique », selon le mot de Passeron, c'est-à-dire des lois valables seulement indexées sur un contexte historique précis. Les économistes n'ont pas encore tous pris conscience de cette limite, en partie parce que, s'intéressant à un domaine relativement restreint – les échanges de biens rares, au sens large – ils peuvent se permettre des formulations plus générales, ayant déjà, en quelque sorte, précise leur domaine particulier d'application.
Si cette différence est réelle, la sociologie tendant de plus en plus à être une science « historique » et l'économie essayant d'être aussi proche que possible des sciences logico-formelle (notamment par le recours aux mathématiques), il n'est pas moins intéressant de souligner les proximités entre les deux, ce qui permet, au final, de mieux comprendre la spécificité de chacune. Pour les élèves, c'est une occasion de mieux comprendre ce qu'est l'économie et ce qu'est la sociologie en les comparant entre elles.
4. Des points de rencontres et de dialogues, des frontières ouvertes
Sociologie et économie sont si proches que, lorsqu'on marche à la frontière entre les deux, on découvre un pays qui n'est ni vraiment à l'une ni vraiment à l'autre. La sociologie économique prend parfois pour nom socio-économie ou économie institutionnelle. La théorie de la régulation ou celle des conventions, deux des voies hétérodoxes les plus riches et les plus respectées en France, parce qu'elles font avancer la science plutôt que de se borner à des contestations stériles, empruntent autant à la sociologie qu'à l'économie.
Faut-il priver les élèves de ces approches ? Certains diront qu'avant d'aborder les points de débats entre économistes et sociologues ou au sein des deux disciplines, il faudrait déjà que les élèves en maîtrisent les « fondamentaux ». Mais cela ne contribuerait qu'à leur donner une fausse idée de la science : celle-ci n'est pas constituée d'un ensemble froid et inerte de savoirs à appliquer mécaniquement, mais elle est faite de débats, de doutes, d'incertitudes. Elle est une activité « chaude ». Dans une perspective d'initiation, il est indispensable de montrer cet aspect : la crise des vocations scientifiques doit beaucoup au caractère désincarné de l'enseignement scientifique.
Pour cette raison, il n'y a pas de raison de ne pas aborder tous les points où les deux disciplines où les sciences dialoguent. Plus d'une fois, ces rencontres se sont avérés heuristiquement fructueuses. Et elles sont souvent pédagogiquement utiles. Un exemple : aborder les théories de l'action collective ne peut se faire sans évoquer Mancur Olson, économiste, qui montre qu'étant donné la rationalité des agents, un groupe peut avoir un intérêt commun à se mobiliser mais pour autant ne pas le faire. Une fois ceci posé, on peut essayer de saisir les causes sociales de la mobilisation, en invoquant différents sociologues. Un autre exemple : montrer que le marché est socialement construit permet non seulement de rentrer dans quelques débats récents en science sociale – y compris en économie – mais aussi de mieux comprendre le statut des modèles économiques. Il faut encore le répéter : on comprend mieux l'économie en la comparant à la sociologie et vice-versa.
5. Des approches complémentaires pour saisir l'actualité
La formation disciplinaire, qui inclut donc la préparation aux études longues, se déroule donc mieux si on enseigne sociologie et économie ensemble que si on ne le fait pas. Mais elle ne constitue pas le seul objectif du lycée général. Celui-ci vise également, comme tout le système éducatif jusqu'au bac, à former des citoyens, c'est-à-dire donner aux élèves les moyens de comprendre le monde qui les entoure, de faire des choix éclairer et de se constituer en individus. De ce point de vue aussi, l'appariement entre sociologie et économie est utile – et les enseignants de SES ont insisté plutôt deux fois qu'une sur ce point, ce qui me dispense de le développer longuement.
Les SES doivent aussi servir aux élèves pour comprendre l'actualité la plus immédiate. De ce point de vue, piocher dans les outils de la sociologie et dans ceux de l'économie s'avère plus efficace que de se limite à une seule « boîte à outil ». La crise financière en est l'exemple le plus flagrant : l'économie va certes être fort utile pour comprendre les mécanismes qui ont amené et qui ont diffusé la crise, mais la sociologie des organisations est également très importante pour saisir pourquoi, dans les salles de marché, les acteurs ont pris certains risques, ont fait certains choix. La présence d'Olivier Godechot dans ces débats, aux côtés d'économistes, est là pour en témoigner. De même, lorsqu'on aborde la question de l'emploi et du chômage, il n'est pas inutile d'avoir en tête le rôle intégrateur du travail ou le rôle des réseaux de relations, de soutien familial, etc. qu'étudient des gens comme Robert Castel, Mark Granovetter ou Jean Hughes Déchaux.
