La presse anglo-saxonne se moque d'une soi-disante interdiction française de répondre aux mails après 18h. C'est le Guardian qui diffuse l'info, se faisant au passage corriger par Buzzfeed, dans une sorte de retournement des hiérarchies journalistiques qui laisse pantois. Mais soyons honnête : le mythe des Français feignasses, ce n'est pas une invention purement anglo-saxonne. Un certain discours auto-critique bien français y a fortement contribué, et ce bien avant même le débat récurrent sur les 35h... Comme j'ai pu le signaler précédemment, dans mon travail de thèse, j'ai été amené à interviewer bon nombre de Français travaillant ou ayant travaillé à l'étranger. Ce qui me frappe, c'est la distance entre leurs discours sur le rapport au travail en France et dans les pays Anglo-saxons et celui qui est le plus courant, quasiment officiel, dans les articles de presse et les discours politiques. Et si je vous disais qu'en France, on travaille trop ?
Si je vous le disais, il y aurait fort à parier qu'un certain nombre d'entre vous seraient étonnés. Et pourtant, c'est ce que plusieurs de mes interviewés décrivent. Lorsque je leur demande ce qu'ils apprécient dans le fait de travailler à l'étranger, et particulièrement dans les pays anglo-saxons, il y a quelque chose qui revient de façon récurrente : le fait que, à 17h, on puisse être au pub à boire des bières plutôt qu'au bureau en train de faire des heures supplémentaires. Ce n'est pas une reformulation de ma part : c'est bien en ces termes, avec le pub et la bière, qu'ils peuvent formuler ce jugement positif sur le travail à l'étranger (ou encore, à propos des Etats-Unis : "Moi, à 5h30, j'étais dehors. Et le vendredi après-midi, à 14h, les bureaux étaient fermés, la sécurité nous mettait dehors, donc j'allais faire de la planche à voile"). Et il s'agit en l'occurrence de cadres haut placés dans la hiérarchie de quelques entreprises industrielles et financières. Pour ne prendre qu'un exemple, voici le récit fait par l'un d'eux :
On peut mettre cela en miroir à la description haute en couleur faite par le Guardian des Français buvant du Sancerre pendant que les pauvres anglais triment et souffrent sous le point de la crise et de l'austérité :
Ce que critiquent ces expatriés en France, c'est bien souvent leur rapport au travail : l'un d'eux dit encore "en France, [...] les gens restent jusqu'à tard, mais ils travaillent pas vraiment de 8h à 20h, c'est pas vrai. On glande, on socialise. Ça a ses vertus aussi. Mais je pense qu'à Paris en particulier, on donne un gros coup sur les heures de travail, aux Etats-Unis non. Il y a toujours des gens qui travaillent beaucoup : les gens qui sont dans la finance, les avocats. Mais autrement non, ils font leur 8h". Une autre se plaint qu'il soit obligatoire en France de rester longtemps au bureau même si l'on n'a rien à faire juste pour montrer que l'on est sérieux et travailleur alors qu'en Australie, elle pourrait alors boire des bières (une fois de plus).
Evidemment, il ne s'agit pas pour moi de prétendre que la mise en avant de ces témoignages et vignettes permet de dire une fois pour toutes que l'on travaille plus en France que dans les pays Anglo-saxons, ne serait-ce que parce que mes interviewés appartiennent à une classe particulière, et qu'il en serait sans doute tout autrement, d'un côté comme de l'autre, si on se tournait vers les ouvriers ou les employés. Notons cependant que le Guardian ne prend pas plus de pincettes de ce point de vue là. Mais ces témoignages ne sont pas sans valeur, et je ne peux que m'étonner qu'alors que je les ai rencontré assez facilement, au sein d'un échantillon assez diversifié, ils n'apparaissent jamais dans les écrits de journalistes ou d'autres qui donnent la parole aux expatriés. Ainsi, pas de trace de cela chez Christian Roudaut qui entend pourtant donner la parole aux Français de l'étranger, et mène en fait essentiellement une comparaison entre le "modèle français" et le "modèle anglo-saxon", à l'avantage du second.
