[Une heure de lecture #6] En attendant la rentrée

Cela fait longtemps que je n'ai pas fait une petite liste de liens divers et variés. En attendant la rentrée, quelques petites choses intéressantes récupérées sur la toile, dûment commentées.


Les systèmes de santé français et allemands ont autre chose en commun : ils impliquent tous les deux de l'argent (en fait, ils sont même assez coûteux), mais les personnes qui en bénéficie semble tout à fait satisfait de payer pour les soins qu'ils reçoivent, que ce soit de leur poche (comme moi) ou au travers d'impôts, de cotisations et d'assurances (comme la majorité). Une bonne raison réside dans la qualité des soins : généralement, les gens sont prêts à payer lorsqu'ils sentent qu'ils en ont pour leur argent. Dans le même temps, dans les deux systèmes, la question du payement est tenu physiquement séparée des soins proprement dits.

Je soutiens que cette ségrégations du "business" et du "care" dans les services médicaux n'est pas sans lien avec l'expérience de la qualité et de la valeur qu'ont les patients. Ne pas avoir à s'embêter avec des questions d'argents quant vous arrivez chez le médecin ou aux urgences fait une grande différence pour le patient. J'espère que les Américains pourront vérifier selon par eux-mêmes, chez eux, plutôt que d'avoir à venir jusqu'en Europe pour faire l'expérience de cette énorme différence qu'un tout petit changement peut faire


Notons bien qu'il n'est pas question ici de la qualité effective des soins, mais de la disposition des individus à payer et de la façon dont ils valorisent les soins. On peut penser dès lors penser que le débat aux Etats-Unis, dont la violence étonne parfois les Européens, doit beaucoup à une mauvaise perception des soins du fait de leur trop grande proximité avec l'argent...

A lire aussi : Patient Safety - Canada and France sur le blog de Daniel Little.

Penser en sociologue

Les fidèles lecteurs connaissent ma sensibilité sur cette question. Une petite interview croisée entre une sociologue et un psychiatre donne une bonne illustration de la façon particulière de penser des sociologues : là où le psychiatre explique les problèmes des adolescents et leur perception en se référant à un modèle général de développement, la sociologue met l'accent sur l'inscription sociale des individus, la spécificité historique de la situation, etc. Une lecture commenté sur le Global Sociology Blog (quoi, encore ? Bah oui).

Toujours sur le même thème, sur un autre excellent blog, collectif cette fois, un post qui propose quelques règles pour penser en sociologue : How to think like a sociologist sur Everyday Sociology Blog. Des principes assez généraux, mais qui sont effectivement la base de toute approche scientifique des faits sociaux. On y souligne notamment les rapports entre la sociologie et la pensée critique, non pas au sens de "critique sociale" mais au sens "d'esprit critique" :

Prenez votre série télé préférée par exemple : si vous pensez comme un sociologue, vous pourrez observer qu'elle présente une vision un peu biaisé des crimes , ou ne met en scène que des Blancs ou des femmes incroyablement minces. Si vous ne pensez pas comme un sociologue, vous ne voudrez peut-être même pas être conscient de tout cela parce que vous aimez beaucoup cette série et que vous voulez continuer à la regarder.

En pensant comme un sociologue, vous pourrez la comprendre comme le produit d'une industrie du divertissement bien particulière et vous aurez alors envie de savoir coment les décisions y sont prises (comme l'a fait William Bielby). Les sociologues peuvent à la fois comprendre quelque chose plus profondément et continuer à en profiter.

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Luc Châtel découvre le monde...

Dans une interview donnée au Monde :

Une donnée m'a marqué. On compte, à l'entrée en 6e, 16 % d'enfants de cadres et 55 % d'enfants d'ouvriers et d'employés. En classe préparatoire, les proportions sont exactement inversées.

Si ce n'est que maintenant qu'il s'en rend compte, il y a du souci à se faire. Je propose aux lecteurs de ce blog de se cotiser pour envoyer un exemplaire des Héritiers (1964, soit il y a 45 ans...) et un de L'inégalité des chances (1973, 36 ans à peine...) à notre cher ministre (1964, tiens, commes Les héritiers...). Je n'irai pas jusqu'à proposer le rapport Coleman de 1966...

Orelsan, le "voile intégral", et la déviance

Quel rapport y a-t-il entre la condamnation morale du rappeur Orelsan pour sa chanson "Sale pute" et la mission sur le "voile intégral" (anciennement burqa) ? La domination masculine et les mauvais traitements faits aux femmes ? Ou plutôt une même déviance dont l'analyse peut faire ressortir les impensés des dénonciateurs ?

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