Boris, par pitié, reste en dehors de tout cela

Malgré l'adoubement médiatique dont il a fait l'objet, parfois même dans mon magazine de référence à moi, Boris Cyrulnik ne m'a jamais semblé être plus qu'un de ces intellectuels médiatiques comme Alain Finkielkraut ou Alain-Gérard Slama qui développent une pensée plus proche du slogan que de la réflexion. Ses sautillements sur la "resilience" - un concept dont le vide intersidéral n'a d'égal que la quantité de papier qu'il a contribué à gâcher - font certes les beaux jours des magazines à grand tirages (parce qu'expliquer à ses lecteurs que s'ils échouent, c'est parce qu'ils ne sont pas résilients, ça fait vendre), et lui donne donc une tribune médiatique dont des gens plus sérieux ne font que rêver. Et voilà que le monsieur l'utilise pour tacler les théories du genre. Ecoute, Boris, tu gâches déjà la vie des psychiatres, alors s'il te plaît, reste en dehors de tout ça, laisse nous tranquille.

Allez, comme d'habitude, je vais être sympa, je vais d'abord donner la parole à l'adversaire, que chacun puisse mesurer par lui-même l'étendue des bêtises proférées avec une assurance qui, chez certains, passeraient pour de l'arrogance, mais qui chez un intellectuel de plateau passe pour de la profondeur :

Les partisans de la théorie du genre considèrent qu'on éduque distinctement les filles des garçons pour perpétuer la domination masculine. Les croyez-vous ?

Je ne crois pas du tout à la suprématie des garçons, bien au contraire. Vers 17 mois, les filles disposent de cinquante mots, de règles de grammaire et d'un début de double réarticulation, par exemple être capable de dire "réembarquons", au lieu de "on va encore une fois dans cette barque". Avec quatre phonèmes, les filles expriment un discours. Les garçons obtiennent cette performance six mois plus tard ! 75 % des garçons commettent de petites transgressions (chiper un biscuit, pincer un bras, etc.), contre 25 % des filles. Alors ces filles, plus dociles, parlant aisément, sont bien mieux entourées. Il est plus aisé d'élever une fille qu'un garçon. D'ailleurs, en consultation de pédopsychiatrie, il n'y a que des petits garçons, dont le développement est bien plus difficile. Certains scientifiques expliquent ce décalage par la biologie. La combinaison de chromosomes XX serait plus stable, parce qu'une altération sur un X pourra être compensée par l'autre X. La combinaison XY serait, elle, en difficulté évolutive. Ajoutons à cela le rôle majeur de la testostérone, l'hormone de la hardiesse et du mouvement, et non de l'agressivité, comme on le croit souvent. À l'école, les garçons ont envie de grimper aux murs, ils bougent, ils souffrent d'être immobilisés. Or notre société ne valorise plus la force et le courage physique, mais l'excellence des résultats scolaires. Elle valorise la docilité des filles.

Pourquoi n'avoir rien dit dans cette querelle autour de la théorie du genre ?

Je pense que le "genre" est une idéologie. Cette haine de la différence est celle des pervers, qui ne la supportent pas. Freud disait que le pervers est celui qu'indisposait l'absence de pénis chez sa mère. On y est.

Boris Cyrulnik, un néoréactionnaire qui s'ignore

Commençons par la partie facile, la réponse à la deuxième question recopiée ci-dessus. Boris Cyrulnik identifie les théories du genre et même le genre lui-même à une "haine de la différence". C'est honnêtement magnifique. Parvenir à rassembler en seulement trois lignes autant d'erreurs, de préjugés et de crétineries est en soi une forme d'art qui mérite un moment d'admiration béate.

Erreur : les théories du genre ne visent en rien à "nier" ou à "haïr" la "différence". Elles prennent actes qu'il existe des différences entre hommes et femmes, mais constatent également que celles-ci ne peuvent pas vraiment s'expliquer par la biologie. Qu'au contraire, il existe une vaste de gamme de différenciation entre hommes et femmes entre les cultures et entre les époques. Et elles cherchent à expliquer ces différences.

