Ce sera un billet énervé. Très énervé. Fatigué aussi. Fatigué d'entendre des ignares et des incompétents baver de haine sur quelque chose qu'ils ne connaissent pas. Enervé de voir qu'on les laisse faire et que, pire encore, on leur donne raison. Enervé d'apprendre que je fais le mal. Enervé de voir que l'on laisse des mouvements religieux dicter la forme du débat public, surtout en matière d'éducation. Enervé de voir que la laïcité, c'est bon pour les autres, et qu'on peut envoyer paître la science et la connaissance par lâcheté politique et ignorance. Car depuis des années, j'enseigne ce contre quoi aussi bien la Manif de la haine que Vincent Peillon luttent désormais, dans une alliance que l'on voudrait improbable mais qui n'est que celle de la peur. J'enseigne le genre. Et je continuerais à le faire.
Pourquoi j'enseigne le genre
J'enseigne le genre parce que c'est ce que mon programme de Sciences économiques et sociales me demande de faire, n'en déplaise à Vincent Peillon qui double son ignorance crasse des sciences sociales - déjà étonnante pour un philosophe de profession... - d'une méconnaissance absolue de ce qui se passe dans l'administration dont il est le ministre. Voici ce que dit le programme de première de Sciences économiques et sociales :
De quelque façon qu'on le prenne, "la construction sociale des rôles associés au sexe", c'est le genre. Toute l'idée est là, même si la notion n'est pas mobilisée, sans doute pour éviter aux imbéciles de venir s'exciter à nouveau sur l'enseignement de SES. C'est après tout aussi pour cette raison que le chapitre sur la déviance ne comporte pas la notion de "carrière délinquante" qui reste pourtant incontournable.
J'enseigne le genre parce que c'est un fait. Pas une théorie. Pas une position philosophique. Pas un choix politique. Le genre existe, que cela vous plaise ou non. Si vous pensez qu'il n'existe pas, c'est que vous êtes un crétin. Si vous pensez qu'il n'existe pas, c'est que que vous avez besoin de regarder les parties génitales d'une personne pour savoir s'il faut lui dire "monsieur" ou "madame". Si vous pensez qu'il n'existe pas, c'est que vous pensez que quand on dit "cette tenue est féminine", on dit qu'une jupe a des chromosomes XX. Si vous pensez que le genre n'existe pas, c'est que vous avez un niveau inférieur à celui de mes élèves.
J'enseigne le genre parce que n'importe qui de bonne foi comprends très bien l'expérience de la boîte. C'est avec elle que je commence mon cours sur la socialisation. Je l'ai emprunté à Michael Schawlbe dans son bouquin The Sociologically Examined Life dont j'ai dû traduire l'extrait :
Cette expérience de pensée, comme toute science, à commencer par la physique, en utilise souvent pour montrer l'absurdité de certains raisonnements, nous dit ce qu'il y a à savoir du genre : qui, à part un idiot ou un membre de la Manif de la Haine, aurait le culot de dire qu'après avoir été élevé dans une boîte, un individu de sexe féminin saurait spontanément élever un enfant et choisirait naturellement la couleur rose pour s'habiller ? Qui pourrait prétendre que, élevé dans de telles conditions, un individu serait capable d'exprimer une préférence sexuelle pour l'un ou l'autre sexe ?
Enfin, et peut-être surtout, j'enseigne le genre parce que mes élèves en ont besoin. Ils ont un droit à connaître les avancées de la recherche sociologique et plus généralement scientifique. Ils ont un droit à se confronter aux problèmes qu'elle pose. Ils ont besoin de s'interroger sur les modèles qu'on leur propose. Ils sont toujours prêts à lancer la "guerre des sexes" dans la classe, à dire "les filles, c'est comme ça, les garçons, comme ci". Et ils ont besoin qu'on leur montre la violence qu'il y a dans ces prises de position. Lorsque je leur demande "Messieurs, quels précautions prenez-vous pour ne pas vous faire violer lorsque vous sortez le soir ? Et vous, mesdames ?", lorsque je leur demande encore "Messieurs, pouvez-vous imaginer une situation où vous seriez obligé de tuer pour montrer que vous êtes un homme ? Et vous mesdames, une situation où vous seriez obligé de tuer pour montrer que vous êtes une femme ?", ils ont besoin qu'on leur soulève le problème. Ils en feront ce qu'ils voudront. Mais certains y réfléchiront. Et c'est cela l'enseignement.
Aux complices des attaques néo-réationnaires
J'avais décrit, en 2011, la logique des attaques néo-réactionnaires. J'ai joué les Cassandre : les faits sont là, tout s'est passé comme je l'avais décrit. La stratégie est là : on dévalorise d'abord ce que l'on espère détruire, pour qu'il n'y ait plus personne pour le défendre lorsque l'on voudra passer à l'action.
Ici, on attaque évidemment la science. Mais attention, on n'attaque pas la science parce que celle-ci serait porteuse de certitudes trop ancrées, on n'attaque pas la dimension prométhéenne de la science. Non : on attaque précisément la science pour ce qu'elle est porteuse de doute. La notion de genre, l'identification d'une dimension relationnelle distincte de l'ordre biologique, impose en effet à chacun de réfléchir : elle ne nous apporte pas de solution, mais elle nous fait problème. Car oui, parler de genre pose problème : cela remet en cause notre allant-de-soi, cela nous oblige à réinterroger notre rapport au monde et aux autres, cela nous oblige à nous poser de nouvelles questions. Et nous nous rendons souvent compte que nous n'avons pas la réponse à ces questions. Lorsque l'on montre l'existence des inégalités de genre, on ôte la possibilité de les justifier par une nature biologique, éternelle ou divine. Il faut alors répondre à la question politique suivante : "qu'est-ce qui justifie que ce soit les femmes qui prennent en charge l'essentiel des tâches ménagères ? comment peut-on fonder en raison cette situation ?" Et nous découvrons alors que nous n'avons rien dans notre pensée politique moderne pour justifier cela. C'est cela qui fait peur aux néoconservateurs qui luttent contre l'idée même du genre : ils savent que celui-ci pose des questions politiques auxquelles ils sont incapables de répondre. De la même façon que, en un autre temps, l'idée que l'être humain a des ancêtres communs avec d'autres primates avait laissé d'autres conservateurs démunis. Ce sont d'ailleurs les mêmes qui rejettent le genre. Le combat d'aujourd'hui n'est pas différent de celui d'hier. Ce qui est insupportable pour les réactionnaires, ce ne sont pas les certitudes de la science : ce sont les doutes qu'elle fait naître.
Mais ces réactionnaires utilisent des armes empruntés à l'adversaire. Ils transforment les gender studies, un champ de recherche riches de milliers de travaux dans des disciplines diverses, en une "théorie du genre" unique et sur laquelle ils mentent éhontément. Comme d'autres ont transformé l'évolution en "théorie de l'évolution" pour mieux dire "ce n'est qu'une théorie, on n'est pas sûr". Or l'évolution est un fait : les êtres vivants se sont bien transformés au cours du temps. Les théories de l'évolution visent à comprendre et expliquer pourquoi : est-ce de la sélection du plus apte ? de la sélection sexuelle ? un mélange des deux ? Il en va de même pour le genre : il existe bien des théories qui visent à comprendre comment se construit le genre : est-ce que cela se joue dans des interactions locales ou dans un système global ? s'agit-il d'une construction indépendante ou liée à d'autres dimensions comme l'économie ou le politique ? Mais ces débats sont transformés en une simple opposition entre "théorie" et "pratique". Les opposants dissimulent ainsi leur bêtise sous un discours pseudo-scientifique. C'est en cela qu'ils sont des néo-réactionnaires.
Le problème, c'est qu'ils trouvent des complices : tous ceux qui par ignorance, bêtise, lâcheté ou véritable malfaisance, se laissent prendre par ces discours. Voici donc mon addendum à mon ancien billet : les néo-réactionnaires se trouvent des complices auprès de tout ceux qui veulent ménager les susceptibilités. Le dernier en date est le ministre de l'éducation nationale :
Comment le ministre peut-il se laisser aller à cette crétinerie de confondre travaux sur le genre et négation des différences biologiques ? Tout le monde s'accorde à dire que certains individus ont un utérus et d'autres des testicules et un pénis. La notion de genre n'a jamais remis cela en question. Elle vient simplement rappeler qu'il n'a jamais été possible d'établir un lien biologique entre cette donnée physique et le reste des différences entre les hommes et les femmes. Et que dans nos relations quotidiennes avec les autres, nous ne nous basons pas sur cette donnée biologique, que nous nous employons en plus, dans nos sociétés, à cacher aux autres. L'assimilation "études sur le genre => théorie du genre => négation des différences biologiques" est un mensonge. Les choses sont aussi simples que cela.
Ce qui se joue est une mauvaise perception des conflits à venir. Sans doute certains hommes politiques sont-ils tentés de ne voir là-dedans qu'un débat anecdotique, et c'est pour cela qu'ils renâclent à défendre la notion de genre. Pourtant les questions relatives au féminisme apparaissent de plus en plus comme l'un des grands conflits qui traverse la société française, et plus généralement la société occidentale. Je ne serais pas loin d'y voir le fameux "nouveau mouvement social" que les chercheurs tourainiens ont longtemps cherché. La violence des conflits de ces derniers mois semble annonciatrice de nouvelles luttes à venir. Cette fois, j'aimerais me tromper.
