Comme le dit si bien le Global Sociology Blog, à qui je reprend ignomineusement l'information, il fallait bien que quelqu'un le fasse... Et je m'avoue assez déçu de ne pas y avoir penser le premier. A quoi ? Mais à faire la sociologie des zombies, bien sûr.
Voilà en tout cas un blog que je vais vite fait rajouter à mon blogroll. J'aime beaucoup la micro-économie appliquée, surtout la conclusion, tellement bien trouvée, comme quoi ce n'est pas qu'un post pour rigoler :
Dans la même veine, le paragraphe de criminologie n'est pas mal du tout - toujours dans la remarque finale :
Et en France, ça donnerait quoi ? On pourrait imaginer de faire passer le fait social "zombis" au crible de quelques uns des poncifs, ponts-aux-ânes et autres incontournables de nos manuels de sociologie. Imaginons juste ce que cela donnerait pour l'indispensable présentation de l'approche bourdieusienne :
De même, il faudrait sans doute envisager une approche individualiste méthodologique, puisque l'on en fait même des pensum :
Ne doutons pas que je ne tarderais pas non plus à proposer une approche de la zombification à partir de la sociologie de Mark Granovetter :
Et histoire d'être hype, on peut même imaginer ce qu'en dirait Luc Boltanski :
Bien évidemment, si vous souhaitez proposer vos propres analyses, que ce soit en sociologie ou autre, ne vous gênez pas, les commentaires sont là pour ça.
Voilà en tout cas un blog que je vais vite fait rajouter à mon blogroll. J'aime beaucoup la micro-économie appliquée, surtout la conclusion, tellement bien trouvée, comme quoi ce n'est pas qu'un post pour rigoler :
Applied micro-economics. We combine two unique datasets, the first being military satellite imagery of zombie mobs and the second records salvaged from the wreckage of Exxon/Mobil headquarters showing which gas stations were due to be refueled just before the start of the zombie epidemic. Since humans can use salvaged gasoline either to set the undead on fire or to power vehicles, chainsaws, etc., we have a source of plausibly exogenous heterogeneity in showing which neighborhoods were more or less hospitable environments for zombies. We show that zombies tended to shuffle towards neighborhoods with low stocks of gasoline. Hence, we find that zombies respond to incentives (just like school teachers, and sumo wrestlers, and crack dealers, and realtors, and hookers, …).
Dans la même veine, le paragraphe de criminologie n'est pas mal du tout - toujours dans la remarque finale :
Criminology. In some areas (e.g., Pittsburgh, Raccoon City), zombification is now more common that attending college or serving in the military and must be understood as a modal life course event. Furthermore, as seen in audit studies employers are unwilling to hire zombies and so the mark of zombification has persistent and reverberating effects throughout undeath (at least until complete decomposition and putrefecation). However race trumps humanity as most employers prefer to hire a white zombie over a black human.
Et en France, ça donnerait quoi ? On pourrait imaginer de faire passer le fait social "zombis" au crible de quelques uns des poncifs, ponts-aux-ânes et autres incontournables de nos manuels de sociologie. Imaginons juste ce que cela donnerait pour l'indispensable présentation de l'approche bourdieusienne :
La zombification est un phénomène de classe, caractérisé par un habitus zombi qui génère des dispositions à la fois classées et classantes. Celles-ci contribuent fortement à la reproduction sociale, dans la mesure où les classes supérieures, par l'exercice de la violence symbolique au travers des institutions sociales qu'elles contrôlent, peuvent disqualifier les comportements propres des classes zombifiés. On notera cependant, à la lumière de recherches plus récentes, que l'on peut retrouver des zombis dans les classes supérieures : ceux-ci se caractérisent alors par un rapport cultivé à la consommation de cerveau ou une distinction de soi à soi (on ne mange pas le cerveau de n'importe qui, ni dans n'importe quelle situation). Ainsi, le modèle général n'est pas remis en cause.
De même, il faudrait sans doute envisager une approche individualiste méthodologique, puisque l'on en fait même des pensum :
Il faut comprendre les zombis en restituant les "bonnes raisons" de devenir zombi, afin de le faire apparaître comme un comportement rationnel. Ainsi, le choix de devenir ou non zombi dépend avant tout d'un calcul en fonction du rendement espéré de cette transformation. L'agrégation de ces comportements se traduit par un effet émergents, à savoir la réduction du nombre d'humains non-zombifiés ce qui réduit les gains de sa propre zombification. On peut ainsi parler d'une inflation zombifique, comme pour les diplômes.