De ce fait, le genre n'est pas une idéologie. Ni une théorie. C'est un fait, un fait scientifique, aussi solide que peut l'être un tel fait. Le genre est la construction sociale des différences entre masculin et féminin. N'importe qui, même Boris Cyrulnik, peut constater qu'il existe des activités masculines (le football en Europe) et des activités féminines (le soccer aux Etats-Unis) et que celles-ci font l'objet d'une reconnaissance et d'une légitimité différente. Et n'importe qui, à part peut être Boris Cyrulnik, peut comprendre que cela ne s'expliquer en rien par une histoire de chromosomes. C'est cela le genre.

Préjugé : Boris Cyrulnik parle de "haine de la différence". Depuis Christian Vanneste clamant que l'homosexualité, c'est la haine de la différence, on n'avait pas osé. Cyrulnik semble identifier "différence entre les sexes" à "différence". Malheureusement, ce n'est pas la même chose. Il existe un grand nombre de façon pour deux individus donnés d'être différents, et leur sexe n'en est qu'une toute petite partie. Si Boris et moi sommes tout les deux des mâles, il n'en reste pas moins que je suis assez fier d'être sur tous les autres plans aussi loin de lui qu'il m'est possible de l'être. Les homosexuels préfèrent avoir des relations sexuelles avec des personnes de leur sexe, cela ne veut pas dire qu'ils veulent coucher avec leurs "semblables" : il y a plus de différence entre les deux membres de certains couples homosexuels qu'entre ceux de certains couples hétérosexuels (si vous ne me croyez pas, regardez une pub pour The Kooples...)

Crétinerie : comme d'autres, Boris Cyrulnik exploite le fait que l'on parle de "théories" du genre pour les délégitimer en les faisant passer pour une "idéologie". Mais si l'on parle de théorie du genre, c'est de la même façon que l'on parle de théorie de l'évolution. L'évolution est un fait, et il existe différentes théories pour l'expliquer : est-ce de la sélection sexuelle ? de la sélection du mieux adapté ? Une combinaison de plusieurs principes ? Le genre, c'est pareil : il faut être un idiot pour ne pas voir que cela existe. Après, on peut discuter sur les façons de l'expliquer.

Lorsque l'on croise ces différents élèments, on se rend compte d'une chose : Boris Cyrulnik, après avoir introduit la "résilience" en France, semble bien décidé à y introduire une forme particulièrement basse de néoconservatisme. Il utilise une rhétorique qui est celle des néoréactionnaires : affaiblir une théorie scientifique par une mésinterprétation du mot "théorie" tout en surfant sur les valeurs les plus consensuelles (la différence, que l'on ramène discrètement à la seule différence de sexe...). La pathologisation de l'adversaire - "les théoriciens du genre sont juste des pervers" - appuyée sur une interprétation approximative de Freud achève le tableau : faute d'argument, on raconte n'importe quoi qui plaise aux médias...

Boris Cyrulnik, un mauvais scientifique

Mais je n'ai pas franchement de raison d'en rester là. La réponse que Boris Cyrulnik donne à la question précédente vaut également le détour. Après une bonne explication bien naturalisante sur les différences de comportements entre petits garçons et petites filles - ou plutôt une liste de fait dont il espère que la juxtaposition donnera l'impression, au mépris de la plus élémentaire logique, d'une causalité -, l'intellectuel de salon nous balance l'une des plus belles perles qu'il m'ait été donné de lire ces derniers temps :

Or notre société ne valorise plus la force et le courage physique, mais l'excellence des résultats scolaires.

Comment peut-on prétendre écrire un discours un tant soit peu rationnel sur les jeunes garçons et si mal les connaître ? Comment peut-on se poser en expert de la petite enfance et ne jamais avoir mis les pieds dans une cours d'école, ne jamais avoir étudié les productions culturelles destinées aux plus jeunes, ne jamais avoir mis le nez hors de chez soi ?

La force et le courage physique ne sont plus valorisé ? Mais au sein des cours d'école, elles sont un puissant moyen d'obtenir du respect et de la reconnaissance. Plus que cela, les sanctions scolaires servent très bien de validation à l'identité masculines : ceux qui refusent l'ordre scolaire, ont le courage d'affronter les enseignants et les personnels d'éducation, s'imposent auprès des autres par le physique, le sport et la force jouissent d'une bonne reconnaissance au sein de la société des élèves. C'est ce que révèlent de nombreux travaux sociologiques, comme par exemple ce très beau texte de Sylvie Ayral. Celui-ci souligne combien cette question est lié à la construction du genre.

