La discrimination comme nouveau paradigme

A l’occasion des débats sur les statistiques de la diversité, dites « ethniques », le thème des discriminations est revenu en force plus que jamais dans le débat public. Ce qui fait débat, plus que tout, c’est la réalité de ces discriminations : y a-t-il vraiment discrimination ou n’est-ce là qu’une excuse ou un masque qui cacherait d’autres inégalités ? Ce point est évoqué par Mathieu P. dans les commentaires du blog d’éconoclaste, point de départ de ma présente réflexion. S’il est une question que l’on se pose trop peu alors qu’elle est centrale dans cette discussion, c’est bien celle de savoir pourquoi le thème des discriminations a pris une telle place dans le débat public, et, plus largement, dans l’expérience quotidienne d’une partie de la population. Petit essai d’explication.




1. La discrimination, de quoi parle-t-on ?

La discrimination peut être considérée comme un mode de lecture des inégalités. Les individus constatent très facilement que, malgré l’affirmation formelle de l’égalité entre les individus, de nombreuses différences existent entre eux et les autres. Ces différences peuvent être jugées légitimes ou illégitimes selon leurs origines, leurs modes de production. La lecture des inégalités comme produit d’une discrimination implique deux choses :

- Premièrement, l’inégalité découle d’un comportement volontaire de la part d’un autre individu qui vise à discriminer, c’est-à-dire à mettre à l’écart, à couper la victime de l’accès à certains biens ou certaines positions. Ce comportement découlerait de la peur ou de la haine que porte le « discriminateur » au « discriminé ». La lecture est alors souvent morale : c’est la méchanceté d’un individu qui explique la discrimination.

- Deuxièmement, cette discrimination s’appuie sur l’appartenance de l’individu à un groupe ou sous-groupe qui peut-être défini de plusieurs façons. La plupart du temps, il s’agira de l’appartenance ethnique ou le sexe. Mais les comportements sexuels ou la séropositivité peuvent également être pris comme référence.

Ces deux points fournissent le modèle de la discrimination. Il est évident qu’il existe de nombreux cas où une inégalité découle effectivement d’une discrimination. Mais il semble bien que de plus en plus d’inégalités reçoivent une explication en terme de discrimination, sans qu’il soit toujours évident qu’il s’agisse clairement d’un comportement volontaire en référence à l’appartenance à l’individu. J’évoquais à ce propos, dans ma dernière note, le travail de Fabien Jobard sur la justice : les « maghrébins » sont bien condamnés plus durement que les autres, mais uniquement parce qu’ils sont jugés pour des faits plus graves. Ce dernier fait s’explique lui-même par les conditions de vie des « maghrébins », l’action de la police, etc. Il n’est pas impossible qu’il en soit de même ailleurs : dans l’éducation, par exemple, la moindre présence de certains minorités dans les filières les plus sélectives est-elle le signe que les sélectionneurs les refusent ou que les membres de ces minorités s’auto-censurent et ne se présentent pas ? Difficile à dire… du moins sans statistiques de la diversité.

Ce qui nous intéresse ici est plutôt de savoir pourquoi la thème des discriminations est de plus en plus présent, de plus en plus évoqué – du moins peut-on le penser – par les acteurs qui s’estiment victimes des inégalités. En d’autres termes, pourquoi la discrimination s’impose-t-elle de plus en plus comme mode de lecture des inégalités ?

2. De la domination à la discrimination : changement de paradigme

On peut défendre l’idée qu’il y a un changement de paradigme, de mode dominant de lecture des inégalités. Alors que, jusqu’à une certaine époque, les inégalités étaient vues comme le produit d’une domination sociale de certains groupes, ou, plus généralement, de la dynamique et des lois propres à un type de société particulier – la société capitaliste pour ne pas le nommer. La domination était alors le paradigme dominant.

