Le racisme comme système


Lorsque l'on tape "racisme" sous google, la première proposition qui apparaît est "racisme anti-blanc". Et sur les liens proposés, il faut attendre le quatrième pour avoir une critique de cette notion. Les sociologues affirment souvent que le "racisme anti-blanc" n'existe pas : une idée mal comprise, parce que souvent appréhendée avec ce qu'il faut de mauvaise foi pour se lancer dans la fausse indignation contre la "bien-pensance". Derrière cette idée, ce qu'il y a en jeu, c'est la compréhension de ce qu'est le racisme. Le plus souvent, celui-ci est perçu comme un sentiment individuel - en grande partie parce que les mouvements et politiques anti-racistes contribuent largement à le cadrer ainsi. Pourtant, du point de vue sociologique, ce n'est pas cela le racisme. Le racisme, c'est un système. Explications.

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Le capitalisme par le LOL

Un spectre hante l'économie : le spectre du LOL. Le capitalisme, on le sait depuis Marx, est travaillé par ses contradictions. Ce sont elles qui lui donnent sa dynamique, permettent de comprendre ses évolutions et ses crises. Pour que le système économique se maintiennent, ces contradictions ont chacune besoin de trouver un "fix" - suivant la belle expression de David Harvey, un terme qui signifie aussi bien la réparation que l'effet produit par une prise d'héroïne... Or, il est une technique que les individus utilisent souvent lorsqu'ils doivent eux-mêmes faire face à leurs contradictions, et il n'y a pas de raison que le capitalisme n'en vienne pas à faire de même. Cette technique, c'est l'humour.

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Genrer le capitalisme

Quelques temps marginale dans le champ académique, la question de la mobilité sociale revient, depuis plusieurs années, sur le devant de la scène, que ce soit au sein de la recherche ou dans le débat public. Après les débats, toujours en cours, autour du déclassement, c'est vers l'accès aux élites que se tournent à nouveau les regards : sans surprise, la mobilité ascendante constitue un enjeu politique et idéologique fort. En signant un petit livre très accessible, Jules Naudet fait à cet égard un travail de vulgarisation bienvenue, qui se double de ses nombreuses interventions dans les médias (voir par exemple son article dans Libération). Il faut dire que travailler le paradoxe qui consiste à étudier un cas incontestable de mobilité pour mieux soutenir que celle-ci n'existe pas vraiment n'est pas chose aisée : c'est pourtant ce que lui permet le récit détaillé du parcours d'un grand patron du secteur pétrolier venu des classes populaires lyonnaises. Une occasion de réfléchir sur une question classique : qu'est-ce qui fait adhérer au capitalisme ?

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Audition devant l'Assemblée Nationale

Mardi dernier, j'ai été auditionné devant la Commission d'enquête sur l'exil des forces vives de France de l'Assemblée Nationale. J'y ai présenté une partie de mon travail de thèse sur les marchés du travail et la mobilité professionnelle internationale. Vous pourrez trouver la vidéo de cette audition ici (les vidéos des autres auditionnés sont ). Je publie également ci-dessous le texte que j'avais préparé pour l'occasion, et qui livre un aperçu de quelques éléments de mon travail de thèse. Attention : il ne s'agit pas d'un verbatim, dans la mesure où j'ai complété, reformulé, remanier à l'oral. Je serais peut-être amené à revenir sur un certain nombre de point (comme l'intitulé de la commission d'enquête) ultérieurement.

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Panique(s) morale(s) et baccalauréat

Ce fut une année difficile - elles le sont toutes. Le programme est long et complexe. Il y a beaucoup de choses à voir, et des choses très nuancées. Il faut avancer à la fois rapidement pour pouvoir tout voir et suffisamment doucement pour ne laisser personne sur le carreaux, et aussi pouvoir aborder les différents aspects de chaque question. C'est un jeu d'équilibre très difficile, et on tombe souvent. Les élèves sont continuellement intrigués. Par leurs questions, ils remettent en cause, questionnent, s'interrogent, ouvrent des portes. Alors on discute beaucoup, loin de délivrer un cours à des éponges passives qui n'auront qu'à l'ingurgiter et à le dégurgiter. On arrive le matin avec une route droite en tête et, à la fin de la séance, on ne peut constater tous les détours que l'on a dû faire. Bref, on enseigne. Et puis vient le jour du bac, et on s'inquiète, on espère qu'ils auront tout ce qu'il faut pour répondre aux questions, que l'on n'a rien oublié, que ce ne sera pas trop compliqué, que l'on n'aura pas mal interprété un morceau du programme. On respire quand on découvre les sujets et qu'on se dit "ça, ils sauront faire... ça aussi... ça, c'est un peu plus délicat, mais on l'a vu...". Et puis il y a ces gens. Ces gens qui arrivent, regardent pendant trente secondes deux questions des sujets et balancent la sentence : "ENDOCTRINEMENT". En un instant, au nom d'une énième panique morale, ils invisibilisent tous nos efforts, tout notre travail et, plus grave, tout ce que les élèves ont fait et appris.

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Portrait du tueur en mec normal

Les Etats-Unis ont été frappé par une nouvelle tuerie, comme il s'en produit régulièrement depuis au moins 1999 et la tragédie de Columbine. A Santa Barbara, un jeune homme, Eliot Rodger, a tué au moins six personnes avant de se donner la mort. Dans les jours et sans doute les semaines qui viennent, les portraits du tueur vont pulluler, tentant, par le récit biographique, de donner sens à son acte - le mouvement a d'ailleurs déjà commencé, et les tueries précédentes ont eu leur lot en la matière... Le risque de la biographie est toujours de sur-enchérir sur l'exceptionnalité de l'individu ou de son acte. En bon adepte de la micro-histoire, je suis plus tenté d'utiliser les parcours individuels, aussi exceptionnels qu'ils paraissent, pour partir à la recherche de la normalité.

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