Faut-il enseigner l'économie bisounours ?

J'apprends aujourd'hui dans le Figaro que la faible croissance de la France provient du refus des enseignants de faire l'apologie de l'entreprise. Tiens donc...


Je l'avais déjà dit : taper sur les sciences économiques et sociales redevient à la mode, comme le gel dans les cheveux ou la musique électronique. Une fois de plus, c'est Positive Entreprise qui se trouve être le fer de lance de cette critique, en avançant cette fois l'argument du "point de croissance qui manque" (!) . Notre cher ministre a répondu à leurs attentes en annonçant un audit sur les manuels de SES, accusés de colporter un vision négative et pessimiste de l'entreprise. Le journaliste du Figaro cache à peine sa très grande satisfaction de la décision.

Que répondre à tout cela ? Faut-il répéter, une fois de plus, que les SES voient passer trop peu d'élèves pour qu'on puisse sérieusement penser qu'elles sont responsables des incompréhensions les plus courantes de l'économie ? Olivier Bouba-Olga l'avait dit au tout début de cette énième polémique :

"Sur la base de ces chiffres, il s’avère donc que seuls 66,4%*43,1% des élèves suivent l’enseignement de SES, soit 28,6% et donc, vous l'aurez deviné, 71,4% des élèves ne suivent pas un tel enseignement. Affirmer que l’enseignement de SES est une des causes principales du désamour des jeunes pour l’entreprise est donc erroné."

J'avais ajouté, plus tard, que l'hypothèse inverse - l'enseignement des SES acculture les élèves au monde de l'entreprise - était tout aussi plausible : c'est notamment ce que montre l'enquête ethnographique de Stéphane Beaud.

Faut-il rappeler que la critique de Positive Entreprise est très largement une critique incompétente ? Pourquoi pas. Il suffit de lire l'article dont se fend Thibault Lanxade dans le Figaro :

"Jamais l'épanouissement personnel grâce notamment à l'exercice de son métier n'y est traité."

Il suffit de regarder les programmes de Terminale : ceux-ci mettent l'accent sur le rôle intégrateur du travail, sur les identités collectives qui en découlent. Si on parle de la précarisation, c'est justement parce que celle-ci ne permet pas d'accéder à une forme d'individualisme positif ! Il suffit sur ce plan de relire Robert Castel. Le président de Positive Entreprise n'a pas pris la peine de lire (ou de comprendre) les programmes. Il est en cela égal à son association, dont le dernier rapport sur le thème était truffé d'erreurs et d'approximations. Heureusement que tous les entrepreneurs ne sont pas à cette image.

Faut-il enfin répéter que l'enseignement des sciences économiques et sociales au lycée n'a vocation ni à faire l'apologie ni à faire la critique de l'entreprenariat ou de l'entreprise ? Que notre seul objectif est de transmettre des savoirs scientifiques, une méthode d'appréhension du réel ? David Mourey s'y essaye dans le Figaro également, mais de façon un peu trop timide à mon goût.

Mais ce qui m'inquiète le plus, c'est la diffusion lente, y compris aux plus hautes sphères de l'Etat - le ministre, excusez du peu - d'une conception de l'économie, et plus largement des SES, assez horripilante : l'économie bisounours*.

Qu'est-ce que c'est que l'économie bisounours ? On savait que les critiques des SES ne se plaçaient pas sur le plan scientifique - la critique des économistes que j'évoquais ici est de ce point de vue beaucoup plus recevable - mais sur le plan idéologique. On reproche aux SES de ne pas avoir un discours "favorable" à l'entreprise... Mais on commence à entrevoir la conception de l'économie qui devrait se substituer à la conception scientifique.

On découvre ainsi qu'il n'est pas bon de parler de choses "déprimantes" ou "pessimistes" aux jeunes :

"Pour preuve : en classe de seconde, avant même de parler du monde de l'entreprise, un ouvrage comme Magnard consacre une trentaine de pages à la précarité et au chômage. À peine évoquées en seconde, les relations sociales au sein de l'entreprise sont principalement développées en première puis en terminale. Mais le plus souvent étudiées à travers les conflits sociaux que les différents ouvrages valorisent pour faire évoluer le sort des salariés."


(il faudrait signaler les nombreux défauts de l'article du Figaro : des cas particuliers présentés comme des situations générales, une méconnaissance des programmes et du travail d'enseignant, etc. Passons.)

"L'entreprenariat et la réussite ne sont pas valorisés, les développements consacrés au travail traitent surtout du chômage, de la précarité, de l'exclusion, du stress, du harcèlement…"

Ainsi, il ne faudrait pas parler du chômage et de la précarité aux jeunes : vous comprenez, sinon, ça les déprime ! Et surtout, n'évoquons pas la possible de conflits entre salariés et employeurs... vous pensez, le conflit, quel horreur ! Il vaut mieux leur enseigner que tout le monde est beau, tout le monde est gentil et il n'y a pas de problèmes. Le monde des bisounours en quelques sortes.