Ne doutons pas que je ne tarderais pas non plus à proposer une approche de la zombification à partir de la sociologie de Mark Granovetter :
Que nous apprend le modèle de Mark Granovetter ? Essentiellement que la sensibilité d'une société à la zombification ne dépend pas de la proximité de ses membres, mais de l'existence de liens faibles, par lesquels le caractère de zombi peut facilement se transmettre. Ceux-ci garantissent en effet un niveau de confiance qui réduit la capacité des individus à prendre les bonnes dispositions pour faire face au problème. Si l'on peut parler ici de force des liens faibles, c'est essentiellement du point de vue des zombis.
Et histoire d'être hype, on peut même imaginer ce qu'en dirait Luc Boltanski :
Il émerge ainsi une nouvelle cité, la cité "cerveau", dans laquelle l'action de l'individu se justifie par la malédiction dont il se sent le porteur. Celle-ci émerge particulièrement dans des situations conflictuelles où un petit groupe de personne se trouve obligé de justifier son existence dans une maison en bois perdu dans une contrée improbable tandis que les villageois leur demande de façon insistante et volontiers physique de s'expliquer quant à leur présence sur leur terre. Reste maintenant à penser de la sociologie de la critique zombifique à une véritable sociologie critique de ce même phénomène.
Bien évidemment, si vous souhaitez proposer vos propres analyses, que ce soit en sociologie ou autre, ne vous gênez pas, les commentaires sont là pour ça.
4 commentaires:
Je propose une grille d'analyse postcoloniale du zombi.
La construction de l'altérité identitaire morbide, le zombi, prends historiquement racine dans le moment redoublé de la fin de l'esclavage et du début de la colonisation dans la région afrocaraibéenne. L'altérie zombie par ses caractéristiques morbide mais également avide de chair humaine permet aux survivants, c-a-d les descendants des esclavagistes, de constituer un "Nous" absout par nature des crimes liées à la traite négrière. La déshumanisation du corps des esclaves, la répression sanguinaire de toute forme de rebellion, est à ce moment là naturalisé en inhumanité des esclaves rebelles. A l'époque (post-)moderne, ce fantôme colonial joue le rôle de fétiche permettant à l'ensemble du corps social de répéter ce stigmate sur toute forme de rébellion carnée des dominés en permettant la déshumanisation du sujet dominé.
juste pour faire remarquer que tu peux coupler à l'approche individualiste la théorie du Chaos...
la zombification ne doit pas être trop rapide mais équilibrée, sinon les zombies mourront par disette....c'est comme le loup et l'agneau....
néo-durkeimien:
Cette course effrénée à l'humain, le manque de division du travail de chasse, l'individualisme des zombies sont autant de signe de l'anomie du corps social.
weberien :
les formes de sociations du groupe de zombie, ces êtres mus par leur intérêt privé ne parvient pas à s'instituer et témoigne de immixtion des logiques capitalistes dans l'économie domestique. Il semblerait toutefois que l'esprit du zombie soit proche du beruf, cette profession vocation. Dès lors comment ce qui était honteux devient-il glorieux?
Frankfurt :
L'invasion des zombies dans les pavillons américains, décimant des familles entières n'est qu'une métaphore du processus de marchandisation de la famille par l'industrie culturelle. Le succès de cette idéologie néo-libérale, quasi consumériste traduit l'endoctrinement des masses par hollywood.
A la Elias :
le processus de civilisation du zombie, la normalisation de la traque, la routinisation et l'intériorisation des normes sociales dans le comportement traduisent un mouvement de contrôle de soi, offrant un espace de libération décontrôlée des émotions, encouragé par l'interdépendance entre zombies et humains.
Sur/Post-moderne :
Le zombie illustre bien l'effacement de la limite entre le vivant et le mort, désacralise, brise le tabou ultime et offre des micro-récits de la faim de l'histoire. Le corps n'est qu'un assemblage d'atomes, une enveloppe du paraître, arborant le drame de la modernité : l'individualisme jusque dans l'au-delà. Plus qu'une société du spectacle - ces hordes offrant un spectacle sur le spectacle - le corps n'est même plus un objet de consommation, il est l'anti-processus même.
Ce qui pose évidemment la question centrale : l'au-delà, incarné de manière profane ici et maintenant peut-il offrir un grand récit historique capable d'apaiser les âmes face à ce présentisme techniciste?
En anglais, sur les mouvements sociaux, ici :
http://orgtheory.wordpress.com/2010/08/19/social-movements-and-zombies/
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