C'est d'autant plus étonnant que ces éléments peuvent s'interpréter facilement dans le cadre de ce que Philippe d'Iribarne a nommé "la logique de l'honneur". Celle-ci, caractéristique de la culture professionnelle française, implique que les individus se trouvent placés à un certain statut social qu'ils doivent s'efforcer de tenir : si ce statut donne quelques privilèges, il est aussi contraignant. Rester travailler jusqu'à tard pour ne pas perdre la face, pour faire preuve de son zèle et de son "honneur", c'est une façon de tenir ce statut, de tenir ce rôle, et par là de justifier les privilèges que l'on mérite par ailleurs. Les Etats-Unis seraient au contraire dans une culture du contrat individuel, laquelle permettrait de comprendre les attitudes également décrites ici. Sans entrer ici dans le détail, Ph. d'Iribarne ne considère pas que l'un des deux modèles est supérieur à l'autre : il s'agirait plutôt de cultures nationales, produites par des histoires longues - dans le cas de la France, cela remonterait à l'Ancien Régime, rien de moins -, et qu'il serait vain d'essayer de changer. Il faut au contraire que les entreprises composent avec.
Il est intéressant de s'interroger sur nos perceptions du temps de travail. Ce que nous montrent en fait de façon conjointe l'article du Guardian et les quelques éléments de témoignage que je donne ici, c'est d'abord une perception toujours nationale de celui-ci : dans tous les cas, on parle du temps de travail "des Français" ou "des Anglais", nonobstant le fait qu'il peut être en fait très variable d'un secteur à l'autre, d'une profession à l'autre, d'une classe sociale à l'autre. Nos perceptions sont organisées par ces catégories "déjà là", de la même façon que Jean Bazin soulignait que l'existence du mot "Bambara" faisait naître l'idée qu'il existait un tel peuple avec des attitudes particulières : "comment un Bambara, questionné sur la religion, énoncerait-il en effet autre chose que la religion bambara ?" (voir l'article "A chacun son Bambara" dans ce bouquin). Plus loin, il écrit :
Ainsi, nous ne voyons pas décrits ici les Français ou les Anglais, des entités de toutes façons difficiles à saisir : nous voyons seulement comment sont utilisés ces termes dans des contextes particuliers, répondant à des enjeux propres. De la même façon que l'ethnie Bambara est finalement une production coloniale, où les dominants s'appuient sur une catégorie déjà là pour créer un peuple à contrôler, les références aux Français qui travaillent peu ou trop répondent à des enjeux différents. Ne nous laissons pas aller à voir, dans les moqueries venus d'Outre-manche, une simple manifestation "anti-française" venue de la perfide Albion : la fin de l'article du Guardian laisse transparaître une forme d'envie, qui est en fait un point d'appui possible pour une certaine critique, dont il faudrait en soi étudier les enjeux. Et sans remettre en cause en rien les témoignages que je présente ici, ils s'agit aussi d'opérations de critiques de la France : ce qui est visé dans la constitution et l'opposition des entités "pays anglo-saxons" et "France", c'est une certaine forme des relations de travail en France, ces discours n'étant pas exempts de critiques des hiérarchies des grandes entreprises françaises et des façons d'y faire sa place. Bref, elles ne se situent pas n'importe où dans l'espace économique ni dans la structure sociale. Mais pour en savoir plus, il faudra attendre que j'ai fini ma thèse.
[Notes : 1) Après les avoir maintenus fermés pendant quelques temps, je ré-ouvre les commentaires. Je serais très vigilants sur la modération ; 2) Edit du 12 Avril 2014 : Je vois passer des réactions à ce billet quelques peu... étonnantes. Je me permets donc de préciser : ce billet ne prétend en aucune façon que l'on travaille plus en France que dans les pays Anglo-saxons. Il s'interroge plutôt sur le rapport au travail et la façon dont celui-ci est attribué à des entités particulières - "la France" ou "les pays Anglo-saxons" - en fonction d'intérêts eux-mêmes particuliers.]