Pourquoi j'enseigne le genre
J'enseigne le genre parce que c'est ce que mon programme de Sciences économiques et sociales me demande de faire, n'en déplaise à Vincent Peillon qui double son ignorance crasse des sciences sociales - déjà étonnante pour un philosophe de profession... - d'une méconnaissance absolue de ce qui se passe dans l'administration dont il est le ministre. Voici ce que dit le programme de première de Sciences économiques et sociales :
On étudiera les processus par lesquels l'enfant construit sa personnalité par l'intériorisation/ incorporation de manières de penser et d'agir socialement situées. On s'interrogera sur les effets possiblement contradictoires de l'action des différentes instances de socialisation (famille, école, groupe des pairs, média). On mettra aussi en évidence les variations des processus de socialisation en fonction des milieux sociaux et du genre, en insistant plus particulièrement sur la construction sociale des rôles associés au sexe.
De quelque façon qu'on le prenne, "la construction sociale des rôles associés au sexe", c'est le genre. Toute l'idée est là, même si la notion n'est pas mobilisée, sans doute pour éviter aux imbéciles de venir s'exciter à nouveau sur l'enseignement de SES. C'est après tout aussi pour cette raison que le chapitre sur la déviance ne comporte pas la notion de "carrière délinquante" qui reste pourtant incontournable.
J'enseigne le genre parce que c'est un fait. Pas une théorie. Pas une position philosophique. Pas un choix politique. Le genre existe, que cela vous plaise ou non. Si vous pensez qu'il n'existe pas, c'est que vous êtes un crétin. Si vous pensez qu'il n'existe pas, c'est que que vous avez besoin de regarder les parties génitales d'une personne pour savoir s'il faut lui dire "monsieur" ou "madame". Si vous pensez qu'il n'existe pas, c'est que vous pensez que quand on dit "cette tenue est féminine", on dit qu'une jupe a des chromosomes XX. Si vous pensez que le genre n'existe pas, c'est que vous avez un niveau inférieur à celui de mes élèves.
J'enseigne le genre parce que n'importe qui de bonne foi comprends très bien l'expérience de la boîte. C'est avec elle que je commence mon cours sur la socialisation. Je l'ai emprunté à Michael Schawlbe dans son bouquin The Sociologically Examined Life dont j'ai dû traduire l'extrait :
Pour faire l'expérience que je vais décrire, nous aurions besoin d'une paire de nouveau-nés, des vrais jumeaux. Nous aurions aussi besoin d'une grande boîte dans laquelle un des jumeaux pourrait vivre sans aucun contact avec un autre être humain. La boîte devrait être telle qu'elle lui fournirait à boire et à manger, et évacuerait les restes, de façon mécanique. Elle devrait aussi être opaque et isolée, de telle sorte qu'il ne puisse y avoir d'interactions au travers de ses parois.
L'expérience est simple : un des enfants est élevé normalement et l'autre est mis dans la boîte. Au bout de dix-huit ans, on ouvre la boîte et on compare les deux enfants pour voir s'il y a quelques différences entre eux. S'il y en a, nous pourrons conclure que grandir avec d'autres personnes a son importance. Si les deux enfants sont les mêmes au bout de dix-huit ans, il nous faudra conclure que la socialisation (ce que l'on apprend en étant avec d'autres personnes) n'a que peu d'importance et que la personnalité est génétiquement programmée.
Vous vous dites sans doute « Bien sûr que la socialisation fait une différence ! Il n'y a pas besoin d'élever un enfant dans une boîte pour prouver cela ! ». Mais il y a beaucoup de gens qui disent que ce qu'une personne devient dépend de ses gènes. Si c'est vrai, alors cela ne devrait pas avoir d'importance qu'un enfant soit élevé dans une boîte. Son patrimoine génétique devrait faire de l'enfant ce qu'il ou elle est destiné(e) à être, que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de la boîte.
Cette expérience de pensée, comme toute science, à commencer par la physique, en utilise souvent pour montrer l'absurdité de certains raisonnements, nous dit ce qu'il y a à savoir du genre : qui, à part un idiot ou un membre de la Manif de la Haine, aurait le culot de dire qu'après avoir été élevé dans une boîte, un individu de sexe féminin saurait spontanément élever un enfant et choisirait naturellement la couleur rose pour s'habiller ? Qui pourrait prétendre que, élevé dans de telles conditions, un individu serait capable d'exprimer une préférence sexuelle pour l'un ou l'autre sexe ?
Enfin, et peut-être surtout, j'enseigne le genre parce que mes élèves en ont besoin. Ils ont un droit à connaître les avancées de la recherche sociologique et plus généralement scientifique. Ils ont un droit à se confronter aux problèmes qu'elle pose. Ils ont besoin de s'interroger sur les modèles qu'on leur propose. Ils sont toujours prêts à lancer la "guerre des sexes" dans la classe, à dire "les filles, c'est comme ça, les garçons, comme ci". Et ils ont besoin qu'on leur montre la violence qu'il y a dans ces prises de position. Lorsque je leur demande "Messieurs, quels précautions prenez-vous pour ne pas vous faire violer lorsque vous sortez le soir ? Et vous, mesdames ?", lorsque je leur demande encore "Messieurs, pouvez-vous imaginer une situation où vous seriez obligé de tuer pour montrer que vous êtes un homme ? Et vous mesdames, une situation où vous seriez obligé de tuer pour montrer que vous êtes une femme ?", ils ont besoin qu'on leur soulève le problème. Ils en feront ce qu'ils voudront. Mais certains y réfléchiront. Et c'est cela l'enseignement.
Aux complices des attaques néo-réationnaires
J'avais décrit, en 2011, la logique des attaques néo-réactionnaires. J'ai joué les Cassandre : les faits sont là, tout s'est passé comme je l'avais décrit. La stratégie est là : on dévalorise d'abord ce que l'on espère détruire, pour qu'il n'y ait plus personne pour le défendre lorsque l'on voudra passer à l'action.
Ici, on attaque évidemment la science. Mais attention, on n'attaque pas la science parce que celle-ci serait porteuse de certitudes trop ancrées, on n'attaque pas la dimension prométhéenne de la science. Non : on attaque précisément la science pour ce qu'elle est porteuse de doute. La notion de genre, l'identification d'une dimension relationnelle distincte de l'ordre biologique, impose en effet à chacun de réfléchir : elle ne nous apporte pas de solution, mais elle nous fait problème. Car oui, parler de genre pose problème : cela remet en cause notre allant-de-soi, cela nous oblige à réinterroger notre rapport au monde et aux autres, cela nous oblige à nous poser de nouvelles questions. Et nous nous rendons souvent compte que nous n'avons pas la réponse à ces questions. Lorsque l'on montre l'existence des inégalités de genre, on ôte la possibilité de les justifier par une nature biologique, éternelle ou divine. Il faut alors répondre à la question politique suivante : "qu'est-ce qui justifie que ce soit les femmes qui prennent en charge l'essentiel des tâches ménagères ? comment peut-on fonder en raison cette situation ?" Et nous découvrons alors que nous n'avons rien dans notre pensée politique moderne pour justifier cela. C'est cela qui fait peur aux néoconservateurs qui luttent contre l'idée même du genre : ils savent que celui-ci pose des questions politiques auxquelles ils sont incapables de répondre. De la même façon que, en un autre temps, l'idée que l'être humain a des ancêtres communs avec d'autres primates avait laissé d'autres conservateurs démunis. Ce sont d'ailleurs les mêmes qui rejettent le genre. Le combat d'aujourd'hui n'est pas différent de celui d'hier. Ce qui est insupportable pour les réactionnaires, ce ne sont pas les certitudes de la science : ce sont les doutes qu'elle fait naître.
Mais ces réactionnaires utilisent des armes empruntés à l'adversaire. Ils transforment les gender studies, un champ de recherche riches de milliers de travaux dans des disciplines diverses, en une "théorie du genre" unique et sur laquelle ils mentent éhontément. Comme d'autres ont transformé l'évolution en "théorie de l'évolution" pour mieux dire "ce n'est qu'une théorie, on n'est pas sûr". Or l'évolution est un fait : les êtres vivants se sont bien transformés au cours du temps. Les théories de l'évolution visent à comprendre et expliquer pourquoi : est-ce de la sélection du plus apte ? de la sélection sexuelle ? un mélange des deux ? Il en va de même pour le genre : il existe bien des théories qui visent à comprendre comment se construit le genre : est-ce que cela se joue dans des interactions locales ou dans un système global ? s'agit-il d'une construction indépendante ou liée à d'autres dimensions comme l'économie ou le politique ? Mais ces débats sont transformés en une simple opposition entre "théorie" et "pratique". Les opposants dissimulent ainsi leur bêtise sous un discours pseudo-scientifique. C'est en cela qu'ils sont des néo-réactionnaires.
Le problème, c'est qu'ils trouvent des complices : tous ceux qui par ignorance, bêtise, lâcheté ou véritable malfaisance, se laissent prendre par ces discours. Voici donc mon addendum à mon ancien billet : les néo-réactionnaires se trouvent des complices auprès de tout ceux qui veulent ménager les susceptibilités. Le dernier en date est le ministre de l'éducation nationale :
La semaine dernière, il avait déjà exprimé son opposition à l’inclusion de la théorie du genre dans l’enseignement, sur France 2: «Personne n’y a jamais pensé (...). Je suis contre la théorie du genre, je suis pour l’égalité filles/garçons. Si l’idée c’est qu’il n’y a pas de différences physiologiques, biologiques entre les uns et les autres, je trouve ça absurde».
