Universitariser le lycée, vraiment ?

Jean-Michel Blanquer, directeur général de l’enseignement scolaire, a récemment évoqué l'idée d'universitariser le lycée - ce qui n'a pas manqué de plonger dans la confusion tous ceux qui ont connu le fonctionnement anomique des universités françaises... En ce qui concerne mes disciplines de prédilections, on pourrait lui répondre avec cette remarque de Stéphane Beaud dans la tribune qu'il publie aujourd'hui dans Libération :

Renouveler même erreur au lycée confine à l’absurde. Si les khâgnes B-L (option sciences sociales) et les Instituts d’études politiques sont aujourd’hui si attractifs, c’est, entre autres raisons, du fait de leur programme ouvert en sciences sociales (économie, sociologie, histoire contemporaine).

Les Universités gagneraient à adopter un fonctionnement plus proche du lycée, permettant aux étudiants de découvrir plus progressivement des disciplines en ne se spécialisant que petit à petit, comme le propose les SES, les khâgnes B-L et les IEP. Et avec aussi un encadrement plus fort, assuré, pendant les premières années, par des enseignants dont la spécialité est bien l'enseignement et non la recherche. Après tout, comme le disait Max Weber, il est très rare que le talent pour la recherche et le talent pour l'enseignement se retrouve chez la même personne. Ce à quoi j'ajouterais que c'est d'autant plus improbable lorsque l'on n'est formé qu'à la recherche.

Dans la tribune de Stéphane Beaud, on s'attachera aussi à ce passage à propos de la victoire des Bisounours :

Les sciences sociales ont cette vertu, indispensable en démocratie, de donner à voir la réalité sociale telle qu’elle l’est et non pas telle que le pouvoir, ou les pouvoirs, souhaiteraient qu’elle soit. Le maigre corps des professeurs de SES a besoin du soutien des enseignants des autres disciplines sœurs, du monde universitaire et de la recherche, des syndicats, des parents d’élèves sensibles à ces questions, des élus nationaux et locaux, etc. bref de tous ceux qui ne résignent pas à cette dangereuse entreprise de dilapidation par le gouvernement actuel du précieux héritage culturel que constitue la présence plus que quarantenaire des sciences sociales au lycée.

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