Si je vous le disais, il y aurait fort à parier qu'un certain nombre d'entre vous seraient étonnés. Et pourtant, c'est ce que plusieurs de mes interviewés décrivent. Lorsque je leur demande ce qu'ils apprécient dans le fait de travailler à l'étranger, et particulièrement dans les pays anglo-saxons, il y a quelque chose qui revient de façon récurrente : le fait que, à 17h, on puisse être au pub à boire des bières plutôt qu'au bureau en train de faire des heures supplémentaires. Ce n'est pas une reformulation de ma part : c'est bien en ces termes, avec le pub et la bière, qu'ils peuvent formuler ce jugement positif sur le travail à l'étranger (ou encore, à propos des Etats-Unis : "Moi, à 5h30, j'étais dehors. Et le vendredi après-midi, à 14h, les bureaux étaient fermés, la sécurité nous mettait dehors, donc j'allais faire de la planche à voile"). Et il s'agit en l'occurrence de cadres haut placés dans la hiérarchie de quelques entreprises industrielles et financières. Pour ne prendre qu'un exemple, voici le récit fait par l'un d'eux :
Question : On entends aussi dire à propos des Français à l'étranger, particulièrement sur Londres, qu'on travaille beaucoup plus qu'en France. C'est ce que vous ressentez ?
Pas du tout. [...] Les Anglais, ils en rament pas une. Je pense que ça fait partie des raisons pour lesquels, dans ma boîte, ils aiment embaucher des étrangers, c'est qu'ils ont du constater que il y a une tendance à travailler 10-12h par jour.
J'ai du intégrer une analyste [...] : à 17h30, si je l'arrêtais pas, elle était dehors.
Question : C'est assez différent de ce qu'on peut attendre parfois.
C'est des âneries. Après, c'est vrai qu'on a moins de vacances. [...] Là, il y a beaucoup plus de flexibilité sur les maladies. Ca me viendrait jamais à l'esprit de venir au boulot en étant malade. [...] Le rythme est différent. En France, on travaille comme des bêtes.
Question : En France, vous trouvez qu'on travaille beaucoup par rapport à ce que vous connaissez ?
Oui [...]. Après, il y a toujours des légendes. Quand je suis arrivée ds ma première boîte, j'ai entendu des gens qui disaient "ouais, moi, j'ai travaillé last night". Pour moi, c'était la nuit dernière, mais en fait, night, ça commence à sept heures. Si effectivement travailler jusqu'à 7h, ça veut dire qu'on a passé la nuit au bureau...
On peut mettre cela en miroir à la description haute en couleur faite par le Guardian des Français buvant du Sancerre pendant que les pauvres anglais triment et souffrent sous le point de la crise et de l'austérité :
While we poor, pallid, cowering Brits scurry about, increasingly cowed by the threat of recession-based redundancy and government measures that privilege bosses' and shareholder comfort over workers' rights, the continentals are clocking off. While we're staring down the barrel of another late one/extra shift/all-nighter, across the Channel they're sipping sancerre and contemplating at least the second half of a cinq à sept before going home to enjoy the rest of that lovely "work/133-hours-per-week-of-life" balance.
Ce que critiquent ces expatriés en France, c'est bien souvent leur rapport au travail : l'un d'eux dit encore "en France, [...] les gens restent jusqu'à tard, mais ils travaillent pas vraiment de 8h à 20h, c'est pas vrai. On glande, on socialise. Ça a ses vertus aussi. Mais je pense qu'à Paris en particulier, on donne un gros coup sur les heures de travail, aux Etats-Unis non. Il y a toujours des gens qui travaillent beaucoup : les gens qui sont dans la finance, les avocats. Mais autrement non, ils font leur 8h". Une autre se plaint qu'il soit obligatoire en France de rester longtemps au bureau même si l'on n'a rien à faire juste pour montrer que l'on est sérieux et travailleur alors qu'en Australie, elle pourrait alors boire des bières (une fois de plus).