Comment le ministre peut-il se laisser aller à cette crétinerie de confondre travaux sur le genre et négation des différences biologiques ? Tout le monde s'accorde à dire que certains individus ont un utérus et d'autres des testicules et un pénis. La notion de genre n'a jamais remis cela en question. Elle vient simplement rappeler qu'il n'a jamais été possible d'établir un lien biologique entre cette donnée physique et le reste des différences entre les hommes et les femmes. Et que dans nos relations quotidiennes avec les autres, nous ne nous basons pas sur cette donnée biologique, que nous nous employons en plus, dans nos sociétés, à cacher aux autres. L'assimilation "études sur le genre => théorie du genre => négation des différences biologiques" est un mensonge. Les choses sont aussi simples que cela.
Ce qui se joue est une mauvaise perception des conflits à venir. Sans doute certains hommes politiques sont-ils tentés de ne voir là-dedans qu'un débat anecdotique, et c'est pour cela qu'ils renâclent à défendre la notion de genre. Pourtant les questions relatives au féminisme apparaissent de plus en plus comme l'un des grands conflits qui traverse la société française, et plus généralement la société occidentale. Je ne serais pas loin d'y voir le fameux "nouveau mouvement social" que les chercheurs tourainiens ont longtemps cherché. La violence des conflits de ces derniers mois semble annonciatrice de nouvelles luttes à venir. Cette fois, j'aimerais me tromper.
59 commentaires:
Sur l'exemple de Michael Schwalbe, même les rationalistes bas-du-front de Lesswrong font preuve de bon sens, je trouve. Même s'ils amènent en premier la composante génétique, ils semblent admettre partout la primauté de la formation sociale. Ce qui semble positif.
"Like it or not, there's a birth lottery for intelligence—though this is one of the cases where the universe's unfairness is so extreme that many people choose to deny the facts. The experimental evidence for a purely genetic component of 0.6-0.8 is overwhelming, but even if this were to be denied, you don't choose your parental upbringing or your early schools either. […] Do you really think you're so smart that you would have been a proper scientific skeptic even if you'd been born in 500 C.E.? Yes, there is a birth lottery, no matter what you believe about genes."
http://lesswrong.com/lw/gz/policy_debates_should_not_appear_onesided/
L'utilisation du terme "théorie du genre" (outre que des notions péjoratives peuvent très bien désigner finalement une branche - un genre-, comme "impressionnisme") ne signifie pas qu'il n'existe pas plusieurs options. Si on parle de "la théorie marxiste", cela englobe toute les tendances, qu'on soit contre ou pour.
Dire qu'on ne doit pas utiliser ce terme est simplement une tentative d'intimidation contre toute critique. C'est une stratégie bidon qui discrédite ceux qui l'utilisent.
L'étude des rôles masculins et féminins est ancienne, et parler de "genre" est soit simplement une nouvelle façon d'en parler (pourquoi pas), soit précisément une option théorique particulière à cet égard. Et je penche personnellement pour la deuxième solution.
La motivation des réactionnaires est plus banalement la défense(à la Zemmour) des rôles traditionnels. C'est également extrêmement banal. Et ce n'est pas une question de terminologie.
Merci.
A tous les abrutis qui parlent de l'arrivé de la "théorie du genre" dans les programmes, je ne cesse de répondre que les études de genre font partie du programme des SES depuis des années et que ça ne pose aucun problème.
Au contraire.
Merci pour cet article! ça résume très bien ce que je clame à qui veut l'entendre depuis des mois...
@Jacques Bolo : Non. Le genre est un fait, que vous le vouliez ou non. Quand on parle de théorie marxiste, on parle d'une manière d'expliquer un certain nombre de faits - capitalisme, classes sociales, lutte des classes, changement social - qui existent indépendamment de la théorie et qu'il faut expliquer. On qualifie donc le type d'explication. Vous pourriez dire "la théorie marxiste du genre" par exemple.
@Les autres : merci pour vos commentaires.
Un billet très intéressant à lire, mais c'est du programme de Première ou de Terminale ? J'ai pas l'impression de l'avoir étudié cette année, possible que l'enseignant l'ai " évité " ?
Et si on met deux enfants dans deux boîtes identiques, est ce qu'ils seront exactement les mêmes au bout de 18 ans?
Je ne pensais pas qu'on pouvait encore croire au déterminisme "100%", biologique ou social...
@Hugo : C'est en première.
@Mattias : Je ne sais pas ce qu'est un déterminisme "100%". Je sais juste que je n'ai jamais vu aucune argumentation convaincante du poids du biologique sur le genre.
Merci!!!
Personnellement mon bac SES date un peu mais je me rappelle avoir vu les concepts de "plafonds de verre" ... et même de la distinction genre/sexe. Tout ça en 2007.
Par contre : gênes ou gènes???? plutôt le second me semble-t-il!!!! ça pique les yeux comme on dit...
Merci pour cet article ! J'ai un background de biologiste ( spécialisé en écologie et théorie de l'évolution + informatique et stat) et même si je ne connaissais pas le terme "études de genre" avant les débats sur le mariage pour tous (qui auront au moins servi à cela), je suis sidérée par la connerie des gens qui disent "ceci est évident et etc." (avec des brèves de comptoirs pareilles on en serait toujours à un système héliocentrique).
J'ajouterais que même le "genre" est connu par les éthologues (je le répète, même si je n'ai jamais personnellement rencontré le terme) et qu'il existe des exemples de comportements genrés ici et là. Bon courage et merci pour votre travail très enrichissant, cher "cousin" de spécialité ;)
je ne sais pas si vous êtes calé en biologie, mais si ce n'est pas déjà le cas je vous conseille les livres de Stephen Jay Gould, je pense qu'il s'y cache des "brêves" très intéressantes sur ces aspects soit-disant "naturels"...
Je trouve votre parallèle entre le « genre » et l’évolution » très éclairant. Il s’agit de champs d’études pertinents et tout à fait légitimes.
Mais poussez le parallèle jusqu’au bout : après « l’origine des espèces » et pas longtemps après, des courants de pensées ont utilisé cette découverte pour la transformer en théorie politique et pour redéfinir les rapports sociaux. Cela a donné le darwinisme social, l’eugénisme et des justifications « scientifiques » au colonialisme, au racisme et aux fascistes.
Il me semble que le genre est soumis aux mêmes risques. De la mise en évidence des mécanismes sociaux qui construisent l’identité de genre, on passe à la volonté de contrôler ses mécanismes pour reconstruire le genre – et derrière – la société. C’est un combat politique – plus scientifique – et c’est normal que vous soyez confronté à des arguments politiques.
PS : C’est vraiment une question genré « Pouvez-vous imaginer une situation où vous seriez obligé de tuer pour montrer que vous êtes un homme / une femme ? » ? Il me semble que la seule réponse possible est non et je suis curieux de connaitre les autres réponses.
Certains enseignants en SES l'évoquent parfois en seconde, avec une présentation de la socialisation... (j'avoue, je plaide coupable)... Mais je suis un mauvais prof, je fais même étudier à mes élèves les résultats des enquêtes "emplois du temps"... et c'est toujours un bonheur que de les entendre réagir et s'interroger. Mais le bonheur le plus intense de cette année, c'est quand, en première ES, certains ont fait le lien (que n'a pas fait notre vénéré Ministre, que sa descendance soit révérée pour les 60 prochaines générations) entre les inepties sur le "genre" proférées à tort et (à/de) travers et ce que l'on voyait en cours...
@henriparisien : les idées politiques que sont le féminisme et l'égalité ne naissent certainement pas des études sur le genre : elles sont plus anciennes. Je me demande si ce n'est pas la même chose avec le darwinisme, mais il faudrait un historien pour répondre à cette question.
Je peux très facilement imaginer une situation où je serais obligé de tuer pour prouver que je suis un homme : une bagarre dans un bar, une provocation, l'armée... Vous me direz que je n'y suis jamais obligé : c'est vrai, à condition d'accepter que soit remis en cause mon statut d'homme. La question formulée au féminin n'a pas de sens.
Tout de même, un homme a un chromosome Y à la place d'un chromosome X dans chacune de ses cellules (neurones compris). Cela ne va sans doute pas sans quelques différences métaboliques et hormonales. Notez que je n'entend pas que posséder un Y sois pire que posséder un X (et vice versa).
Et puis, questions différences, on pourrait être beaucoup plus mal lotis : http://animals.nationalgeographic.com/animals/fish/anglerfish/
Professeur en Sciences Economiques et Sociales, cela fait 38 ans que j'aborde la question de "la construction sociale des rôles associés au sexe" avec mes élèves... La polémique actuelle me sidère par sa bêtise, et les déclarations du ministre me désespèrent car je le croyais défenseur de la laïcité. Bien évidemment, je continuerai à l'enseigner, comme vous, pour toutes les raisons exposées excellemment dans votre billet.
@Sarah : "Sans doute" : les soupçons ne sont pas très intéressants... Oui, il y a des différences biologiques entre certains groupes d'individus. Ces différences n'impliquent souvent que des différences de moyennes (par exemple dans les taux d'hormones) qui ne devraient pas faire oublier certains recouvrements entre les situations. Mais une fois que l'on a dit ça, on a rien dit. Il faut encore montrer comment cela explique les différences de positions, de comportements, etc. Et sur cela, on n'a rien de convaincants.
J'ai été très intéressé par votre article (je fais partie de ceux qui alertent sur les errements du "gender", tout en étant vigilant à ne pas mettre de côté ce que les études sur le genre nous apportent). J'essaie dans mon travail de trouver ce qui est juste. Sans militantisme.
Mais je bute sur la phrase finale : "Elle vient simplement rappeler qu'il n'a jamais été possible d'établir un lien biologique entre cette donnée physique et le reste des différences entre les hommes et les femmes."
je trouve que vous allez loin en prétendant qu'il n'y a pas de lien entre le biologique et le genre. C'est justement contre cette affirmation que je réagis.