Dans ces conditions, si les ouvriers étaient nettement désavantagés par rapport à d’autres couches de la population, il ne venait à l’idée de personne – ou de trop peu de monde pour que cela soit négatif – qu’il y avait une entreprise volontaire, personnalisée et personnalisante qui étaient à l’œuvre. La caractéristique de la domination était en effet d’être collective : ce n’est pas M. Tartempion qui me domine, mais le patronat, adversaire quasiment sans visage, mais qui n’en avait que plus de force. Les conflits étaient alors vécus sur le mode collectif, avec pour conséquence de déresponsabiliser en partie au moins l’individu de sa propre condition : c’était par l’action collective, et non individuelle, que le salut était possible (voir notamment les travaux de François de Singly sur l’individualisme [1], résumés ici, ici et ).

Ce paradigme n’existait pas et ne s’imposait pas par hasard : il était animé par certains acteurs particuliers, qui lui donnaient forme et le diffusaient. Il est en effet important de se rappeler, à l’aide de la sociologie de l’acteur-réseau, que les groupes n’existent que parce qu’il existe des médiateurs qui les construisent, les diffusent et les font tenir [2]. Dans le cas de ce paradigme de la domination, d’où découlaient certains groupes sociaux particuliers, c’est, en France, le parti communiste et les différentes incarnations du mouvement social qui prenait en charge cette construction.

Or, aujourd’hui, c’est un paradigme différent qui tend à s’imposer et à se diffuser, sans toujours remplacer celui de la domination : le paradigme de la discrimination. Dans celui, comme je l’ai précisé, les inégalités sont vécues sur un mode individuel, avec comme conséquences que les possibilités de s’en sortir sont moins évidentes, surtout quand la victime se sait privée de ressources.

Mais de la même façon que le paradigme de la domination se déployait en s’appuyant sur certains acteurs et médiateurs, celui de la discrimination n’existe pas dans un vide social : il s’agit d’expliquer la diffusion de cette idéologie et la formation des nouveaux groupes qui en découle.

3. De la construction sociale de la réalité

Thomas Luckmann et Peter L. Berger proposent, dans un célèbre ouvrage [3], un modèle théorique particulièrement intéressant, et à la postérité florissante : celui de la construction sociale de la réalité. Sans entrer dans les détails des développements théoriques, on peut ici retenir trois points particulièrement importants :

- Ce que les individus tiennent pour être la « réalité », dans leur vie quotidienne, découle d’une construction sociale, c’est-à-dire qu’il est le produit d’une expérience intersubjective, des différentes interactions entre les individus. C’est ce qui se passe ici pour la diffusion du paradigme de la discrimination. Confrontés à une inégalité, les individus d’un groupe donné, auquel appartient la victime, vont construire la réalité de cette inégalité – leur réalité – par le biais de leurs interactions . Ce point sera développé plus longuement dans la partie 4.

- Cette réalité est, en quelque sorte, solide. Une fois construite, elle parvient, aussi longtemps qu’elle trouve des individus ou des groupes pour la relayer, à s’imposer à d’autres. Même si elle peut être coupée de la réalité au sens philosophique (ce qui est vrai, de manière générale), elle sera considérée comme telle dans les groupes où elle a été construite. Elle constituera un schéma incorporé par les individus, que ceux-ci vont mobiliser pour interpréter tout nouveau fait, toute nouvelle information. C’est ainsi que l’on passe du subjectif à l’objectif.

La question de l’ouvrage de Berger et Luckmann, question centrale pour la sociologie, s’exprime de façon claire :

« Comment se fait-il que les significations subjectives deviennent des facticités objectives ? Ou, en termes appropriés aux position théoriques énoncées plus haut : comment se fait-il que l’activité humaine produise un monde de chose ? » [3]

- Cette réalité se construit essentiellement dans les relations quotidiennes de proche en proche, par la socialisation continue des individus. Ce sont les conversations quotidiennes, les micro-interactions qui forment et revitalisent cette réalité socialement construite. Bien des institutions plus globales – l’école, l’Etat, les médias, etc. – jouent un rôle fondamental, qui ne doit pas être négligé. Mais la socialisation qu’ils exercent a besoin de relais : j’aurais plus de mal à croire ce que me dit Tf1 si tout le monde autour de moi me répète et me convaincs qu’il ne faut pas croire P.P.D.A.