En outre, pourquoi s'en prendre aux SES ? Ne faut-il pas étendre l'économie bisounours à d'autres acteurs ? Avez-vous déjà imaginé les ravages que provoquent les journalistes en parlant si souvent du chômage ou de la précarité au journal de 20h ? Ne faut-il pas interdire aux plus vite ce genre de reportages et rendre obligatoire des portraits extasiés sur le parcours des grandes entreprises ?


Bref. Laissons l'ironie là. Peut-on sérieusement, comme le dit Thibault Lanxade, "apprendre à lire le monde" sans évoquer le chômage ou la précarité ? Ce que demande Positive Entreprise, et peut-être bientôt le ministre, c'est d'ignorer ou de minorer une question centrale, sur laquelle les élèves sont intéressés et sont demandeurs d'explications et d'éclairages. Ce sont des thèmes déprimants ? Peut-être. Est-ce notre faute si la réalité est déprimante ? Le chômage et la progression de la précarité sont des phénomènes réels, lisibles dans les statistiques, et nos élèves y sont sans cesse confrontés, soit dans leurs familles (pour les moins chanceux), soit dans les médias. Les amener à des visions moins idéologiques de ces problèmes est l'une de nos missions : par exemple, en montrant que le chômage n'est pas le fait de méchants patrons qui ne veulent pas donner du travail aux gens...

Pour le reste, s'il s'agit d'initier les élèves à la réalité du monde de l'entreprise, le plus efficace n'est-il pas alors de leur permettre de faire des stages ? Plutôt que de s'en prendre à un enseignement scientifique, il serait bon de se poser la question de l'accueil des jeunes dans les entreprises, lequel n'est visiblement pas toujours des meilleurs. Comme j'ai déjà eu l'occasion de le défendre, les Français n'ont rien contre le travail ni contre l'entreprise en général : simplement certains d'entre eux ont une mauvaise expérience de cette activité.

Voilà pour cette note rédigée "à chaud". Je pense que mon énervement se ressent par moment. Enervement ou lassitude : seulement six mois après avoir pris mes fonctions, ça promet pour les 42 années à venir (hypothèse basse) ! Reprise du déroulement normal du blog d'ici dimanche, avec une note où il sera question de constructivisme, d'expérience urbaine et discrimination.

* La paternité de l'expression "économie bisounours" ou "théorie bisounours" est partagée avec Mélanie R., qui se reconnaitra.

26 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Denis,

Le constat d'une lecture déformée de la réalité ne concerne pas uniquement un certain nombre d'enseignants de SES, mais aussi des enseignants d'histoire-géo ou de français.

Il est bien naturel de parler de chômage et de crises, mais est-ce bien nécessaire d'attribuer à ces sujets une position aussi prééminente ? Le capitalisme, c'est aussi une formidable augmentation du niveau de vie, une espérance de vie qui ne cesse de croître et une bien meilleure mobilité sociale.

Ne plus réduire le capitalisme à la crise de 29, ne plus proposer d'interprétations sur un fondement idéologique aussi patent et ne pas insister autant sur les aspects les plus négatifs de notre environnement économique n'implique pas de basculer à l'autre extrême, "l'économie bisounours", tout aussi ridicule je vous l'accorde.

Denis Colombi a dit…

Cher Aurel,

"est-ce bien nécessaire d'attribuer à ces sujets une position aussi prééminente ?"

A cette question, je répondrais par un triple "oui" :

- Oui, parce que ce sont les sujets sur lesquels les élèves ont des questions et ont besoin de réponses. Plus que sur les autres. Ils y sont sans cesse confronté, et c'est ces situations "anormales" qu'il s'agit d'expliquer et dont il s'agit de montrer les enjeux. Pédagogiquement, c'est le meilleur moyen d'obtenir l'intérêt des élèves. On parle de questions "socialement vives".

- Oui, parce que nous enseignons les SCIENCES économiques et sociales et non "l'économie et le social (ou la société)". Or de quoi traitent ces disciplines dans le champ académique ? Du chômage, de la précarité, etc. Certes pas seulement, mais lorsqu'on aborde les thèmes au programme (sociologie du travail, économie de l'emploi), c'est de cela dont il est le plus question.

- Oui, parce que ce sont à partir de ces situations que l'on peut comprendre le reste des problématiques. Pour expliquer à mes élèves tout ce que fournit un emploi "normal" - sécurité, statut social, intégration, etc. - je pars très naturellement des emplois atypiques : ils comprennent ainsi par eux mêmes ce qui manque.

"Le capitalisme, c'est aussi une formidable augmentation du niveau de vie, une espérance de vie qui ne cesse de croître et une bien meilleure mobilité sociale."

Pourquoi faut-il toujours que les critiques ne prennent pas la peine de connaître les programmes ? La croissance du PIB/tête est étudiée, comme l'amélioration des conditions de vie. Sur la mobilité sociale,le sujet est également abordé, même s'il amène plutôt les élèves à mesurer la distance entre le principe affichée (et dont on est les nourrit) et la réalité - mais est-ce de notre faute ?