L’injonction à la virilité et à l’hétérosexualité qui est faite aux garçons encourage également chez eux la violence physique, sexiste ou homophobe, à l’origine de nombreuses sanctions. La grande affaire est de se démarquer de tout ce qui est « féminin » ou assimilé au « féminin » (faiblesse, homosexualité réelle ou supposée) : il s’agit de ne pas « en être ». Et « ne pas en être » c’est, bien souvent, dominer les autres en montrant ou en laissant supposer qu’on peut être violent, y compris sexuellement, même si cela reste généralement à un niveau symbolique. La violence physique entre garçons est donc omniprésente mais revêt plusieurs formes : elle peut s’exercer dans le cadre d’une bagarre dans la cour de récréation, à la vue de tous et de toutes pour asseoir la réputation, au risque (en essayant ?) de se faire sanctionner mais également sur les garçons les plus jeunes et/ou les plus faibles. Elle s’accompagne alors d’une volonté de terroriser pour mieux régner et accéder au rôle de « petit caïd ». Cette violence ritualisée de domination est courante. Plusieurs garçons l’évoqueront au cours des entretiens :

« Comme l’année dernière, j’étais en 6ème, les 3èmes, ils s’amusaient à mettre des pancartes, à nous attraper, à les mettre dans les toilettes, à fermer la porte, à…à nous mettre des coups de pied au cul…enfin…voilà, à pousser et puis voilà .
- Question : Et c’était des garçons ou des filles ?
- Que des garçons.
- Question : Et ils faisaient ça aux garçons et aux filles ou… ?
- Non ils faisaient qu’aux…enfin… oui…ils faisaient aux garçons. Et je pense aussi, que…enfin, les 3èmes, quand ils étaient en 6ème, ils ont vécu ça, c’est… une chaîne, je pense pas que ça s’arrêtera. Les 3èmes, ils se sont fait…ils se sont fait taper en 6ème, alors, ils étaient…ils étaient faibles, et maintenant qu’ils sont en 3ème, ils sont contents parce que c’est plus…c’est plus eux les faibles. Alors ils se vengent à cause de ça… »

Voilà qui révèle une deuxième leçon sur Boris Cyrulnik : il ne fait pas le boulot d'étude et d'analyse que demanderait son sujet. Je ne pense pas que l'on puisse mettre cela sur le compte de la discipline à la quelle il tente de se raccrocher, la psychiatrie : ce n'est pas que celle-là est incapable de voir ce que la sociologie est capable de mettre en valeur, même s'il y a incontestablement des différences de méthodes. C'est ici un problème d'ignorance beaucoup plus profond de l'objet dont on prétend parler : si Boris Cyrulnik veut émettre des propositions sur l'état de la société, alors, il doit connaître celle-ci un minimum. Ici, ce n'est pas le cas.

Et le reste de l'entretien me direz-vous ? Disons qu'il ne m'inspire qu'une chose : notre homme s'est fendu d'un rapport sur le suicide des enfants vendu 21,90€ pour 160 pages, alors que Le suicide d'Emile Durkheim peut se trouver pour une dizaine d'euros et fait dans les 500 pages. Si vous êtes vraiment intéressé par le sujet, vous savez ce qu'il vous reste à faire.
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25 commentaires:

coulmont a dit…

Juste une remarque : Finkielkraut, avec un -i, pas Finkelkraut

Denis Colombi a dit…

Merci, c'est corrigé (et puis ça illustre bien ce que je disais...)

SocProf a dit…

Les theories du genre font peur aux hommes de droite parce qu'elles sapent leur conception entiere de la societe et de l'ordre social, fondes sur "the patriarchy".

Anonyme a dit…

"La force et le courage physique ne sont plus valorisé ? Mais au sein des cours d'école, elles sont un puissant moyen d'obtenir du respect et de la reconnaissance."

Certes, mais pour quel résultat à la sortie?