Des travaux intéressants sur le lien entre testostérone et empathie, par exemple, montre qu'il y a bien corrélation... que dire également de la maternité (réalité entre autre, biologique) et de ses conséquences ? le tout sans manichéisme, ça va sans dire...
@Jérôme Brunet : si vous commencez à écrire "gender", c'est mal parti. Les travaux auxquels vous faites très vaguement références ne sont pas convaincants : les travaux sur les hormones ne montrent au mieux que des effets négligeables et dépendants d'une construction sociale (cf. Lise Eliot ou Catherine Vidal), et la maternité ne prend sens que dans un contexte social particulier.
Je crois même que lorsqu'on met un des enfants dans la boite, même s'il a bien suffisamment à manger et à boire, il meurt de n'avoir pas eu de contacts humains. Je crois me souvenir d'une expérience comme ça qui a effectivement été conduite?
@Julie Thomas il semble qu'il y ait eu plusieurs expériences de ce type sur les enfants (eg Frédéric du Saint-Empire) )
Cela dit, c'est toujours cité de manière floue, l'histoire change, mais se ressemble toujours. Dans l'exemple cité ci-dessus, c'est rapporté par une source unique dont le but est de dire que l'autre est un type affreux.
Si quelqu'un connaît une étude sérieuse sur les faits et mythes de ces enfants élevés sans contact humain, je suis preneur, parce que ça m'intrigue.
@Jacques Bolo le fait que « théorie du genre » soit exclusivement utilisé par les contempteurs des études sur le genre (et éventuellement par ceux qui ne connaissent pas le sujet) est le signe qu'il y a un biais dans la dénomination, un biais méprisant.
@Nicolas Legrand
Le cas de la petite Genie, coupée du monde par ses parents jusqu'à l'âge de 13 ans (en 1970), avait à l'époque été étudié par de nombreux scientifiques... Peut être un peu trop, lui conférant quasiment le statut de "bête de foire". Bref, il existe probablement des traces de ces travaux.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Genie
Diantre !
Lecteur de votre blog depuis quelques temps déjà, je me sens un peu obligé de prendre la parole. Pour me situer, je dirais que je suis un catholique passionné de sciences humaines Je lis donc votre blog avec plaisir même si je ne partage pas toujours vos points de vue. Je suis un catholique convaincu et pratiquant, et si je n’ai pas pris part à la manif pour tous, ce n’est que pour des raisons d’emploi du temps.
Et donc, je trouve que votre point de vue est très « caricatural ». On trouverait presque une rhétorique proche de la théorie du complot. Vous mettez dans le même sac les manifestants (sans distinction de leurs motivations), l’église, le ministre, et vous les opposez au camp de la raison, contre lequel toute opposition ne peut qu’être une marque d’obscurantisme. Vous parlez des « néo réactionnaires » comme d’un bloc organisé et cohérent qui chercherait sciemment à mentir sur ce qu’est la théorie du genre pour faire peur et manipuler l’opinion… Alors que, sans avoir toutes vos connaissance, j’ai plutôt l’impression que dans les sociétés, les idées circulent, sont partagés par un ensemble d’individus, évoluent sous la pression de quelques grands acteurs mais aussi par le groupe lui-même.
Aujourd’hui, il me semble déjà y avoir une distinction importante entre ce que vous appelez le genre, et ce que les catholiques et les « conservateurs » (à défaut d’une appellation plus appropriés) appellent le genre.
Vous présentez les choses comme si le genre n’était que la reconnaissance du rôle de la société dans la construction de l’identité sexuelle. Et donc forcément, les opposants à cette idée ne peuvent être que des personnes pour qui l’identité sexuelle est totalement déterminée par la biologie.
Pour nous autres « conservateurs », dire que la société influe sur l’identité sexuelle est une évidence aussi (puisque parmi ce qui nous dérange dans le débat, il y a justement l’influence de ces mouvements sociaux sur la construction des individus). Et pour nous, la théorie du genre est une vision réductrice qui affirme que l’identité sexuelle n’est QUE construction sociale, sans aucun lien avec la biologie.
Ce sont des visions caricaturales. Personnellement, je ne me reconnais pas du tout dans le portrait que vous dressez d’un conservateur haineux, aveuglé par sa foi, défenseur d’idée rétrograde, et apeuré par la possibilité du doute qu’induit la science.
Mais il est sans doute vrai que ces tendances existent, d’un côté comme de l’autre. Et que leur mise en avant médiatique contribue à renforcer la vision caricaturale des deux camps. Je connais des gens qui vont manifester parce qu’ils souhaitent avant tout défendre un modèle social traditionnel. Et par ailleurs, il existe effectivement dans les groupes sociaux que je fréquente une tendance à se radicaliser parce qu’il y a une perception sociale d’un ensemble de faits qui nous montre que la tendance à la négation totale de l’identité sexuelle existe, et que certains de nos opposants sont prêts à tout pour nous faire taire.
Du coup, je pense que lorsque le ministre dit qu’il s’oppose à l’enseignement du genre à l’école, c’est une opposition dans la vision conservatrice du genre, comme une idéologie qui nie la différence biologique des individus, et pas selon votre vision, de l’influence sociale dans la construction de l’identité sexuelle. La question est : si le ministre dit ceci, est ce parce qu’il ne s’adresse qu’aux conservateurs qu’il cherche à rassurer, ou est ce qu’il s’adresse à une grande frange de la population qui voit également les choses de cette façon.
Vous jugez « Crétins » de penser comme nous ? Mais avez-vous conscience que votre façon de pensée n’est peut être pas la norme ?
Comme au début de tout débat, peut être serait-t-il bon de commencer par cela : définir de quoi on parle.
@Personne : dans l'état actuel des choses, le genre est définit dans l'espace médiatique et politique comme l'homme de paille qu'ont voulut en faire les néoréactionnaires pour mieux détruire les recherches : il faut rappeler que l'Eglise elle-même a mis en œuvre cette stratégie (http://allodoxia.blog.lemonde.fr/2013/04/30/mariage-genre-vatican-science/), que des parlementaires ont demandé une commission d'enquête sur les études sur le genre en France, que l'UNI est parvenue à faire retirer l'expression "égalité de genre" d'un texte de loi... Le rôle d'un ministre serait d'expliquer ce qu'est vraiment le genre, pas de valider ces attaques mensongères. D'où ma colère.
Merci pour ce billet et merci à certains commentateurs pour leurs contributions, qui ouvrent le débat.
Personnellement, je parle toujours de rapports sociaux de sexe, plutôt que de genre ; mes auditeurs ont alors tendance à se poser et à se demander de quoi je veux parler. Je rencontre moins l'effet "levée de boucliers".
@Hervé Polesi : Je comprends la logique, mais je trouve extrêmement gênant d'en venir à abandonner un concept utile et heuristique à cause d'une mobilisation purement politique.
@Denis : c'est plus complexe. Parler de "rapports sociaux de sexe" est conforme à mon orientation théorique. J'en étais venu à utiliser "genre" par commodité, justement parce que cela nécessitait moins de définition. Et j'ai depuis un ou deux ans fait marche arrière, parce que je me suis rendu compte que même si je définissais ce que j'entendais par "genre", mes auditeurs utilisaient tout de même leur propre conception. Je rencontre moins cette difficulté avec "rapports sociaux de sexe", par ailleurs plus conforme à mon paradigme conceptuel.
je sens que t'as pas apprécié ma déconstruction sur Fb, toi.
En fait, les neurobiologistes et les sociobiologistes sont très souvent en cause dans la critique des gender studies. Ils sont tellement contents de montrer que les gorilles font ceci et cela et que nous avons les mêmes comportements (Sarah Blaffer Hrdy, tant qu'on la considérera comme une scientifique, fera énormément de mal aux sciences sociales, par exemple, avec sa défense de l'instinct maternel à tout prix). Ils sont tellement contents de montrer que les aires du cerveau mobilisées pour telle ou telle activité sont différentes selon que l'on est un homme ou une femme (Changeux et son homme neuronal...)
Ajoutons à cela le fait que mentionner le cerveau en tant que neuro- ou en tant que bio- aura de toute façon une empreinte plus importante sur les convictions des gens que si l'on parle de résultats de socio- ou d'anthropo-. dur/mou, le scientifique qui ne bande pas n'est pas un vrai scientifique, et le sociologue est condamné à n'être qu'une personne qui "coupe les cheveux en douze dans le sens de l'épaisseur".
Le fait social "genre" est une construction intellectuelle qui vise à rappeler le poids de l'incorporation des normes, de la contrainte sociale, dans un monde où 1. l'individualisme est considéré comme un atomisme a-social, 2. l'individu est libre, 3. l'individu est un sujet réflexif.
Les frictions sont inévitables.
Ensuite, je pense qu'il faut monter un cran au-dessus. Ce n'est pas tant le "genre" qui pose problème que l'éducation à l'égalité qu'il suppose. Et ça, c'est niet. Et puis quoi, encore ? Donner le droit de vote aux femmes ? Les autoriser à divorcer ? Et pourquoi par leur donner un emploi, tant qu'on y est ? Jusqu'où ne s'arrêtera-t-on pas ?
Enfin, tu l'as signalé : en tant que construction sociale et objet conceptuel, il est voué à n'être qu'une lubie dans la tête des gens et non "une réalité tangible". Rappelons que l'intellectuel (la personne à capital culturel élevé en général, cf. Illouz E., Saving the modern soul) renvoie par bien des aspects aux qualités féminines.