Ce que j'appelle "économie bisounours", c'est précisement cette conception de l'économie qui pense qu'il ne faudrait pas parler des aspects "négatifs" ou ne plus tant en parler. Pour moi, et sans doute pour bon nombre d'enseignants de SES, il n'y a pas d'aspects positifs ou négatifs : il n'y a que les faits et les connaissances à enseigner. Nous faisons des SCIENCES. Nous ne traitons pas les questions parce qu'elles sont "positives" ou "négatives", nous les traitons pour les connaissances qu'elles apportent. Point.



J'ajoute que j'aimerais beaucoup enseigner à mes élèves la théorie de l'agence ou d'autres aspects de l'économie de l'entreprise si c'était au programme. Mais je ne sais pas pourquoi, je suis à peu près sûr qu'à peine j'aurais prononcer le mot "opportunisme" - central dans ces théories - tout plein de gens me tomberaient dessus pour m'expliquer que je dévalorise l'entreprise individuelle en faisant passer les patrons pour les voyous ou en refusant de dire que les relations dans l'entreprise sont "positives".

En un mot, je suis las.

Anonyme a dit…

@aurel :
Puisque tout le monde aime actuellement les sondages et les statistiques, pourriez vous me dire combien il y a DANS LA VRAIE VIE, de réelles réussites par rapport à l'ensemble de la population ?
Que ce soit au niveau nationnal ou mondial ?
Il me semble que ce qui est présenté dans ces cours est la situation que les élèves vont le plus vraisemblablement rencontrer, non ?

Il est vrai que ces cours devraient/devront expliquer la seule et unique thèse de nos élites actuelles :
Rêver braves gens !
Regarder comment les 1/100000 ont réussi et ce que vous pourriez-faire si vous vous sortiez les doigts du cul !
En attendant, il faut que vous montriez que c'est votre objectif en paraissant par la consommation : x téléphones mobiles, écrans plats dans chaque pièce et les plus grands possibles, 4x4, fringues de marque, etc.
Quand aux avancés de ses 2 derniers siècles, est-ce exclusivement dû au capitalisme ? De plus, cela s'est fait à quel prix ? Prix que l'humanité risque de payer sous peu.

Les problèmes ne sont pas aussi simples.

Typiquement, qu'exprime le social pour vous ?
La vie en société comme une très large majorité de la population ?
Sauf que juridiquement, cela ne concerne que le droit du travail !

Donc pendant que certains font de la pédagogie sur les réformes sociales, la majorité est dupée car elle y comprend un autre domaine...

J'en ai fini avec mon pessimisme.

Anonyme a dit…

Merci pour ce billet, comme vous le soulignez 28% seulement des élèves ont une vague idée du combat qu'ils devront mener en entreprise... mais c'est déjà mieux que rien !

Anonyme a dit…

Oui, c'est vrai, c'est déprimant... :-) Arrêtons d'enseigner et de parler de pannes, de réparations, etc. aux techniciens. Les produits fabriqués par l'entreprise sont pââârfait, il ne faut pas être négatif XD ... et de rupture, de défaillances, etc. aux ingénieurs. Il suffit de le vouloir pour que ça fonctionne parfaitement XD ... MDR

Anonyme a dit…

"Ainsi, il ne faudrait pas parler du chômage et de la précarité aux jeunes : vous comprenez, sinon, ça les déprime"

Pas du tout, simplement, le sujet est fréquemment évoqué le soir à la maison, les week end en famille...

Difficile de valoriser l'entreprise, celle là même qui vient de signifier à papa qu'il faudra trouver du boulot ailleurs, ou à maman qu'elle devrait envisager d'aller travailler en Chine ou à l'Ile Maurice...

Anonyme a dit…

Voici mon témoignage personnel : à la sortie du lycée, je n'avais guère d'avis sur le monde du travail, il ne m'apparaissait ni beau ni laid. Pourtant j'ai le souvenir que l'enseignement qui m'avait été inculqué portait clairement et, dois-je le préciser, uniquement sur un seul modèle qui est le système d'économie de marché capitaliste. Autrement dit, l'école n'enseigne pas l'existence d'autres systèmes économiques autrement que par le biais des cours d'histoire. Le futur est déjà écrit, nul besoin de former des esprits critiques, libres d'opérer des choix, il faut former des petits soldats.
Le monde de l'entreprise n'est pas abordé en tant que tel, ce sont plutôt des effets de politiques générales qui nous sont présentés. Bref, je le redis, l'enseignement au lycée ne permet pas de se faire une opinion même objective de l'entreprise, elle permet juste de se frotter un peu à l'idéologie du capitalisme.
Par contre j'ai été beaucoup plus frappé par le monde de l'entreprise que l'on m'a montré en BTS. A la sortie du BTS, mon image de l'entreprise était très bonne. On peut dire que dans cette filière, on m'a présenté l'entreprise comme une amie future, impatiente de m'accueillir et en effet j'étais moi-même impatient d'y pénétrer.
Une fois en entreprise, il m'a fallu 6 mois pour que cette naÏveté enseignée en BTS s'effondre comme un château de cartes. J'ai découvert un monde terrible, mue par tous les vices que peut porter l'humanité, exacerbant ce qu'il y a de plus mauvais chez les hommes, et ce, dans toutes les entreprises pour lesquelles j'ai travaillé.
Aucun manuel scolaire n'enseignera jamais ce qu'est la réalité de l'entreprise. Enjoliver la réalité n'aidera en rien à promouvoir l'entreprise, au contraire, cela fera des nouveaux salariés une armée de gens dégoûtés, se sentant pris au piège.