"The End of Men"
www.theatlantic.com/magazine/archive/2010/07/the-end-of-men/8135/

Léna a dit…

Vous semblez particulièrement virulent envers la compétence de Cyrulnik à parler de psychiatrie : est-ce que vous auriez des liens à l'appuie de cela ?

Je vous trouve extrêmement virulent et je pense que cela détruit un peu l'argumentation, alors que je suis à 100% d'accord sur le fond. Donc, juste pour la blague entre féministes, je dirais que si vous étiez moins agressif et plus doux, on aurait plus envie de vous suivre :D

Frédéric a dit…

Même si j'encourage les PUF, le Suicide (le livre!) est accessible gratuitement sur le site Classiques des Sciences Sociales: http://classiques.uqac.ca/classiques/Durkheim_emile/suicide/suicide.html

Benoît Perrier a dit…

Merci pour ce billet.
Cela dit, autant le premier point («un néoréactionnaire qui s'ignore») touche juste et est pertinent, autant l'exposition du second («un mauvais scientifique») me laisse dubitatif.
Pas tant que je pense que la qualité d'intellectuel public garantisse la scientificité (c'est une litote) mais bien que votre description gagnerait à expliciter dans quelle mesure «la société des élèves» est le produit de la société en général et, a fortiori, de la «société des adultes». On devine à l'évocation des «productions culturelles» (du fait des adultes) et de «l'identité masculine» (un fait général) qu'il y a un lien entre la cour de récréation et la société au sens le plus large mais le raisonnement demeure implicite (à tout le moins pour un non-sociologue).
Or, cette ambiguïté peut permettre à un défenseur résilient d'argumenter que Cyrulnik parle de «notre société» là où vous parlez de «la leur» enfantine.
Cordialement.

Denis Colombi a dit…

@Benoit Perrier : critique pertinente : j'aurais dû développer plus ce point. J'en profite donc pour répondre très rapidement à overtherainbow : la valorisation de la virilité et de la violence dans la société des élèves trouve sa source dans la société "en général". On la trouve dans la musique (rap, r'n'b mais aussi la variété : il suffit d'écouter Sardou pour s'en convaincre), dans la place accordée au sport et aux sportifs, mais aussi dans les représentations de l'économie : guerre économique, compétition, jeunes loups/requins... Ce sont les figures masculines qui associent force, puissance et "courage" qui dominent. Sans compter tout le sexisme ambiant dans les entreprises que ne vient que très partiellement réduire l'augmentation du nombre de femmes parmi les diplômées.

@Frédéric : en effet, et c'est un excellent site.

@Léna : critique pertinente aussi, mais la virulence est aussi un moyen de se faire entendre dans les modes de communications actuels : les structures sexistes s'imposent même à moi :)

Bejar a dit…

Bonjour,

Il me semble que la question du genre est complexe et que donc les reponses apportees ne peuvent etre simples voire singulieres. En ce qui concerne le conflit parental, d'apres moi, le mieux est de prevenir en amont et de voir venir afin d'eviter le pire.

Quand il est la, pourquoi priver les enfants de la paternite ou de la maternite ? A mon avis, ni le pere ni la mere biologiques ne doivent faire defaut. Si l'espace et le temps ne peuvent etre partages pour faciliter la situation conflictuelle, pourquoi ne pas privilegier la relation de genre justement, en rapprochant le fils de son pere et la fille de sa mere ?

Denis Colombi a dit…

@Bejar : je l'avoue, je ne vois pas bien le rapport entre votre commentaire et le billet ? Quant à dire que ni le père biologique ni la mère biologique ne doivent faire défaut, outre la normativité de cette proposition, il y a un problème : que faites-vous des enfants adoptés ? Quant à dire qu'il faudrait rapprocher les filles de leurs mères et les fils de leurs pères, outre que c'est supposé que chacun a les deux, ça n'a aucun fondement : il y a bien d'autres critères pour être un bon parent que celui de son sexe que vous confondez par ailleurs avec le genre.