Et que celles-ci sont disqualifiantes. Car l'autre chose qui est en jeu, c'est la légitimité des discours de SHS, i.e., l'autorité qu'ils ont réussi à obtenir au cours d'un loooong siècle (entrepreneurs de morale, nous le sommes aussi). D'où le prochain retour des "Humanités" (renvoyant à la distinction aristotélicienne entre le supra-lunaire [la science, la vraie] et le sublunaire [ça bouge, ça grouille et pis c'est tout]) pour remplacer les différentes disciplines scientifiques (humaines et sociales) existantes.
Bonjour,
Que des théories nouvelles faisant l'objet d'un débat au sein de la société soient enseignés à l'école. Mais j'aimerai avoir quelques précisions :
1) est ce que les limites à la théorie /études liés au genre sont clairement indiqués aux élèves ?
2) Est ce que des théories opposés sont proposés également aux élèves afin qu'il puisse se faire leur propre avis sur la question?
Vous n'avez pas compris : nous présentons aux élèves l'existence d'un fait, le genre, c'est-à-dire la construction sociale des rôles et des catégories attachés au sexe. Identifier cet objet, en comprendre la nature, est déjà un objectif pédagogique en soi.
Incité par un des derniers commentaires (Lomik Mak), je me décide à répondre de façon un peu longue (du coup en deux morceaux). Je ne commenterai pourtant que sur la question des relations biologie/SHS et le débat nature/nurture, pour dire que, dans ce domaine, je n'ai pas le sentiment que ce billet puisse apporter grand chose (il ne fera que conforter les croyants d'un bord comme de l'autre). Ainsi l'expérience de pensée de Schwalbe me semble assez idiote. Outre le fait qu'une expérience de pensée ne prouve rien du tout car ce n'est justement pas une expérience (heureusement d'ailleurs, dans le cas présent !), quel sens cela a-t-il de passer de "l'enfant a besoin des autres" à "rien n'est génétiquement programmé" (car c'est bien ce que me semble vouloir "démontrer" l'auteur avec son "expérience"). Comme s'il n'était pas possible d'avoir besoin des autres et en même temps d'être génétiquement programmé ! L'exemple que je connais le mieux est celui du langage. La compétence linguistique est une compétence innée de l'espèce humaine (donc génétiquement programmé : cf. déjà Chomsky). Mais elle a besoin, pour s'actualiser, de la présence des autres, qui font d'ailleurs que cette compétence se réalise toujours dans une ou plusieurs langues particulières. En gros les autres ne nous apprennent pas à parler, mais ils nous apprennent la langue que l'on parle. Ils peuvent aussi sans doute contribuer à ce que l'on ait plus ou moins de goût pour les mots (un trait de personnalité qui combine donc une compétence innée avec des effets de socialisation).
Autre point du billet qui implique cette relation biologie/SHS : les termes mêmes du programme de 1ere SES : "On étudiera les processus par lesquels l'enfant construit sa personnalité par l'intériorisation/ incorporation de manières de penser et d'agir socialement situées." Comment se fait l'intériorisation ou l'incorporation en question ? Qu'est-ce qui fait qu'il y a "intérieur" et "corps" ? Certains ne se posent pas du tout ces questions (intériorisation et incorporation ne sont alors que de vagues métaphores). D'autres répondront : "ben, la plasticité synaptique". C'était déjà la réponse de Bourdieu s'appuyant sur Changeux. Dans Les Méditations pascaliennes, il écrit que la capacité d'apprentissage "par renforcement ou affaiblissement des connexions synaptiques" est la seule "prédisposition naturelle des corps [...] qu'une anthropologie rigoureuse est en droit de supposer, la conditionnabilité comme capacité naturelle d'acquérir des capacités non naturelles, arbitraires". Dit comme ça, c'est tout simplement faux. La capacité de langage, cf. ci-dessus, n'est pas une simple conditionnabilité : il y a une compétence déjà programmée (ce n'est pas une capacité non naturelle arbitraire dont l'acquisition serait seulement permise par la conditionnabilité). Et il y a d'autres capacités de ce type, comme la capacité à réguler pulsions et émotions, qui s'apparente au refoulement freudien, et qui n'est pas la simple introjection d'interdits sociaux. L'interdit fonctionne parce que l'on a déjà la capacité à s'interdire : c'est pourquoi les interdits qui marchent très bien avec certains et même parfois trop bien (culpabilités névrotiques) sont par contre inefficaces avec d'autres (cf. personnalités dites psychopathiques ou, par le DSM, "antisociales").
[Suite] Mais il est vrai que ces compétences sont les mêmes chez les hommes et les femmes (rien ne distingue une aphasie féminine et une aphasie masculine par exemple !). Si je suis bien dans le sujet nature/nurture, je suis donc, avec elles, hors sujet sur la question du genre. Je ne pense pas pourtant que la différence H/F se limite à la différence pénis/vagin ou testicules/ovaires, etc. (référence qui finit par être puérile à force d'être employée). Ce n'est pas mon domaine de recherche, et je suis peut-être complètement ignorant sur le sujet, mais les quelques lectures que j'ai pu faire m'incitent à ne pas croire, pour prendre cet exemple, que le risque plus important pour les femmes de se faire violer (et les précautions que ce risque oblige à prendre, évoquées par Denis) soit seulement une affaire de "construction sociale". Ce serait quand même étonnant que ladite construction sociale soit allée toujours et partout dans le même sens : celui d'une propension plus importante des hommes (et non des femmes) à obtenir ce qu'ils désirent par la violence (propension plus ou moins encouragée ou découragée il est vrai par des facteurs sociaux dont l'éducation : ce n'est pas parce qu'une tendance existe, et qu'elle peut avoir des facteurs biologiques, qu'elle doit être encouragée). Si la tendance des hommes à obtenir ce qu'ils désirent par la violence et la répugnance des femmes pour le viol, leur souffrance quand elles le subissent, n'étaient que des constructions sociales, on devrait les voir s'inverser dans d'autres cultures. Or le fait que la tendance au viol soit une tendance très largement masculine et que le viol soit universellement éprouvé comme une violence par ses victimes montre qu'il y a là quelque chose d'autre qu'une simple construction sociale. Et cela, dans une société qui croit à l'existence de droits universels des êtres humains (par-delà les différences culturelles donc), renforce la nécessité de le prévenir et de le sanctionner. Tout ceci pour dire que je ne vois pas pourquoi, sous prétexte que les statuts et les rôles sociaux, avec leurs emblèmes, sont de toute évidence (et par définition) des attributs et des rôles de genre (socialement construit) on devrait conclure que *toutes* les différences (à l'exclusion du pénis, etc.) sont socialement construites. Je pense que c'est ce genre d'extrémisme "scientifique" (tout n'est pas biologique donc la biologie n'a strictement rien à dire sur le sujet, en dehors de l'utérus, etc.) qui engage mal les relations et menace au final aux SHS...
@ Julie thomas: Des expériences ont étées faites sur des singes: comment les enfants réagissaient lorsque l'on les séparaient de leur mère en la remplacant par un manquain qui se contente de donner du lait et autres expériences soit disant sur l'amour. Vous pouvez imaginez le résultat..dans le même style, Frédéric II tenta de connaitre le langage inné de l'homme en élevant des enfants sans leur parler ou leur faire signe: ils se laissaient tous mourir.
Cet article était très interressant, merci beaucoup.
Il y aura toujours des idiots, dommages que ceux ci décident de faire de la politique..
@Anthropiques : je vais répondre rapidement comme aux autres commentaires, parce que le temps me manque. J'espère ne pas faire violence au propos.
Sur l'expérience de Schawlbe, il faut en comprendre la portée pédagogique : comme il l'indique, beaucoup de personnes disent que ce que l'on devient provient des gènes ou de quelque chose de naturel ; l'expérience pose la question. Elle est très utile lorsqu'un élève ou un étudiant a une objection : on lui demande de la confronter au problème de la boîte, et son attitude devient plus ouverte (ce qui pour une histoire de boîte est pour le moins savoureux).
Concernant le reste, je n'ai rien contre l'idée que l'être humain née avec certaines dispositions biologiques et corporelles : le corps ne permet pas tout. J'ai pourtant un problème avec cela : qu'est-ce que ça nous apporte exactement, à nous qui faisons des sciences sociales ? Je prends un exemple : on peut montrer que le cerveau humain est capable de distinguer entre un domaine religieux et un domaine profane (je simplifie). Une fois que l'on a dit ça, c'est-à-dire que notre cerveau est capable de penser la religion, qu'est-ce qu'on a dit sur les religions ? J'ai envie de dire "rien". Rien que le fait que l'on puisse penser la religion, le simple fait qu'il existe des religions permet de le dire.
Un autre problème survient lorsque l'on en vient aux différences entre groupes humains. J'adopte la seule attitude raisonnable que je connais : j'attends des preuves. Et dans l'état actuel des choses, je n'ai pas d'élements convaincants en la matière. Vous évoquez le viol : il existe pourtant des différences culturelles fondamentales en la matière (http://antisexisme.wordpress.com/2013/01/09/cultures-du-viol-1/). Et je ne suis pas convaincu par l'argument qui veut que si l'on observe pas quelque chose dans la diversité des sociétés humaines, cela est alors nécessairement naturel : on sait après tout peu de choses de cette diversité, dont une grande partie a disparu. Bref, je veux bien tout entendre, mais je ne veux pas accepter une idée sur un simple soupçon. De la prudence scientifique, c'est un minimum. Comme je l'ai dit, c'est la science qui fait douter qui est attaquée et combattue : pas celle qui impose ses certitudes.