Anonyme a dit…

Voici mon témoignage personnel : à la sortie du lycée, je n'avais guère d'avis sur le monde du travail, il ne m'apparaissait ni beau ni laid. Pourtant j'ai le souvenir que l'enseignement qui m'avait été inculqué portait clairement et, dois-je le préciser, uniquement sur un seul modèle qui est le système d'économie de marché capitaliste. Autrement dit, l'école n'enseigne pas l'existence d'autres systèmes économiques autrement que par le biais des cours d'histoire. Le futur est déjà écrit, nul besoin de former des esprits critiques, libres d'opérer des choix, il faut former des petits soldats.
Le monde de l'entreprise n'est pas abordé en tant que tel, ce sont plutôt des effets de politiques générales qui nous sont présentés. Bref, je le redis, l'enseignement au lycée ne permet pas de se faire une opinion même objective de l'entreprise, elle permet juste de se frotter un peu à l'idéologie du capitalisme.
Par contre j'ai été beaucoup plus frappé par le monde de l'entreprise que l'on m'a montré en BTS. A la sortie du BTS, mon image de l'entreprise était très bonne. On peut dire que dans cette filière, on m'a présenté l'entreprise comme une amie future, impatiente de m'accueillir et en effet j'étais moi-même impatient d'y pénétrer.
Une fois en entreprise, il m'a fallu 6 mois pour que cette naÏveté enseignée en BTS s'effondre comme un château de cartes. J'ai découvert un monde terrible, mue par tous les vices que peut porter l'humanité, exacerbant ce qu'il y a de plus mauvais chez les hommes, et ce, dans toutes les entreprises pour lesquelles j'ai travaillé.
Aucun manuel scolaire n'enseignera jamais ce qu'est la réalité de l'entreprise. Enjoliver la réalité n'aidera en rien à promouvoir l'entreprise, au contraire, cela fera des nouveaux salariés une armée de gens dégoûtés se sentant pris au piège.

Anonyme a dit…

Allons, d'un autre côté, on est quand même en train de parler du "Figaro", le journal d'un certain Monsieur Marcel Dassault, qui veut que ses journaux ne diffusent que des "informations saines".

Vu comme cela, c'est sûr que l'économie bisounours a encore de beaux jours devant elle. Au moins au Figaro.

Denis Colombi a dit…

Je précise deux choses rapidement par rapport aux commentaires qui viennent d'être posté :

- Je ne pense pas que les SES aient vocation à préparer les élèves à une quelconque lutte. Ils feront ce qu'ils veulent de ce qu'on leur enseigne.

- Présenter des "alternatives" à l'économie capitalistes n'est pas du ressort du cours de SES : nous présentons l'étude des sociétés contemporaines, et plus particulièrement de la société française. Pour les discussions sur la meilleure société possible, il y a la philosophie, et pour l'étude des sociétés passées, l'histoire. Ne mélangeons pas tout.

Anonyme a dit…

J'ai pris connaissnce de ton post après avoir publié le mien. Si j'avais su que tu t'appretais à exprimer aussi bien ma pensée, j'aurai pu gagner du temps !!
Affaire à suivre...

Anonyme a dit…

Je trouve que le terme "d'économie bisounours" montre une certaine ignorance des bisounours.
En effet, une étude rapide du monde des bisounours permet de découvrir que leur système économique est, comme pour celui des schtroumf, basé sur l'échange et l'entraide. Chacun oeuvre selon ses capacités, il n'y a pas d'obligation de travailler ou de produire des choses concrètes et il n'y a pas de patronat.
En outre, contrairement à ce que les gens peuvent croire, les bisounours savent que tout le monde n'est pas beau ni gentil. D'ailleurs, s'ils luttent pour que le monde soit beau et gentil, cela prouve bien qu'il ne l'est pas.

Bref, un bisounours en voyant l'économie actuelle ne dirait pas "cachez ces problèmes et ces difficultés que je ne saurais voir" mais "retroussons nos manches et oeuvrons pour que la situation s'améliore et que les problèmes soient résolus".

(J'ai conscience de ne pas faire avancer le débat sur l'enseignement de l'économie en SES mais il est dommage d'employer une expression qui est en réalité inédéquate et fondée sur une méconnaissance des bisounours.
Mais il faut savoir que le Médef n'a pas attendu pour promouvoir une image très (trop ?) valorisée du monde de l'entreprise puisque les établissements scolaires abonnés à la revue Phosphore ont reçu, avec le n° de janvier 2008, une belle brochure du Medef sur le monde de l'entreprise...)