Avec ces différents éléments en tête, nous allons pouvoir essayer de comprendre pourquoi le paradigme de la discrimination s’impose et se maintient. Comme je l’ai déjà dit, il vaut mieux d’abord poser la théorie.

3. L’expérience urbaine

Afin de comprendre ce phénomène, il convient de prendre en compte le décor dans lequel se jouent les interactions qui vont être en cause dans la construction de cette réalité. Il s’agit ici des fameuses « banlieues » et plus généralement de la ville. C’est de là que nous allons partir.

Un avertissement néanmoins : il ne faut pas voir ce décor comme totalement déterminant. Il ne suffit pas, on le verra, à expliquer la situation. Pour autant, l’organisation matérielle de l’espace et les objets qui y prennent place ouvrent la possibilité à certaines relations, à certains comportements, et, dans le même temps, ferment la voie à d’autres façons de se faire ou de s’organiser. Comme le dit Bruno Latour :

« Outre le fait de "déterminer" et de "servir d’arrière-fond de l’action humaine", les choses [ici : la ville] peuvent autoriser, rendre possible, encourager, mettre à portée, permettre, suggérer, influencer, faire obstacle, interdire et ainsi de suite » [2]

Autrement dit, je ne cède pas à l’explication simpliste qui consiste à accoler l’adjectif urbain à n’importe quel problème – violences urbaines, cultures urbaines, musiques urbaines – pour expliquer n’importe quoi (et souvent n’importe comment). Je ne prétends pas que l’architecture de la ville suffit à expliquer le paradigme de la discrimination et que raser les banlieues suffirait à régler le problème – bien au contraire. Simplement, sans la ville et l’urbain, le problème serait différent.

Commençons donc par le commencement : qu’est-ce que la ville, sociologiquement parlant ? On peut la caractériser par une division/spécialisation sociale de l’espace, les différents groupes sociaux se situant différemment à l’intérieur de celle-ci [4]. Les banlieues qui nous intéressent se caractérisent par un forte dégrée de ségrégation sociale : elles rassemblent des populations porteuses de divers stigmates ou handicaps sociaux [5], enfermées dans ces quartiers et n’ayant que peu de possibilité d’en sortir, que cette sortie soit temporaire (enclavement) ou définitive (immobilisation).

Mais la ville se caractérise aussi par la rencontre et l’incertitude : en marchant dans la rue, espace public par excellence, il est toujours possible de rencontrer des groupes ou des personnes « imprévues », des situations inattendues. La ville, c’est très largement ce paradoxe d’un éloignement et d’un rapprochement entre les individus et les groupes. Comment cela se manifeste-t-il pour nos banlieues ?

Tout d’abord, par l’extrême interconnaissance qui caractérise les quartiers populaires. Loin de l’image des grandes cités anonymes où personne ne se parle, de nombreuses enquêtes ont mis l’accent sur la très forte sociabilité, en particulier entre les jeunes. Dans la cité des Quatre Mille, à la Courneuve, tout le monde se connaît, nous dit David Lepoutre dans une passionnante enquête ethnographique [6]. Demandant à quelques jeunes informateurs d’énumérer toutes les personnes qu’ils peuvent nommer dans la cité, il obtient des listes de 500 voire 1000 noms ! Cela doit en partie à l’organisation matérielle du quartier : les appartements étant souvent trop petits pour des familles nombreuses, les jeunes passent plus de temps dans la rue, au pied des immeubles.