@Denis Colombi Savoir ce que le cerveau est capable de penser n'est pas très utile en effet : il est capable de penser une infinité de choses. Mais savoir *comment* il pense n'est pas inutile pour les SHS (NB: *humaines et* sociales, pas seulement sociales). Ne serait que, négativement, pour repérer ce sur quoi agit la socialisation et ne pas lui attribuer ce dont elle n'est pas la cause. Exemple dans l'apprentissage de la langue : un enfant pourra faire spontanément des "fautes" comme celle consistant à déduire "ils sontaient" à partir de "ils sont" sur la base de "il est/il était" (exemple authentique tiré de ma collection personnelle). Il fait preuve en cela d'une capacité à établir des rapports logiques entre les mots qui est innée dans l'espèce humaine (cf. encore Chomsky, etc.). Ce que lui fournir la socialisation c'est le matériau sur lequel exercer cette capacité ainsi que l'apprentissage des éventuelles exceptions (on ne dit pas "ils sontaient", mais "ils étaient"). Quand on travaille sur des domaines particuliers comme l'apprentissage des langues, la socio-linguistique, etc. il n'est pas inutile de le savoir.
Sur la question du viol, il y a en effet des différences culturelles importantes en la matière (à commencer par le fait qu'il est plus ou moins sévèrement sanctionné). C'est très précisément ce que disent les auteurs cités sur le site auquel vous me renvoyez. Je cite : dans les cultures "sans viol", le viol n'est pas totalement absent, "mais il est socialement très désapprouvé et il est puni sévèrement". Cela nous montre que l'éducation et les institutions peuvent décourager un comportement au point de le rendre exceptionnel. Mais cela ne prouve pas qu'il n'existe aucun facteur biologique expliquant que, quand il y a viol, ils sont beaucoup plus souvent commis par des hommes que par des femmes. Donc, moi aussi, j'essaie d'être scientifiquement prudent et cette prudence me conduit à ne pas exclure a priori un ou des facteurs biologiques dans un domaine comme celui-là. Aussi parce que je pense qu'il n'y a pas la culture d'un côté et la nature de l'autre, mais deux réalités en interaction, en relation "trajective" comme dit A. Berque. Et mieux décrire cette relation est à mon sens un des grands enjeux scientifiques actuels.
@Anthropiques : Vos deux remarques m'inspirent la même réflexion, qui se trouve déjà dans certains de mes anciens billets : tout dépend du problème que l'on se pose. Mon billet ne dit nulle part qu'il n'y a que la culture et que la nature n'existe pas - même si c'est ainsi que certains le lisent. Il défend simplement l'existence d'un objet spécifique, le genre, sur lequel il est légitime de travailler et qu'il est peut être encore plus légitime d'enseigner. Et dans bien des cas, il s'agit de travailler sur des phénomènes dans lesquels le biologique n'a pas grande utilité.
Ce que je ne supporte pas, c'est que l'on me demande d'accepter l'idée que "ça doit quand même être un petit peu biologique tout ça, non ?", en en appelant à la "mesure" ou à la "modération" plutôt qu'en donnant des arguments. En un mot, je n'exclus pas a priori un facteur biologique d'un problème comme le viol, mais je refuse de l'inclure tout aussi a priori. Or, c'est cela qui est le plus souvent exigé.
@ Denis Colombi. OK là-dessus. Et ça m'a permis d'essayer de mieux formuler deux ou trois idées, même si c'était un peu hors sujet par rapport au motif principal du billet.
Le débat est intéressant, et je n'avais jamais entendu dire que Bourdieu défendait une conception de l'intériorité "synaptique" (parce que c'est mal, mais je n'ai pas lu les méditations...).
Pour ma part, puisque j'ai beaucoup travaillé sur cette notion ("l'intériorité"), sur un plan philosophique autant que socio-anthropologique, je vous renverrais au livre coordonné par C. Herzlich sur le "for intérieur" où l'on trouve des théorisations extrêmement intéressantes.
Pour ma part, les termes d'intériorisation et d'incorporation restent, quoi qu'il arrive, des métaphores, dans la mesure où elles n'ont pas de lieu. On rougit quand on est timide, certes, mais l'explication ne se trouve pas derrière le derme.
La mémoire n'est pas un lieu, dans ce cadre, et le fétichisme du cerveau que l'on confond avec les opérations qu'il est capable de faire (cf. la citation de Bourdieu et Changeux) mène à des questionnements farfelus voire complètement absurdes (où se trouve, dans mon cerveau, la phrase que je viens d'énoncer ? Où est le souvenir de mon enfance, etc. ?)
Sur le viol, il reste une construction sociale quoi qu'il arrive. Les sociétés matriarcales, bien que très minoritaires, existent.
De même, la prohibition de l'inceste trouve son fondement le plus clairement exprimé dans les soubassements inconscients (ou non) d'une Structure (anthropo classique), et non dans des justifications d'ordre biologique. S'il existe des théories sur la question, je veux bien en savoir plus !
Donc l'opposition, bien que féconde, entre nature et nurture me paraît pour le coup assez artificielle dans le cadre de ce débat. Et ça me renvoie à ces propos de Delphy où il était question de la construction sociale de ce qui relève de la nature et de ce qui n'en relève pas. Et qui vaut aussi dans l'inconscient scientifique des biologistes : que vont-ils considérer comme relevant de leur discipline ou comme n'en relevant pas ? A ce titre, c'est moins le "genre" qu'il faut questionner que le "sexe".
Car c'est le propos implicite de l'hôte de ces lieux : In fine, quand on parle de sexe, on parle rarement des parties génitales. Très souvent d'attributs autres, ne renvoyant pas à l'objet, mais à un ensemble d'interactions biologiques, physiques, sociales (au sens très large).
Ma question, adressée @Anthropiques, c'est, qu'est-ce que le sexe ?
p.s : c'est Foucault qui me reprend et son idée de (dispositif de) "sexualité" abordée dans le premier tome de son Histoire...
Sur la question du sexe, j'avais écris ça : http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2011/09/le-sexe-est-bien-une-construction.html
Vincent, je pense que vous n'avez pas lu l'article, sinon votre question ne fait aucun sens. Si jamais vous repassez par ici, voudriez-vous le lire et nous resumer ce que vous en avez compris ? S'il y a quelque chose d'ameliorable, autant que ce soit fait.
Et puis un communique de 2005 pour Denis : http://www.education.gouv.fr/bo/2005/34/CTNX0508542X.htm
;)
Bonjour, juste une question (une vraie, je ne cherche pas à polémiquer): Vous dites: "Qui pourrait prétendre que, élevé dans de telles conditions, un individu serait capable d'exprimer une préférence sexuelle pour l'un ou l'autre sexe ?". Je pensais, peut-être à tort, que la reproduction avait un aspect instinctif. Cela m'a toujours été présenté comme un besoin vital, donc biologique (respirer, manger, éliminer les déchets du coprt, etc). Est-ce que dans le cas de la boîte, le besoin se résume à copuler, sans distinction du sexe (biologique) du partenaire ?
Bonjour,
J'avais écris un long texte argumenté, qui s'est perdu en cours de route. Voici les points essentiels :
1) Je ne suis pas croyant mais athé
2) Je fais partie des sympathisants de la "Manifestation de la Haine"
3) Je déplore votre approche binaire et le manque de rigueur de l'argumentation que vous présentez.
Vous préjugez, en supposant que la motivation de vos adversaires est religieuse, ou découle d'idées obscurantistes prônant l'inégalité. Je vous présente ma motivation, et celle de nombreux opposants, vous me direz si vos préjugés vous semblent encore fonder (il faut savoir penser contre soi, j'ose croire que vous y arrivez) :
En clair, je ne suis pas contre les gender studies, je suis contre le fait de l'inculquer à des enfants de 6 à 10 ans sans examen critique de la chose. Le rôle de l'école est formel : fournir les armes intellectuelles. Faire des cours en entrepreunariat, en tolérance ou que sais-je est une erreur, surtout lorsqu'il y a des lacunes en français, une culture historique insuffisante, des déficiences en mathématiques. L'école n'a pas à être politique, elle n'enseigne pas de valeurs, elle enseigne les moyens de les penser.
En plus clair encore : ce n'est pas l'objet des gender studies qui me gêne, mais le public visé. Cela découle d'une conception particulière de ce que devrait être l'école républicaine. Cela vous fera peut-être comprendre pourquoi l'introduction dans les programmes de SES au lycée a provoqué une contestation bien moins forte que les amendements dont je parle ici.
L'Homme est issu de la Nature. C'est le donné. Il y a un donné, ce donné existe, le nier m'apparaît comme étant dangereux. Mais l'Homme est un être de culture. Là arrive la question de la valeur. Le sexe est un donné ; ses représentations, la valeur d'être homme ou d'être femme dépend de la culture. Je suis pour la différence de ces représentations ; j'adhère aux représentations différenciant l'homme et la femme ; je suis pour l'égalité des sexes. Egalité n'est pas synonyme d'identité ou d'uniformité. Toute la question de l'égalité des sexes n'est pas de "déconstruire" des représentations, mais d'écarter les différences non pertinentes en fonction de l'objet de telle ou telle mesure. Je m'oppose à la déconstruction, qui est une mauvaise façon de promouvoir l'égalité ; je soutiens la seconde approche.
J'ajoute un ultime point : oui, il y a des obscurantistes. Mais j'ose croire que vous ferez preuve de la rigueur intellectuelle nécessaire pour comprendre que la valeur d'une idée n'est pas fonction de son émetteur, et qu'amalgamer pour discréditer son interlocuteur n'est pas la meilleure façon de débattre.
Cordialement.