Denis Colombi a dit…

Mes excuses aux bisounours.

Anonyme a dit…

@Denis Colombi

Je ne pense pas non plus que les cours de SES en particulier et l'école en général doivent préparer les étudiants à une lutte, la mission de l'école n'est-elle pas de former des citoyens ? Entendez plutôt mon commentaire à propos d'esprit critique et de liberté de choix en ce sens. Je pensais que les SES étaient par essence pluridisciplinaires, il est alors légitime de faire un "mélange". Quand on parle de Keynes ou de Ricardo, on fait de l'économie en même temps qu'on fait de l'histoire non ?
Enfin, si vous pensez que les étudiants feront ce qu'il veulent de ce qu'on leur enseigne, pourquoi ne pas laisser l'"économie Bisournous" envahir les manuels ? Oui les gens sont capables de faire la part des choses du moment qu'il y a au moins deux choses à départager.

Denis Colombi a dit…

@ Shinshiro : oui, les SES sont pluridisciplinaire. Mais leur rôle est de présenter l'étude des sociétés contemporaines, pas des considérations sur les autres sociétés possibles. D'autres disciplines font ça très bien.

Et présenter Keynes et Ricardo en SES n'a pas grand chose à voir avec l'Histoire si on entend celle-ci au sens scientifique. Je doute qu'il y ait un historien qui se retrouve dans la présentation que l'on fait de ces auteurs. Peut-être un historien des idées... et encore.

Ce que je veux dire lorsque j'écris que les élèves feront ce qu'ils veulent de nos cours, c'est que nous n'avons pas à leur dire contre quoi il faut lutter, à quoi il faut adhérer ou autre. Cela dépendra des valeurs que l'on se donne. L'économie que nous enseignons servira aussi bien au cadres supérieurs qu'aux ouvriers, aux gauchistes qu'aux UMP. Nous les armons pour qu'ils aient une démarche de connaissance, pour qu'ils sachent discuter les faits, les analyses et les théories. La transmission des valeurs n'est pas de notre ressort, sauf pour ce qui est de la recherche de la vérité et de l'objectivité. La discussion des valeurs, chose tout aussi importante, n'est pas de notre ressort.

Anonyme a dit…

@Denis Colombi
Merci pour vos réponses, vous m'avez fait voir plus clair.

@Bisounours
Merci pour ce post !
PS : Ma bibliothèque aussi a reçu le fameux Phosphore avec la brochure du MEDEF.

Unknown a dit…

Je tiens à faire la remarque suivante : notre bonne veille presse réactionnaire trouve que les enseignants "refusent de faire l'apologie de l'entreprise". Cela rejoint l'idée reçue que les "profs sont tous de gauche".

Et bien je n'ai pas du croiser les mêmes enseignants sur les bancs de l'école. Je précise que j'ai 27 ans.

Lors de mes études d'ingénieur, avant cela au lycée, au collège et même dès l'école primaire je n'ai cessé d'entendre :

- Vous avez intérêt à travailler dur à l'école sinon vous serez au chômage
- Je ne te demande pas de chercher à comprendre, mais d'appliquer la règle. La grammaire française est comme cela un point c'est tout. Quand tu sera grand tu fera ce que ton patron ce que te dira sans discuter, ou tu finira dans la rue.
- Tu as de la chance d'être encore à l'école, parce que avec un comportement comme le tiens en entreprise tu te fais virer sur le champ.
- Vous n'avez pas le droit de vous peindre, vous êtes des privilégiés. En Afrique les enfants de votre âge n'ont même pas la chance de pouvoir aller à l'école.
- Les ingénieurs chinois travaillent deux fois plus que vous pour dix fois moins cher. Quand vous aller chercher un travail ou un stage ne vous surestimez pas et n'espérez pas gagner une fortune. Pendant vos entretiens vous avez intérêt à faire preuve d'humilité. Par rapport aux autres pays vous serez beaucoup trop payés par rapport à ce que vous allez rapporter.
- Vous êtes des ingénieurs, si vous n'avez pas envie de travailler passez votre chemin. Les 35 heures, c'est pas pour vous ! Un ingénieur, ça compte pas ses heures.

Voilà comment nos chers enseignants, qui comme chacun sait sont tous des ex-soixante-huitards, syndiqués et communistes, m'ont préparé moi et mes camarades à nous "rebeller contre le système capitaliste".