Ensuite, le deuxième aspect de l’expérience urbaine se manifeste par la rencontre régulière entre les jeunes qui nous intéressent et un groupe extérieur : la police. Les forces de l’ordre sont ici doublement extérieure : non seulement d’un point de vue urbain (il s’agit rarement d’habitants du quartiers), mais aussi socialement. Assimilée à un Etat perçu comme lointain, elles ne s’intègrent pas ou peu dans le décor urbain quotidien des populations en question.

4. La construction de la réalité dans les cités

A partir de ces différents éléments, on comprend très facilement par quel processus se produit la réalité du paradigme de la discrimination. Celui-ci ne dépend pas d’une manipulation médiatique ou politique, ni même de l’action normale d’un mouvement social. Elle est la conséquence logique de l’expérience urbaine des acteurs concernés.

C’est ce qu’avance Marco Oberti dans un récent ouvrage [7] consacré aux relations entre les ségrégations scolaires et urbaines.

« On assiste ainsi, de la part des jeunes eux-mêmes à un recours plus diffus à la discrimination pour expliquer leur situation difficile ou d’échec, pour laquelle l’intentionnalité de la discrimination tend à l’emporter sur les éléments structurels et/ou personnels de désajustements-dysfonctionnement » [7]

D’après lui, la ségrégation urbaine contribue à attribuer étroitement certaines populations, identifiés par leur appartenance ethnique, leur couleur de peau, leur religion ou autres, à certains comportements ou certaines situations (violences, pauvreté) dans la réalité socialement construite. Ceci est vrai dans les deux sens. D’une part, les « jeunes de banlieue » sont perçus comme un groupe à part par les personnes extérieures à ces quartiers – par exemple les parents d’élèves qui cherchent le meilleur établissement pour leur enfant et s’inquiète du nombre élevé de survêtement qui tourne autour du collège local. D’autre part, les jeunes eux-mêmes se conçoivent peu à peu comme tels.

Ainsi, la ségrégation « favorise le passage d’une logique d’inégalités à une logique de discrimination » [8], et ce d’autant plus que l’information circule rapidement dans ces quartiers. En effet, du fait de l’interconnaissance précédemment signalée, toute nouvelle expérience de discrimination - n’oublions pas que celles-ci existent bel et bien – va rapidement faire le tour du quartier, ou au moins de ses fractions juvéniles. Elle va apporter sa pierre à la construction du paradigme. Et ce phénomène est parfaitement rationnel – comme d’ailleurs toute idéologie [8] (voir ici pour une explication) – : n’est-il pas plus rationnel de croire mon pote qui me dit que les policiers s’en sont pris à ses potes parce qu’ils sont noirs plutôt que les médias qui me disent le contraire ?

Les jeunes les plus « connus des services de police », ceux qui y ont le plus souvent affaire, peuvent ainsi devenir, comme le dit Fabien Jobard [9], des acteurs politiques. Ils diffusent leur expérience, qui est fait de la perception d’une discrimination : les policiers s’en prennent en eux parce que ce sont des racistes, parce qu’ils ne les aiment pas, etc. Cet aspect des choses est renforcé, selon Jobard, se portent de plus en plus partie civile dans les affaires d’outrage à représentant de la force publique. Ce fait personnalise les relations entre les jeunes et la police : les premiers ne se frottent plus à une institution étatique, mais à des individus particuliers. De là provient sans doute le sentiment de discrimination : ce n’est pas l’Etat qui me domine, mais l’agent Bidule qui ne m’aime pas. On retrouve ici la personnalisation qui marque la discrimination par rapport à la domination.

5. Interprétations et typification

Une fois ce paradigme en place, celui-ci s’impose aux individus, ou, plus précisément, est réutilisé par eux pour interpréter toute nouvelle information. Si, dans le quartier, une nouvelle histoire mettant aux prises des jeunes et des personnes extérieures commence à se diffuser, elle sera immédiatement lue en terme de discrimination. Par exemple, si deux jeunes meurent dans un accident avec une voiture de police, il ne faudra pas longtemps pour que chacun dans le quartier sache que la faute en revient aux policiers, avant même tout résultat d’enquête.