Flash
@SB : il y a sans doute un instinct à trouver du plaisir, et la stimulation sexuelle peut procurer ce plaisir. Les individus privés de relations humaines (enfants faussement "sauvages", enfants "placards", etc.) semblent ne pas développer d'attirance sexuelle.
@Flash : Votre commentaire peut se résumer ainsi : vous considérez que l'école ne doit pas être politique et que si elle diffuse vos valeurs politiques, elle ne l'est pas. Et vous en voulez aux études sur le genre de rappeler que votre vision est une vision politique. Si l'école doit fournir des armes intellectuelles, alors l'école doit fournir l'arme du genre, qui est une arme intellectuelle terriblement efficace.
Comme tous les sympathisants de la manif de la haine, vous vous imaginez sans doute défendre les enfants. C'est simplement faux. Vous ne défendez pas les enfants. Vous défendez le droit à élever les enfants comme de futurs hétérosexuels correspondant aux rôles genrés que vous considérez comme naturels, et vous voulez interdire à ces enfants de pouvoir prendre leur distance et choisir entre ceux-ci. Vous ne défendez pas l'enfant qui se découvre une attirance pour une personne de son sexe, l'enfant qui a envie d'aller vers des activités qui ne sont pas attribuées à son genre, vous ne défendez pas ce que Beatriz Preciado appelle l'enfant queer (http://www.liberation.fr/societe/2013/01/14/qui-defend-l-enfant-queer_873947).
Ce que nous appris le féminisme depuis sa naissance, c'est qu'il faut se méfier de ceux qui se prétendent neutre. Et c'est ainsi que se présente votre commentaire.
Et le sexe n'est pas un donné. Lisez le lien vers le billet que j'ai donné dans mon commentaire précédent.
@# : Je ne me suis jamais senti tenu par des comités chargés de statuer sur la langue. Le jour où l'on fermera l'Académie française, on aura fait pour moi un grand pas en avant.
@ Flash :
"je suis contre le fait de l'inculquer à des enfants de 6 à 10 ans sans examen critique de la chose"
N'enseigne-t-on pas l'histoire aux enfants de 6 à 10 ans sans aucun examen critique de la chose ? N'enseigne-t-on pas le français ou les mathématiques à ces enfants sans aucun examen critique de la chose ?
Pourquoi n'enseignerions-nous pas la sociologie sans examen critique de la chose ? Quel mal y a-t-il à souligner que la masculinité et la féminité ne sont pas des "donnés" mais des prescriptions sociales ? Quel examen critique cela mérite-t-il ? ça va perturber les enfants d'apprendre qu'être un garçon ou une fille, ça s'apprend aussi ?
"L'école n'a pas à être politique, elle n'enseigne pas de valeurs"
Ah bon, alors pourquoi y donne-t-on des cours d'éducation civique ? Pourquoi leur enseigne-t-on les maths, le français ou l'histoire de cette manière là, et pas autrement ? Avant cela, pourquoi enseigne-t-on aux enfants à se respecter les uns les autres, à limiter leurs recours à la violence, etc. ? Ce n'est pas en fonction de "valeurs", justement, que l'on organise le travail pédagogique et le contenu des cours pour correspondre aux valeurs portées par la société ?
"elle enseigne les moyens de les penser"
Dans ce cas, avant l'histoire et le français, ne serait-il pas plus pertinent de mettre des cours de sociologie qui permettent justement une réflexivité qui n'existe que dans une seule autre discipline... la philosophie, enseignée en terminale seulement ?
"L'Homme est issu de la Nature."
Sauf que la "Nature", c'est quoi ? L'environnement ? notre capital génétique ? Nos capacités intellectuelles ? le monde végétal vierge de toute présence humaine ?
La Nature, c'est, en conséquence, un concept. Une catégorie aux frontières extrêmement floues et certainement pas un "donné".
La différenciation homme/femme (et les représentations y afférentes) ne sont quant à elles pas naturelles du tout, puisque c'est une des premières sinon la première construction sociale (structurale ou pas, chacun son truc) qui a lieu dans les sociétés humaines.
Ces représentations différentes ne sauraient donc être naturelles. Elles reposent sur des systèmes (je reprends le structuralisme d'Héritier et consorts) d'analogies et de références, d'oppositions et de différences à l'intérieur d'un système symbolique ou ces références et ses oppositions forment un puzzle. jour/nuit. homme/femme. Sang et sperme/terre. Oppositions fondamentales que l'on retrouve dans (presque) toutes les sociétés humaines.
Quant à défendre "l'uniformité", comme vous y allez ! Où avez-vous lu que les différences individuelles ou non (sociales, culturelles, politiques, idéologiques, biologiques, physiques, historiques) n'existaient pas ? Vous sortez cette idée d'uniformité de votre chapeau où vous avez trouvé des défenseurs de l'uniformisation généralisée des individus quelque part ? Je veux bien des sources.
@Denis : merci pour ton lien. C'était long. Et tu digresses trop. ;-)
Bonjour,
Monsieur Colombani, vous présumez encore une fois. Je me fiche des droits de l'enfant. Je considère simplement qu'il n'y a pas discrimination ; que par là, il n'y a pas d'arguments valables à ce projet de loi ; et qu'à défaut d'arguments, un projet n'est pas justifié. Je ne vais pas m'étendre sur la chose, étrangère à la question du genre.
Les gender studies ne sont pas un outillage intellectuel au sens auquel je l'entends. Par outillage intellectuel, j'entends la connaissance des règles de logique, c'est-à-dire le développement des capacités déductives, la connaissance des syllogismes, les raisonnements inductifs, la distinction entre causalité et corrélation, la capacité à distinguer. En somme, fournir la possibilité pour chacun d'analyser puis d'argumenter. Inculquer des "vérités" sans fournir cet outillage, ce à quoi tend notre école, est infiniment dommageable. Vous me direz peut-être que c'est faux, que tout va merveilleusement bien. Vous aurez compris que je ne partage pas cette analyse.
Par valeur à ne pas enseigner, j'entends des doctrines politiques présentées comme des faits intangibles hors de toute conversation. J'ai parfois l'impression qu'une partie de la sociologie, militante, a une prétention au scientisme, ou en tout cas une prétention à dicter la politique.
Enseigner à des enfants de 6 ans, ce n'est pas discuter, c'est inculquer. Ne mélangez pas tout : prêter à ses adversaires des intentions qu'ils n'ont pas -interdire la liberté de recherche par exemple- n'est pas un procédé rigoureux, ni estimable.
Vous estimez que la sociologie doit être enseigné, comme une vérité incontestable, dès le CP. Je vous dis que ce n'est pas neutre. Tout comme il n'est pas neutre de proposer à des associations politisées de faire une partie de l'éducation des enfants, comme cela a pu être fait -chose contre quoi les obscurantistes dans mon genre se dressent-. Enseigner une théorie relativiste, essentialiste ou différentialiste, à l'exclusion des autres n'est pas neutre. C'est un choix politique. Je vous ai présenté mon choix politique (comme indiqué, c'est là ma conception de l'école républicaine, conception qui est bien évidemment politique). Vous, vous vous cachez derrière la "science" pour nier le caractère politique de votre conception. Ce qui vous dérange peut-être, c'est qu'on puisse discuter de l'opportunité d'enseigner tel ou tel chose? Qu'on puisse en débattre? Débat qui implique notamment de discuter de l'opportunité de l'enseigner à tel ou tel public, de discuter des modalités de l'enseignement, des finalités qu'on se propose d'atteindre.
Cordialement,
Flash
@Flash : Non content de ne pas être content de lire correctement mon nom, vous montrez que vous n'êtes pas capable non plus de lire correctement le billet.
Je vous ré-écris donc son propos :
LE GENRE EST UN FAIT.
Ce que j'enseigne à mes élèves, c'est à voir un fait : il existe des rôles de genre. Ca ne me plaît pas. Ca existe quand même.
Votre idée, naïve, est que parce que ce n'est pas biologique, c'est des "valeurs". Cela cache mal, malheureusement, le fait que votre position est politique.
Si vous n'êtes pas capable de répondre à cela, je ne publierais pas vos commentaires suivants.
@ Denis Colombi :
Pardonnez, la fatigue.
Comme mes commentaires suivants le précisent, ma vision est aussi politique que la vôtre.
Et comme ils le précisent également, je n'apprécie guère que la seule chose dont la valeur ne peut être discutée est la sociologie. Un peu à la façon de l'économie. Vous prescrivez des normes en niant le faire, arguant que c'est un fait hors de tout sujet de discussion. Lorsqu'on veut avoir un rôle normatif, en démocratie, on accepte que la norme puisse être discutée, fut-ce avec des arguments qui ne sont pas sociologiques ou économiques.
Vous pouvez nier le caractère politique de la sociologie, qui serait exempte de toute forme de militantisme, et par là le caractère politique de votre revendication. Tout comme vous pouvez nier que le vocabulaire que vous employez a, à plus d'un titre, un caractère politique, tout comme celui de Beatriz Preciado. Je trouverai cela dommage, car l'admettre ne prête guère à conséquence : avoir un propos politique, ce n'est pas grave, vous savez.
Cordialement,
Flash
C'est vous qui avait affirmé que l'école devait être neutre, et tout le bazar, alors qu'en fait vous voulez juste qu'elle défende votre position politique renommée "neutralité". Assumez au moins vos contradictions.
Si vous voulez discuter la sociologie, il faudrait que vous avanciez des arguments qui soient d'ordre sociologique. Vous ne le faites pas. En fait, vous n'avancez aucun argument. Sans surprise, vous êtes incapable de répondre à cela : le genre existe. Ce n'est pas une théorie. Donc on va en rester là.