Nous sommes donc arrivés en entreprise après nos études complètement soumises. Ceux qui ont décroché un CDI se sentaient tellement favorisés par rapport aux autres qui continuaient à enchaîner les "stages" non rémunérés qu'ils en avaient presque honte. Les salaires que nous demandions lors des entretiens d'embauche étaient largement en dessous des moyennes habituelles, les DRH n'en reviennent toujours pas. Payés jusque 50% de moins que nos aînés en faisant deux ou trois heures de travail en plus par jour, arrivé au bureau à 7h30, parti entre 19h00 et 20h00, ramener du boulot à la maison pour le week-end…
Bien sûr on est obsédé par bien faire son travail, on en fait plus, on est autonome, compression du personnel oblige l'ingénieur d'aujourd'hui en plus de son travail fait son secrétariat, gère son planning, fait du commercial, fait son rapport d'activité mensuel…

Et puis le temps passe… On discute avec ses collègues… On voit des tracts syndicaux (avant qu'ils ne soient arrachés)… On rencontre (en cachette !) des délégués du personnel qui eux aussi se cache… On découvre les pots aux roses : ceux qui n'osaient pas demander 29K€ brut annuel pour 11h par jour découvrent que leur prestation rapporte 150K€ HT par an.

La voilà la sinistre vérité, et ça n'empêche pas les partisans de notre bonne vielle droite réactionnaire de trouver qu'on travaille pas assez, qu'on gagne trop, qu'on est trop assisté, pas assez compétitifs, pas assez engagés dans l'entreprise.
Partisans qui, pour la plupart, sont nés avec une cuiller en argent dans la bouche et qui n'ont jamais travaillé :
- M. Sarkosy : une cuiller en argent dans la bouche, maire de Neuilly à 23 ans, copain d'enfance dans le 16ième avec tous les grands patrons du pays
- Mme. Parisot : à reçu un empire industriel en héritage
- M. Ernest Antoine Sellières : à reçu Wendel en héritage…
Et ce sont eux qui veulent nous apprendre à travailler, et c'est nous "les pas suffisamment rentables", "les privilégiés" ?

Anonyme a dit…

"Pour les discussions sur la meilleure société possible, il y a la philosophie, et pour l'étude des sociétés passées, l'histoire"

Et bien je veux juste dire une chose: l'histoire n'étudie pas les sociétés passées. Ce n'est pas la conception que j'ai de l'histoire. C'est une science qui étudie la société dans le temps, ce qui n'est pas la même chose qu'"étudier le passé". L'histoire étudie l'évolution (au sens de changement dans le temps), c'est d'ailleurs ce qui fait son intérêt car qui voudrait se tourner vers le passé seulement?

Denis Colombi a dit…

@ Une historienne : je suis bien d'accord, je simplifiais quelque peu. Il manque des blogs d'historien(nes) sur la toile.

Plop Monsieur a dit…

Bonjour,

@ electroremy,

Dis donc t'aurais pas du boulot toi, au lieu de déposer des commentaires sur le net ? ;)

je rigole, je te charrie, c'est de l'humour...

Plus sérieusement, juste pour t'apporter un petit témoignage...

Voilà, je vis au Brésil, à São Paulo, depuis août dernier, pour y faire un master de socio (ce dont tout le monde se fiche, du reste ).

Et en l'occurence, il se trouve que je vis en colocation avec deux ingénieurs du coin...

Vraiment electroremy, je veux pas être décourageant, mais si j'ai bien remarqué une chose en ce qui les concernes, c'est qu'ils travaillent comme des damnés pour des clopinettes, tes profs avaient raison sur ce point.

La vie de ces brésiliens à prioris CSP+ donc, mais sans rentrer dans les détails, se résument à leur travail : ils alternent des semaines de sept jours et de six jours. Ils leur arrivent (souvent) de partir bosser à 5 heure du matin pour rentrer à 9 heure du soir. Leur salaire est d'approximativement 3000 reals par mois (un peu moins de 1500 euros).
Et ils n'ont eus pour les vacances de noël qu'une petite semaine.

Heureusement pour les ingénieurs français, il semblent que le savoir théorique et pratique de ces travailleurs à la sortie des écoles, est nettement plus bas qu'en France. Plusieurs amis expatrier que j'ai ici et qui sont ingénieurs me l'ont assuré.

Ma conclusion à ce propos ne pourrat donc que te sembler péssimiste, puisqu'elle l'est.

Avec l'insuffisance et le démantelement des lois protectionnistes dans nos pays nordiques, la concurrence de la main d'oeuvre étrangère issue des pays en développement industriels va se faire de plus en plus ardue (je dis "industriel" car économiquement, ce sont souvent des pays bien plus riche qu'on ne le pense, leur tragédie étant tout le temps la même, la concentrations des richesses produites entre [très peu] de mains et l'inexistence d'industries modernes, celles-ci étant concentrées au nord).
Ce qui, malheureusement mais c'est le but, permettra d'augmenter la pression sur les employés comme toi. Ben oui, il n'y pas que les ouvriers qui devraient profiter de la sempiternelle ristourne sur les travailleurs chinois.

Dans "le monde selon Dassault", nous sommes tous, rassure toi, des "citrons pressés"...

Voilà voilà pour mon "témoignage" venus du sud...