Rudi a dit…

Whah je ne savais pas que Cyrulnik était aussi crétin (dit comme ça c’est un peu brut de décoffrage mais ce mot lui correspond très bien), merci pour cet éclairage très instructif !
Deux remarques
1/ La question était elle-même bien biaisée mais notre scientifique fonce droit dans le mur : « Les partisans de la théorie du genre considèrent qu'on éduque distinctement les filles des garçons pour perpétuer la domination masculine. Les croyez-vous ? » Comme vous le dites bien, l’existence des genres masculin / féminin est un fait incontestable, les théories tentent de l’expliquer. Mais en ce qui concerne la théorie de la domination masculine à laquelle il est fait référence, l’apriori finaliste que sous-tend la question est lamentable.
2/ Il y a d’autres perles ! Amusons nous, saurez-vous les trouver ? Allez, deux autres :
- « [la notion de la mort donne] une maturité intellectuelle précoce qui pose problème, car elle s'acquiert au prix de l'angoisse. Cessons de les forcer, de les surstimuler, surtout les filles. »
Surtout les filles !?
- « Un enfant qui grandit avec papa et maman qui s'aiment, sa petite chambre à lui, des devoirs surveillés, aura forcément de bonnes notes. » Enfin la solution, merci M. Cyrulnik ! Il faut le dire à tous les parents : de la stabilité affective et aucun souci.

Denis Colombi a dit…

@Rudi : L'apriori finaliste en question est en effet problématique, mais découle surtout de la mauvaise compréhension/formulation du journaliste.
Je dois dire que j'apprécie beaucoup les conseils de Boris Cyrulnik : quand tout va bien, les choses vont biens. On sent que c'est un thérapeute de talent.

Incanus a dit…

Merci pour ce billet qui va droit au but! Maintenant, si Boris pouvait la mettre un peu en veilleuse et prendre des cours de méthodologie scientifique...

Juste pour apporter ma pierre sinon, ne pensez-vous pas que ces attaques s'inscrivent dans un mouvement plus large de délégitimisation envers les sciences sociales au sens large?

Vous remarquerez que la sociologie, l'anthropologie ou la psychologie, pour n'en citer que quelques unes, sont toujours suspectées a priori d'être des sous-sciences, aux résultats extrêmements flous, fluctuants, bref, comme vous le dites, un écheveau de "théories" (cad dans l'esprit de ces crétins, ne reposant sur aucun fondement, c'est bien mal comprendre le rôle d'une théorie dans le travail scientifique) que l'on peut donc remettre en question sans apporter le moindre fait, la moindre l'analyse, à l'appui de ces critiques.

Ces mêmes idiots savants se permettent sur des sujets "sociaux" des comportements aberrants qu'ils n'oseraient jamais montrer sur le plan de la physique ou de la chimie (quoique Allègre nous fasse régulièrement des démonstrations de niaiserie en météorologie).

Les sciences sociales sont vraiment un sport de combat...parce qu'elles représentent un énorme enjeu pour les détenteurs de pouvoir?

Rudi a dit…

...un thérapeute de talent qui n'a pas lu Bourdieu : quel devra être le différentiel de stabilité affective pour que le taux de réussite scolaire d'un fils d'ouvrier soit identique à celui d'un fils de cadre ? Une question de haute voltige scientifique qui espérons le restera sans réponse :)

Rudi a dit…

@Incanus
Pour moi c'est davantage de l'ignorance (sur des sujets à enjeu de pouvoir certes). C'est plus comme le dit Bourdieu (je traduis) : comme on fait partie de la société tout le monde a un avis et se croit sociologue, en faisant de la socio de comptoir du coup. C'est quelque chose de normal mais qui pose problème au scientifique qui doit souvent commencer par déblayer les idées reçues. Mais c'est moins pardonnable de la part d'une personne reconnue en sciences humaines. Ca n'est pas parce qu'il a de la légitimité en psycho (et encore ?) qu'il peut se la jouer sociologue, sans citer la moindre étude qui plus est.

dianesr a dit…

Autant je suis d'accord avec vous sur l'ineptie de son avis sur le genre, autant son étude sur le suicide des enfants me semble intéressante, et renvoyer à Durkheim, c'est sciemment ignorer les évolutions sociétales qui ont eu lieu depuis et ont été prises en compte par Cyrulnik dans ce domaine précis.