Nos élèves vont être confronté à ce type de discours, car les sociologues et leurs raisonnements sont présents dans les médias au moins autant que les raisonnements économiques. Peut-être même plus si on prend en compte tous les cas de « sociologie spontanée » que les journalistes ou les hommes politiques peuvent mettre en oeuvre sans la rigueur et le contrôle que permet l'organisation du travail scientifique. Leur permettre d'accéder, de comprendre et d'adopter une lecture critique vis-à-vis de ces discours est absolument essentiel. Ils seraient quand même étonnant qu'ils soient parfaitement au point pour comprendre les discours des économistes et incapables de saisir ceux des autres acteurs...
6. Oui, mais... et les STG dans tout ça ?
On pourrait me répondre que, dans l'organisation actuelle du lycée, il existe un enseignement qui aborde l'économie sans faire référence à la sociologie : ce sont les cours d'économie-gestion ou d'économie-droit dont bénéficient les élèves de première et terminale STG. Alors quoi ? Sont-ils dans l'erreur ? Faudrait-il supprimer ces cours pour les remplacer par des cours de SES puisque l'appariement sociologie-économie a tant d'avantages ?
La réponse est non. J'ai le plus grand respect pour le travail de mes collègues qui enseignent en STG, et, trop souvent, je me désole de voir le traitement réservé dans les conseils de classe à leur filière, réduite, pour certains, à une voie de garage où l'on envoie les élèves qui ne peuvent poursuivre en voie générale. Il m'est arrivé de me battre pour qu'un élève sérieux et motivé puisse aller en STG parce qu'il en avait fait le choix et que cela était cohérent avec son projet professionnel, parce que ces classes ont précisément besoin de ce type d'élève.
Mais la filière STG a simplement des objectifs différents de la filière ES et que les autres filières générales. Les élèves qu'elle forme désirent un enseignement plus immédiatement applicable, plus professionnel, souvent articulé à un projet professionnel plus précis et passant par des études plus courtes – ce qui ne veut pas dire, comme certains affectent parfois de le penser, de moindre qualité. Au contraire, les élèves de filière générale ont choisi une formation plus généraliste, tournée vers la poursuite d'études longues, repoussant à plus tard la question de la formation professionnelle et se concentrant pour l'instant sur l'acquisition de méthodes de travail et de connaissances générales. Il est important que ce choix existe, et il serait encore plus important qu'il cesse d'être hiérarchisé...
A objectif différent, appariement différent. Enseigner l'économie avec la gestion ou le droit inclut que l'on enseigne ni tout à fait la même économie – on ne sélectionnera pas les mêmes savoirs dans le champ de la science économique – ni tout à fait de la même façon. Il s'agira alors de donner aux élèves des méthodes rigoureuses pour faire des choix dans le cadre d'une entreprise ou pour comprendre les choix des entreprises. L'économie peut y être un peu plus normative, c'est-à-dire un peu plus « science appliquée » que dans la filière générale, de la même façon que l'on enseigne pas les mêmes mathématiques dans toutes les filières. Il n'y a pas lieu de dévaloriser cette approche de l'économie, qui est tout aussi légitime puisqu'il s'agit d'un registre de l'utilité de l'économie, mais simplement de comprendre que le choix est différent dans la filière générale, où les élèves entendent d'abord acquérir une culture générale dans les différentes matières qui leur sont enseignées, pour les comprendre en tant que telle.
7. Pour conclure : saveur et intérêt
En guise de conclusion, deux remarques. Tout d'abord, il faut rappeler que, pour que des élèves acquièrent de façon satisfaisante, les savoirs qu'on veut leur transmettre, il faut leur en donner le goût. Le dialogue entre sociologie et économie est une façon de leur faire percevoir la saveur de ces savoirs, en leur dévoilant un pan de leur mode de production, un morceau de l'activité quotidienne des scientifiques.
Ensuite, il faut rappeler que, depuis quarante ans, les sciences économiques et sociales ont su susciter l'intérêt des élèves, les motiver et leur donner le goût de l'économie et de la sociologie, le goût des sciences sociales. Il faut rappeler que la filière ES est celle où les lycéens se sentent le mieux. Il faut rappeler que les sciences économiques et sociales sont l'une des plus grandes réussites de la politique éducative de ces cinquante dernières années. Va-t-on continuer longtemps à essayer de casser ce qui marche ?
4 commentaires:
Un très bon argumentaire pour justifier l'appariement entre économie et sociologie au sein des SES, mais également l'appariement entre économie, droit et gestion dans la série STG.