Un concept utile de la sociologie de la construction de la réalité est celui de « typification ». Ce phénomène « consiste à intégrer la présence d’autrui dans des schémas préétablis afin de réduire l’incertitude au sujet de l’attitude à adopter à leur endroit » [4]. Autrement dit, les comportements d’autrui sont ramenés par le sujet aux modèles dont ils disposent, afin que celui-ci sache comment se comporter, comment rentrer en interaction avec eux, etc. Lorsque je me rend chez mon boulanger – je vous recommande la baguette « à l’ancienne », un peu chère, mais tellement bonne – peu m’importe la personnalité de la vendeuse, nos points communs ou nos divergences : je l’ai « typifié » comme vendeuse, de la même façon qu’elle m’a typifié comme client.

Dans le cas qui nous intéresse, on peut raisonnablement supposer que tout représentant des institutions, employeurs et autres personnes qui exercent, d’une façon ou d’une autre un pouvoir sur les jeunes sera très facilement typifié en discriminateur ou raciste. L’enseignant met une mauvaise note ou punit parce qu’ils ne nous aime pas, le policier est raciste, le responsable de l’ANPE n’aime pas les reubeus : on peut facilement imaginer comment ces typifications s’expriment de la façon la plus quotidienne qui soit. L’explication de la situation personnelle par la discrimination est d’autant plus aisée qu’elle est déjà là, déjà disponible pour l’acteur.

6. Conclusion

En guise de conclusion, deux mots sur le débat sur les statistiques ethniques, déjà évoqué ici. On peut en effet se demander les effets de telles statistiques sur cette lecture des inégalités en terme de discrimination. Evidemment, tout dépend des résultats. Comme je l’ai déjà dit, il est possible que de telles statistiques viennent relativiser le côté « personnalisant » de ces discriminations, en mettant à jour des processus discriminants sans qu’il y ait pour autant de volonté de discrimination. Les policiers, par exemple, sont loin d’être tous racistes, mais certaines de leurs façons de travailler peuvent poser problème (voir ici pour une excellente présentation). Cela suffira-t-il à faire reculer ce paradigme de la discrimination ? On peut en douter. Celui-ci constitue une attitude rationnelle par rapport aux conditions d’existence et aux relations sociales qui forment l’expérience quotidienne de certaines populations. Les statistiques, les discours médiatiques, étatiques ou scientifiques peuvent facilement être mis à distance (« ils nous mentent », « ils nous manipulent »…). Il est donc essentiel de bien comprendre que ce type de statistiques ne peuvent être qu’un outil, et en aucun cas une réponse, à cette situation.

Bibliographie :

[1] François de Singly, L’individualisme est un humanisme, 2005

[2] Bruno Latour, Changer la société. Refaire de la sociologie, 2006

[3] Peter L. Berger, Thomas Luckmann, La construction sociale de la réalité, 1966

[4] Yankel Fijakowl, Sociologie des villes, 2004

[5] François Dubet, Didier Lapeyronnie, Les quartiers d’exil, 1999

[6] David Lepoutre, Coeur de banlieue. Codes, rites et langages, 2001

[7] Marco Oberti, L’école dans la ville. Ségrégation – mixité – carte scolaire, 2007

[8] Raymond Boudon, L’idéologie, ou l’origine des idées reçues, 1992

[9] Fabien Jobard, « Sociologie politique de la "racaille" », in Hughes Lagrange, Marco Oberti, Emeutes urbaines et protestation. Une particularité française, 2006

[10] Philippe Riutort, Précis de sociologie, 2004


1 commentaires:

Anonyme a dit…

Je n'ai pas encore lu la note, mais il me semble qu'elle peut être rapprochée d'un article récent de Patrick Simon dans la revue Mouvements : "Comment la lutte contre les discriminations est passée à droite".

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