Denis Colombi, vous dites que vous n'avez pas à présenter en cours, vos considérations sur de quelconques alternatives sociétales.
Et ce puisque l'enseignement scientifique que vous prodiguez s'inscrit dans le champ de nos sociétés contemporaine. Nos sociétés ne présentes donc que des caractères soc/éco libéraux ? Ne possèdent t-elles pas des structures fonctionnant sur d'autres systèmes que celui du capitalisme ?
Je pense au marxisme, au système mutualiste anarchiste ou encore -en ce qui concerne le création de lien social- la reprise du positivisme de Comte par Durkheim, pourquoi pas ? (la "religion républicaine" plutôt d'actualité, [cf: la "politique de civilisation" de nicolas -je rigole]qui fait alternative à la création de lien uniquement par le prisme du marché et du travail) etc... Tout ça pourrait être enseigné en toute objectivité dans vos cours. Ne serait-ce qu'en les abordant par le biais de tout ce que ces courants apportent aux sociétés contemporaines. Vous présenteriez dès lors des courants socio-économiques "de facto" alternatifs, puisque inusités à échelle globale et ce en restant dans les limites de vos cours.

Ce qui vous éviterait que dans le futur, vos anciens élèves ne s'éxclament :
-"Ah ! Colombi ! Jamais il nous à éxpliquer que d'autre systèmes éxistaient et étaient possibles !"

Mais je ne suis pas prof et donc je ne sais pas...

En tout cas merci pour l'article, le Figaro est un délice, comme d'hab' !

Et désolé pour mes barbarismes, je comprendrais très bien que vous ne publiez pas mon commentaire !

Denis Colombi a dit…

@Plop Monsieur : tout d'abord, sur le manque de protectionnisme qui serait mauvais pour l'Europe, je vous conseillerais de consulter mes collègues économistes. Le protectionnisme protège surtout certains producteurs et certains lobbys.

Ensuite, résumer nos sociétés au libéralisme, surtout au sens ou vous semblez l'entendre, est incroyablement réducteur. Et n'a rien à voir avec la présentation que l'on peut faire en SES.

Si mes anciens élèves s'exclamer : "Ah ! Colombi ! Jamais il nous à expliquer que d'autre systèmes existaient et étaient possibles !", je serais effectivement très déçu, puisque cela veut dire qu'ils n'auront rien compris à mon cours. D'une part, parce qu'ils n'auront pas compris qu'en étudiant la société contemporaine, on la dénaturalise, et on évoque de facto la possibilité de la changer. D'autre part, qu'ils n'auront pas compris que notre discipline est scientifique.

Anonyme a dit…

Bon, bien sûr, je n'ai pas tout lu... et je n'enseigne pas en lycée. J'aurai une question. Enseignants de SES en lycée, avez-vous le sentiment (ou l'assurance) d'enseigner une science ou un savoir (à travers l'exposé de thèmes, de problématiques, d'auteurs...) qui résulte d'une science ?
A la lecture rapide des posts, j'ai (me semble-t-il)repéré plusieurs points de tensions. Ainsi et par exemple, les enseignement SES sont pris dans un volume d'enseignements dont ils ne sont qu'une partie (math, histoire, langue, etc. vous me direz si je me trompe) : quelle est la part d'autonomie de ces disciplines ? L'important est-elle qu'elles soient colligées en un savoir cohérent dont le résultat du bac serait, en quelque sorte, la moyenne ; dans ce cas quel statut donner au caractère scientifique des SES ?
Autre point de tension, dans le champ académique (hors agrég) la sociologie et l'économie sont distinguées (par exemple par des sections différentes du CNU) ; dans les universités, les départements (enseignements) ne se confondent pas (je ne les connais pas tous, on doit pouvoir en trouver qui ramassent les 2 discplines). Il me semble pourtant que c'est sur ce dernier point de tension que se joue (peut-être et si oui, en partie seulement), la polémique exhibée par le Figaro. je me dis par exemple qu'enseigner l'économie en adoptant le point de vue de Durkheim c'est d'emblée neutraliser les présomptions nomologiques (cf. passeron) d'une discipline qui tire son efficacité d'un formalisme efficace mais inévitablement réducteur - dans ce cas, économie et raisonnement sociologique ne font et ne feront jamais très bon ménage. Comment s'en sortir ? Bref, tout ça est jeté trop rapidement (nous sommes sur le net et la relecture de mon billet vaut ma lecture des autres billets : restez donc bienveillants !) mais ma question serait : enseignant les SES, qu'avez-vous le sentiment d'enseigner ?
Albert

Denis Colombi a dit…

@Albert : les SVT, la physique-chimie ou l'histoire-géographie sont aussi des ensembles hétérogènes de disciplines séparées dans le champ universitaire. C'est là le lot de tous les enseignements de lycée, ou peu s'en faut.

Pour ma part, mon sentiment est très clair : j'enseigne trois sciences - sociologie, science économique, science politique - et plus généralement, ce que je cherche à transmettre est une méthode scientifique d'appréhension des faits humains et sociaux. C'est ce qui est commun aux trois disciplines (et est aussi partagé, d'ailleurs, avec l'histoire et la géographie).