La volonté de fusionner série STG et série ES qui était manifeste dans le parcours "Sciences de la Société" que dessinait le projet Darcos - De Gaudemar nie la différence de finalité entre ces deux séries (une approche "appliquée" à l'entreprise d'une part ; la formation d'une culture générale d'autre part) dont découle une approche différente de l'économie, et donc des appariements différents avec d'autres disciplines.
C'est un des enjeux des semaines à venir : réaffirmer la cohérence de l'appariement entre économie et sociologie au sein de SES, et les complémentarités fortes avec l'histoire, les mathématiques, la philosophie ; affirmer avec les profs de STG la cohérence propre de l'appariement entre économie, droit et gestion au sein de la voie technologique, sans hiérarchisation ni mépris entre ces deux voies de formation.
Merci pour tes contributions aux débats, et bonne année 2009 !
J'ai fais un bac ES et donc les SES ne devraient plus avoir de secret pour moi ...
Pour mes cours et me documenter, j'utilise Doc-etudiant.fr , et je me suis vite rendu compte que les sciences sociales ( http://www.doc-etudiant.fr/Social/Sciences-sociales/ ) m'étaient totalement inconnues. En SES on ne voit que de l'économie sociale en fait !
J'ai hésité à publier votre commentaire tant il a une tête de spam... Mais je ne peux pas laisser raconter de telles bétises sur les SES.
D'abord, que vous ayez fait un bac ES ne veut certainement pas dire que les SES et encore moins les sciences sociales en général n'ont aucun secret pour vous. Ou alors, tout bachelier S est au niveau d'un prix nobel de physique et tout bachelier L est Borges réincarné...
Je ne peux que vous conseiller d'éviter comme la peste le site que vous indiquez. La définition qu'on y trouve de sociologie est plus qu'approximative, et pour tout dire semble avoir été rédigé par un mauvais logiciel de traduction.
Mais dire qu'en SES, on ne fait que de l'économie sociale est simplement ridicule. Ou alors il faudra que vous m'expliquiez en quoi les chapitres se rapportant au contrôle social, à la déviance, à la socialisation (en première), au commerce international, à l'investissement ou aux modèles de développement (en terminale) ont à voir avec l'économie sociale. Plutôt que d'essayer de faire de la publicité, vous devriez bosser un peu les définitions...
Je n'ai pas fait de bac ES, mais des études supérieures qui mêlaient différentes sciences sociales (IEP). Je confirme que c'est bien par l'apprentissage croisé des ce différentes disciplines qu'il est possible de les comprendre un peu mieux chacune. Les étudier conjointement permet également de les mettre en comparaison les unes aux autres, en envisager les limites, multiplier les "bonnes questions" évoquées tout au long de ce blog, et finalement améliorer l'objectivation nécessaire à leur réelle valeur scientifique.
Pour répondre à notre bachelier, et c'est le commentaire que je voulais laisser de toute façon : il n'existe d'économie que sociale. L'économie n'est pas une discipline autonome, comme figée dans sa bulle de cristal, régie par des lois immuables exprimées mathématiquement. Cette conviction je l'ai acquise auprès d'un de mes premiers professeurs d'économie, qui pourtant raffolait des mathématiques, et qui faisait fuir de nombreux étudiants à cause de ça. Il s'insurgeait contre l'appellation Sciences Economiques
ET Sociales. Je lui donne entièrement raison. Soit on appelle cette formation Sociologie et Economie, soit on l'appelle Sciences sociales, si on veut y inclure d'autres disciplines (droit, science politique...). Mais comme il a bien été expliqué dans cette article l'économie est une science sociale.
Je voudrais également faire une remarque sur l'évolution du mot social et l'apparition et le développement du mot sociétal. De plus en plus, dans les media notamment, le mot social n'est employé que pour parler des inégalités sociales, et le plus souvent économiques, le mot sociétal le remplaçant dans quasiment toutes les utilisations qu'il avait auparavant. Par exemple la culture métrosexuelle serait un phénomène sociétal, et non social. Ou bien l'expression "faire du social". Pour moi le mot sociétal a bien une utilité, dans la comparaison entre différentes sociétés qui ont des systèmes de valeurs distincts (ex :des conflits sociétaux). Son utilisation récurrente, et la limitation du mot social, me paraissent très dommageables. Et j'ai cru comprendre que dans sa critique de l'enseignement des SES, notre bachelier faisait bien référence à cet emploi limité du mot social.
Mais je me trompe peut-être, je m'excuse d'ailleurs des raccourcis que je n'ai pas manquer de faire (un commentaire c'est bien court) et des erreurs dues à ma méconnaissance du programme SES au lycée.
Et merci pour votre blog, monsieur le professeur, vos élèves ont bien de la chance.
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