J'ai toujours eu du mal avec les "expériences" avec appui d'IRM. Cela revient à comparer un blond et un brun sachant que le premier fait de la musculation et de conclure puisque le blond est plus musclé donc c'est dans les gènes des blonds d'être musclé, cqfd.
On nous parle encore et encore de ces études foireuses ethnocentriques et non méthodologiques encore et encore alors que cela fait 20 ans qu'elles ont été dénoncées.
Mon fils a une particularité génétique comme 6% de la population (et oui les mutations génétiques touchent aussi les prétendus immuables gènes sexuels, vous les anti-genre vous êtes peut-être un monstre de la nature selon vos critères) alors on fait quoi on fait des groupes XX, XY, XXY de sexe masculin, XXY de sexe féminin, XYY de sexe masculin, XYY de sexe féminin (mais si ça existe)?
J'ai une particularité génétique qui fait que j'ai des migraines, je suis donc plus souvent fatiguée alors on peut plus excuser mes accès de violence que ceux qui n'ont pas ce gène? En même temps, j'ai développé une très haute tolérance à la douleur, donc je suis un groupe à part?
Je crois sincerement que Flash a le meme probleme que Vincent plus haut. Quand il dit "En clair, je ne suis pas contre les gender studies, je suis contre le fait de l'inculquer à des enfants de 6 à 10 ans sans examen critique de la chose." il montre clairement qu'il n'a pas lu ou pas compris l'article. A la place d'un captcha pour poster un commentaire, il faudrait devoir resumer la pensee de l'auteur. Flash et Vincent : etes vous capable de rsumer en quelques mots ou en quelques phrases ce que dit l'article ?
"LE GENRE EST UN FAIT. "
Merci de démontrer par cette phrase que vous n'êtes en aucun cas un scientifique. Même Einstein ne se serait pas avancer à ce genre d'affirmations.
M. Colombi,
Le genre existe, c'est un fait en effet (personne ne le nie vraiment j'ai l'impression) mais je pense que lorsqu'on évoque la théorie du "genre" on parle d'autre chose que d'une notion de genre qui serait remise en cause, mais plutôt de la variété des études (que vous évoquez d'ailleurs) sur le genre, sur la performativité, sur la pertinence des catégories sexuelles etc etc (études qui sont bien, je pense que vous serez d'accord, des théories, dans le sens où la recherche scientifique dans ce domaine, depuis Butler, n'en est qu'à ses débuts).
Je ne sais pas quel est le programme de SES, mais je serais en effet étonné si vous enseigniez les théories de Butler, Rubin etc, comme des faits scientifiques assumés (ou en tout cas, sans mise en perspective critique).
De plus, je vous trouve un peu dur, voir méprisant, envers ce que vous appelez les néo-réacs (j'ai aussi lu néo-conservateurs, mais ça me parait contradictoire vu les positions politiques de ces deux groupes). Vous êtes sociologue (je suis anthropologue), et je pense que vous comprenez qu'une large partie de la population reste attachée à certaines valeurs traditionnelles, qui servent de référent et renvoient une image de stabilité de la société. La société évolue bien entendu (qu'elle ait le devoir d'évoluer est un autre débat) mais je trouve les positions de certains responsables politiques légitimes à cet égard (ce sont des élus, et ils répondent aux attentes, aux espoirs, aux incertitudes des citoyens). Un responsable politique n'est pas un chercheur, il doit représenter l'opinion publique populaire.
A bientôt,
JB
@dexter : que vous veniez étaler ici votre ignorance de la distinction entre un fait et une théorie est votre problème. Que vous vous croyiez profond en citant Einstein tout en ignorant Bachelard (un fait est construit, conquis, constaté...) est assez amusant. Que vous n'ayez pas lu le billet est par contre assez désolant. Pour vous.
@JB : Lorsque l'on parle de "théorie du genre" dans les médias et dans le débat public, c'est précisément l'idée qu'il existe un ordre distinct du biologique qui est visé. C'est ce contre quoi ce billet s'énerve puisqu'il s'agit, vous l'avez bien compris, soit d'une erreur, soit d'un mensonge - et c'est plus souvent la deuxième option que l'on pourrait le croire. Concernant les programmes, j'ai fait figurer un extrait dans le billet. Il s'agit bien de présenter le fait du genre et non ses théories : dans la mesure où un fait ne se donne jamais à voir facilement (il ne suffit pas de mettre le nez dehors pour voir l'évolution, pas plus que l'on ne peut accéder au fait que la Terre n'est pas plate juste en regardant l'horizon...), c'est déjà un objectif pédagogique suffisant pour le lycée. Votre dernière remarque me pose beaucoup de problèmes. Je m'en tiendrais à un : l'opinion publique n'existe pas, et les hommes politiques ne la représentent donc pas.
Je profite de ce commentaire pour dire que je ne publierais pas les commentaires cryptiques, insultants, incompréhensibles, haineux ou qui n'ont visiblement pas lu le billet. J'en ai laissé passé quelques uns, je le regrette déjà.
En realite ce que beaucoup demandent simplement, c'est que les experiences sociales dites scientifiques ne soient pas faites sur les enfants.
Vous avez vos theories, appliquez-les donc sur vos enfants plutot que de prendre le risque d'un desastre chez les autres.
Que l'ecole se recentre sur ses fonctions essentielles, a savoir produire le moins d'illetres possible, point.
Vos grandes theories ne seront d'aucune aide dans la vie d'un gamin. Apprendre a ecrire, a lire, a compter et a developper son esprit critique, oui.
@Alex6 : Enseigner le genre, c'est développer l'esprit critique. C'est ce qui est clairement indiqué dans le billet. L'avez-vous lu ? Je crois bien que non.
Pourquoi tant d'insultes ? Beaucoup d'ignorance de votre part dans vos agression des opposants ... Des opposants à quoi d'abord ?
Il me semble que ce qui est remis en question par les soi disant "opposants au genre" n'est pas précisemment une attaque sur la méthode qui consiste à poser l'existence d'un genre afin d'étudier en sciences humaines l'impact d'une culture de ses stéréotypes mais aussi de ses traditions et coutumes.
Non ce qui est précisément attaqué c'est la dérive idéologique qui consiste à vouloir par la force reconfigurer la société sur la base d'une vision opaque qui prend l'excuse du concept de genre dans les sciences humaines. Et ce qui est plus grave les théories dérivées sur la constitution de la sexualité des enfants.
Les premières applications du concept de genre sur la sexualité enfantile sont le fait de John Money, pédophile militant qui s'est livré à des expériences de reconfiguration de la sexualité d'un enfant mutilé avec pour résultat son suicide et celui de son frère jumeau. Mentant sur ses expériences, il est d'ailleurs un des pères fondateurs du terme même de "gender" en anglais.
Il ne s'agit pas de réfuter l'apport de ce concept dans les recherches en sciences humaines, beaucoup faisaient d'ailleurs du "gender" sans le savoir...
Il s'agit de réfuter un projet de société imposé par la force de la loi qui vise à reconfigurer la sexualité de nos enfants dès le CP.
Car de la sexualité de nos enfants, c'est ce dont il est question. Ci joint extrait de la convention interministérielle sur l'éducation du primaire et du secondaire : http://www.education.gouv.fr/pid25535/bulletin_officiel.html?cid_bo=67018
"[...]que l'École porte à tous niveaux le message de l'Égalité entre les filles et les garçons et participe à modifier la division sexuée des rôles dans la société. Cela nécessite que :
[...]
- L'éducation à la sexualité, dans toutes ses dimensions, soit assurée pour les filles et les garçons. Les savoirs scientifiques issus des recherches sur le genre, les inégalités et les stéréotypes doivent nourrir les politiques publiques mises en place pour assurer l'égalité effective entre filles et garçons, femmes et hommes."
Comment sommes nous passé de l'étude des phénomènes sociaux qui impactent l'identité d'un individu à une volonté de détruire et de controler la sexualité de nos enfants.
Hitler et Stalline ont eux aussi justifié leurs oeuvres par la science. Nous sommes face à un projet dangereux que tout honnête homme doit combattre.
Vous justifiez l'utilité de votre outil dans les sciences humaines. Personne ne vous le conteste. Ce qui choque c'est la portée du message idéologisant et fasciste qui utilise votre science comme alibi...
@Bruno_B : dans un même message, vous amalgamez l'égalité de genre avec la pédophilie, le nazisme, le fascisme, et le stalinisme. Et vous vous étonnez que je m'énerve ? Et vous avez le culot de vous fâcher parce que je traite de crétin des gens qui mentent éhontément ?
Ce qui est désolant, dans votre commentaire, c'est de voir que ce que vous ne supportez pas, c'est la simple idée que l'on va dire aux enfants que garçons et filles sont égaux, qu'il n'y a pas lieu d'attribuer certaines tâches, activités ou sexualités à certains genres, et qu'il n'y a pas d'obligation à être hétérosexuel.
Voilà ce que vous considérez comme "fasciste". Voilà ce contre quoi vous luttez. Et vous voudriez qu'on vous prenne au sérieux ? Et qu'on soit gentil avec vous ?
Dans la mesure où les commentaires que je reçois actuellement oscille entre le vide de l'insulte et le mensonge éhonté (où l'on nous fait croire que défendre l'égalité entre les genres et les sexualités, c'est-à-dire leur dire qu'il n'y a pas que l'hétérosexualité qui est respectable, revient à les manipuler ou à faire quelque chose qu'ils ne peuvent comprendre...), je préfère fermer les commentaires. Merci à ceux qui me lisent. Pour les autres, le billet est là pour dire que l'on ne cédera pas.
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