Les trois disciplines, aussi distinctes soient elles, ont beaucoup à échanger, et partagent un grand nombre de thèmes et d'objets communs. Les enseigner ensemble me semble donc cohérent au lycée, où l'on fait plus de l'initiation au minimum vital pour chacun.

Unknown a dit…

@Plop Monsieur

Quelques remarques à propos de vos amis du sud :

- Le nivellement par le bas est-il une fatalité ?

- Vivre avec 1500€ par mois au Brésil est peut-être plus facile que vivre avec 1500€ par mois à Paris. J'ai des copains qui ont eu le malheur de choisir un métier dans l'informatique et certains gagnent moins de 1500€ net mensuel pour un job à Paris ! Ramené au coût de la vie, tes amis Brésiliens sont beaucoup mieux payés.
En fait quand on compare le salaire des ingénieurs de différents pays, il faut mettre à côter des salaires le montant moyen des loyers, et aussi le salaire d'un ouvrier, pour pouvoir faire des comparaisons utiles.

- Le point précédent amène le suivant : concernant les emplois peu "délocalisables" (expertise juridique, métiers de services où la proximité relationnelle au niveau d'une ville ou d'un dpt est nécessaire) la "pression" des "bas salaires des autres pays" ne compte pas; cela est d'autant plus vrai quand ces métiers sont très rentables et que les personnes qui font ce métier depuis 10 ou 20 ans, embauchés dans un contexte plus favorable, gagnent pour le même travail 2 à 5 fois plus.

Plop Monsieur a dit…

Denis Colombi,

Nous nous sommes mal compris. Le protectionisme Européen ou Nord Américain, j'en vois tout les jours les effets lorsques je me balade dans les rues de São Paulo. Croyez moi.
Et je ne nie pas qu'il éxiste. Mais comme vous le dites, il protège surtout certains producteurs et certains lobbys.
Il ne protège pas le travailleur "lambada" (plus drôle que "lampda", non ?).

Par ailleurs, quand je demandais si il n'éxistait pas dans nos sociétés des structures ( je pensais à l'école publique, hôpital, anciens système de retraites...) fonctionnant sur d'autre systèmes que le libéralisme, c'est bien parceque j'ai conscience que ces mêmes sociétés ne se résument pas au libéralisme.

Quant au sens où j'entend le libéralisme, je ne pense pas qu'il soit réducteur, mais comme vous l'avez peut être devinez, je l'éxecre.

Merci en tout cas d'avoir prêté attention à mon post.

Au revoir

Plop Monsieur a dit…

Electroremy,

Excusez moi, j'ai répondus à Denis mais pas à vous, je n'avais pas vus que vous m'aviez adressé un commentaire. Donc : je l'ai bien lus.

J'avais bien dit que je ne voulais pas rentrer dans les détails en ce qui concernait la description de la vie de mes collocs. Juste un ou deux point en j'en finis pour eux.
D'abord ils gagnent moins de 1500 Euros, le reals oscille entre 2 E 60 et 2 E 70. Ensuite, il faut savoir que São Paulo est la ville la plus cher du Brésil et par là même d'Amérique Latine. Ce qui, bien entendus, amène des salaires en conséquence (sao Paulo, c'est l'état du Brésil où le "SMIC", j'insiste sur les guillemets, est le plus haut : 450 Reals/mois, une vraie misère pour le coup). Afin d'avoir un ordre d'idée, disont que le coût de la vie ici est celui d'une ville de province française, type Nantes ou Bordeaux. Ceci dans les quartiers excentré bien entendus. Dans "les" centres, les prix s'envolent.
De plus, vus le nombre d'heures au travail que mes amis font, ce qu'ils gagnent est vraiment peu.

Enfin, heureusement que la pression subie par cette concurrence ne touche pas l'ensemble des travailleurs français.
De même, vous avez raison, la pression réelle qu'inflige cette main d'oeuvre des pays en développement aux pays du Nord, est à relativiser. Mais ce n'est pas pour autant qu'elle n'éxiste pas et qu'elle n'induit pas d'effets économiques.
A mon sens ,elle sert surtout les politiques de propagande du système économique dominant. A savoir mettre la pression de manière à moins payer l'employé, lui faire peur quoi. On est là dans le cadre de la prophétie auto-réalisatrice. Si tout le monde y croit...

Au sein du système ultra-libérale tel qu'il se présente aujourd'hui, je trouve ces manoeuvres logiques de la part de ses acteurs. Il faut minimiser les coûts de production pour s'enrichir et si la peur peut y aider, alors pourquoi pas ?
Bien sûr que l'ingénieur brésilien ou chinois, ne va pas venir en france faire chuter les salaires, ils ont leur carrières à faire dans leur pays. Je veux dire que de toute manière, ils ne vont pas faire 10000 Km pour avoir la même chose.
A l'image du Figaro, dont Denis Colombi parle ci-dessus, il suffit d'une bonne propagande au quotidien pour la mettre cette pression. Et la propagande fait des miracles...
économiques selon certains.

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