A propos des SES : les chefs d'entreprise ne sont pas nos ennemis !

A propos de la grève dans l'enseignement qui a eu lieu aujourd'hui, le journal France Soir publie un article sur les sciences économiques et sociales où est interrogé un jeune et brillant enseignant... L'entretien téléphonique avec la journaliste a été plutôt bien restitué, et l'essentiel des points importants sont bien présents.


Cependant, sans doute du fait de la place limité laissé à ce thème, un passage, sans être inexact, peut donner une vue incomplète de la situation. En effet, on peut y lire : "Les professeurs évoquent presque un « complot » des patrons auprès du ministère". Il est important de préciser que les professeurs de sciences économiques et sociales n'ont rien contre les chefs d'entreprise en tant que tels ! Nous n'avons aucune raison de nous opposer aux entrepreneurs. C'est seulement certains chefs d'entreprises qui ont critiqué de façon complètement infondé notre enseignement qui nous pose problème. Il s'agit donc moins d'un complot des patrons que d'un complot de certains patrons.

Du reste, le terme "patron" ou même celui de "chef d'entreprise" recouvrent des réalités extrêmement diverses. Votre boulanger peut-il véritablement être comparé à Michel Pebereau ? On peut se le demander. Les associations qui se réclament des entrepreneurs ne peuvent prétendre traduire l'avis de tous les entrepreneurs. Il est dommage que, trop souvent, on pense que les entrepreneurs sont avant tout des chefs de grandes entreprises et que l'on oublie trop facilement les artisans, les dirigeants de petites entreprises, etc.

A part ça, la grève des enseignants semble avoir été plutôt bien suivie. Une note sur ce qui permet aux grèves de réussir suivra dans quelques jours. Il faut souligner la très forte mobilisation des professeurs de SES : 80% d'entre ont accepté de perdre une journée de salaire pour montrer leur désaccord avec l'avenir promis à notre discipline dans la nouvelle maquette du lycée et leur lassitude face aux attaques récurrentes et incompétentes que le ministre accueille sans sourciller. Nous ne demandons qu'une chose très simple : de pouvoir donner à tous les élèves des outils intellectuels nécessaire à la compréhension du monde qui les entoure, que ce soit la crise financière, les stratégies des entreprises, la mobilisation collective ou la hausse du niveau de vie. En ayant d'autre objectif que d'approcher au mieux la vérité. En d'autres termes, faire notre métier. Ni plus, ni moins.

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher collègue
Les chefs d'entreprise ne sont pas nos ennemis ? Voire
Qu'entend -on dans les "chansons" de l'APSES (voir son site) : "le medef veut faire la peau aux ses" "les patrons ont levé les bras au ciel disant qu'en ses les manuels en faisaient trop dans le compassionnel ? Merci de m'indiquer à quel texte du MEDEF on fait allusion ? Ce n'est pas le MEDEF qui parle de "compassionnel" ce sont les sociologues de la commission Guesnerie.
Chansonnettes ou biais idéologique ?
Joseph Hadjian adhérent de l'apses gréviste ce jour

Denis Colombi a dit…

Cher collègue,
Des chansons ne doivent pas être confondue avec les déclarations officielles de l'Apses, c'est un premier point important. Pour l'expression, les "patrons", je pense qu'il s'agit d'une ellipse, lié à la licence poétique de la chanson (pas assez de pieds pour les nuances, c'est la limite du discours artistique par rapport au discours scientifique). Pour l'autre, je ne sais pas, je ne connais pas toutes les prises de position du Medef. Je doute aussi que ce soit les sociologues de la commission Guesnerie qui ait imposé l'expression "compasionnelle". Je suis prêt à prendre les paris qu'il s'agit d'une fantaisie de Pebereau.

Pour le reste, il me semble que ce genre d'interrogation aurait plus sa place dans les discussions internes à l'Apses - où je ne crois pas l'avoir vu soulevée... Pourtant ces chansons ont été proposées avant d'être utilisées.

Anonyme a dit…

Toutes les critiques viennent du patronat même quand elles ne viennent pas du patronat !
Le mot "compassionnel" a reçu un écho dans la presse au mois de juin ; il est utilisé UNE fois dans le rapport Guesnerie à propos de la SOCIOLOGIE ("une sociologie trop abstraite, trop déterministe et trop compassionnelle"). Penser que les deux sociologues de la Commission dont LAUTMAN, un des pionniers des SES, ont laissé faire sans faire leur la critique, ou écrit sous la dictée de M. PEBEREAU, c'est retomber dans la théorie du complot... On y revient.

Denis Colombi a dit…

Le terme compassionnel - dont les journalistes ont fait leur miel - précède une section du rapport qui ne justifie en rien l'usage de ce terme (voir ma lecture du rapport : http://uneheuredepeine.blogspot.com/2008/07/rapport-guesnerie-lont-ils-lu.html

Etonnant donc ce terme mal choisie pour une critique somme toute acceptable d'un point de vue scientifique. Quand on sait qu'il n'y a pas eu de vote final de la commission sur une version définitive du texte, attribuer l'usage isolé de ce texte à celui de ses membres qui avaient déjà fait auparavent des déclarations allant dans ce sens ne me semble pas illégitime.

Enfin, "théorie du complot" devient un moyen facile de disqualifier ma position. Il y a incontestablement un lobby centré autour de quelques personnalités - Gattaz et Pebereau - qui s'attaque depuis quelques temps aux SES, ça ne me semble pas du délire. Et je n'utiliserais pas, personnellement, le terme "patronat" : ce sont quelques chefs d'entreprise qui se réclame du patronat mais dont on peut douter qu'ils le représente effectivement.

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