HKo a dit…

sans commentaire tant je suis effarée et je note juste que
enseignant-es est, ce 5 octobre 2011, soit demain, consacrée à l’égalité des genres car «bien que la profession
enseignante soit largement composée de femmes, l'inégalité demeure un problème fondamental.
Même si, dans de nombreux états, des mesures visant à assurer l'égalité sont garanties par les
politiques, leurs objectifs ne sont toujours pas atteints». Journée Mondiale (JME) des Enseignant-es

http://www.5oct.org/2011/

Denis Colombi a dit…

@dianesr : vu le contenu de l'interview - qui devrait être l'occasion de mettre en avant les points les plus saillants du travail réalisé - et qui se contente d'enchaîner les banalités, je pense qu'il est mieux de se reporter à Durkheim...

mkd a dit…

Article intéressant, même si je regrette un peu moi aussi la comparaison avec le livre de Durkheim à la toute fin, comparaison qui se fait sous le rapport pagination/prix, ce qui n'est pas exactement le problème ici :D

Ce qui m'a surtout choqué dans les réponses de Cyrulnik, c'est qu'à la question :

"Les partisans de la théorie du genre considèrent qu'on éduque distinctement les filles des garçons pour perpétuer la domination masculine. Les croyez-vous ?"

(qui impose effectivement un biais finaliste, comme l'a dit un commentaire), question qui fait directement et à l'évidence référence au livre de Bourdieu (la Domination masculine), Cyrulnik répond totalement à côté de la plaque...

On lui parle de domination symbolique, socialement construite, il répond biologie. C'est assez consternant, ou alors je n'ai pas tout compris.

rui a dit…

J'ai pas très bien saisi a quel moment cyrulnik a flingué la sociologie ( étonnant de la part de quelqu'un qui prône depuis autant d'années la pluridisciplinarité ).
Ce que fait cyrulnik dans ses livres c'est de la vulgarisation non? Est ce franchement si grave que des gens qui souffrent tentent de lire ça ( et par la même y trouvent peut etre une passerelle vers un appel a l'aide difficile).Moi je préfère que des gens qui vont mal trouvent du réconfort dans des livres plutot que devant tf1 en buvant de l'alcool...
voilà.. remerciez le déjà.. sans sa notoriété je pense que vous n'auriez pas été lus par autant de monde ;)

Denis Colombi a dit…

@rui : si vous avez lu l'extrait de son interview, vous avez vu qu'il s'en prenait d'une façon assez stupide aux théories du genre...

Cyrulnik ne fait pas seulement de la vulgarisation : il défend la "résilience" notion qui est plus que hautement critiquable.

John a dit…

Bonjour,

merci pour cet article, qui montre que même les vedettes médiatiques dans les domaines des sciences peuvent dire des conneries à pleines louchées...

Je suis frappé par le fait que dans son rapport sur le suicide des 5 - 12 ans, Cyrulnik ne parle JAMAIS du suicide des jeunes homos. Je sais bien que 11-12 ans c'est tôt, mais il y a beaucoup de jeunes qui se savent déjà homos à cet âge, ou du moins qui sont hésitants et qui pensent qu'ils le seront peut-être, voire sans doute... Or, les ados homos font beaucoup de tentatives de suicides : il est donc mathématiquement impossible qu'il n'y ait aucun jeune suicidaire de 11-12 ans dont le désespoir soit lié à l'homophobie de sa famille, de l'école, etc. et à ses propres angoisses. Après avoir lu les déclarations de Cyrulnik, je comprends mieux pourquoi ce point n'est pas abordé dans son rapport - je comprends même beaucoup mieux.

Merci !

John a dit…

Pourtant, je lis ceci de Cyrulnik :

http://www.psychologies.com/Famille/Etre-parent/Mere/Articles-et-Dossiers/Homos-et-parents/5

Aurait-il changé ses opinions depuis 2010 ?

Louise a dit…

http://www.rue89.com/2013/06/29/risque-radoter-theorie-genre-nexiste-243298

Louise

Louise a dit…

@John: Je pense que vous confondez un peu tout quand même. Boris Cyrulnik est pour l'homoparentalité mais s'est exprimé de façon idiote sur les questions de genre...

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