Evidemment, il ne s'agit pas pour moi de prétendre que la mise en avant de ces témoignages et vignettes permet de dire une fois pour toutes que l'on travaille plus en France que dans les pays Anglo-saxons, ne serait-ce que parce que mes interviewés appartiennent à une classe particulière, et qu'il en serait sans doute tout autrement, d'un côté comme de l'autre, si on se tournait vers les ouvriers ou les employés. Notons cependant que le Guardian ne prend pas plus de pincettes de ce point de vue là. Mais ces témoignages ne sont pas sans valeur, et je ne peux que m'étonner qu'alors que je les ai rencontré assez facilement, au sein d'un échantillon assez diversifié, ils n'apparaissent jamais dans les écrits de journalistes ou d'autres qui donnent la parole aux expatriés. Ainsi, pas de trace de cela chez Christian Roudaut qui entend pourtant donner la parole aux Français de l'étranger, et mène en fait essentiellement une comparaison entre le "modèle français" et le "modèle anglo-saxon", à l'avantage du second.
C'est d'autant plus étonnant que ces éléments peuvent s'interpréter facilement dans le cadre de ce que Philippe d'Iribarne a nommé "la logique de l'honneur". Celle-ci, caractéristique de la culture professionnelle française, implique que les individus se trouvent placés à un certain statut social qu'ils doivent s'efforcer de tenir : si ce statut donne quelques privilèges, il est aussi contraignant. Rester travailler jusqu'à tard pour ne pas perdre la face, pour faire preuve de son zèle et de son "honneur", c'est une façon de tenir ce statut, de tenir ce rôle, et par là de justifier les privilèges que l'on mérite par ailleurs. Les Etats-Unis seraient au contraire dans une culture du contrat individuel, laquelle permettrait de comprendre les attitudes également décrites ici. Sans entrer ici dans le détail, Ph. d'Iribarne ne considère pas que l'un des deux modèles est supérieur à l'autre : il s'agirait plutôt de cultures nationales, produites par des histoires longues - dans le cas de la France, cela remonterait à l'Ancien Régime, rien de moins -, et qu'il serait vain d'essayer de changer. Il faut au contraire que les entreprises composent avec.
Il est intéressant de s'interroger sur nos perceptions du temps de travail. Ce que nous montrent en fait de façon conjointe l'article du Guardian et les quelques éléments de témoignage que je donne ici, c'est d'abord une perception toujours nationale de celui-ci : dans tous les cas, on parle du temps de travail "des Français" ou "des Anglais", nonobstant le fait qu'il peut être en fait très variable d'un secteur à l'autre, d'une profession à l'autre, d'une classe sociale à l'autre. Nos perceptions sont organisées par ces catégories "déjà là", de la même façon que Jean Bazin soulignait que l'existence du mot "Bambara" faisait naître l'idée qu'il existait un tel peuple avec des attitudes particulières : "comment un Bambara, questionné sur la religion, énoncerait-il en effet autre chose que la religion bambara ?" (voir l'article "A chacun son Bambara" dans ce bouquin). Plus loin, il écrit :
A strictement parler, Mage [l'un des ethnologues qui a étudié les Bambaras], pas plus qu'un autre, ne voit de Bambara ; il est seulement témoin de certains usages du nom. [...] Chaque identification que j'entends prononcer est relative ; il faut, pour comprendre ce qu'elle signifie, restituer l'espace social où elle a été énoncé, les positions qu'y occupent respectivement le nommant et le nommé - et éventuellement m'y situer moi-même en tant qu'étranger demandant "qui sont ces gens ?"
Ainsi, nous ne voyons pas décrits ici les Français ou les Anglais, des entités de toutes façons difficiles à saisir : nous voyons seulement comment sont utilisés ces termes dans des contextes particuliers, répondant à des enjeux propres. De la même façon que l'ethnie Bambara est finalement une production coloniale, où les dominants s'appuient sur une catégorie déjà là pour créer un peuple à contrôler, les références aux Français qui travaillent peu ou trop répondent à des enjeux différents. Ne nous laissons pas aller à voir, dans les moqueries venus d'Outre-manche, une simple manifestation "anti-française" venue de la perfide Albion : la fin de l'article du Guardian laisse transparaître une forme d'envie, qui est en fait un point d'appui possible pour une certaine critique, dont il faudrait en soi étudier les enjeux. Et sans remettre en cause en rien les témoignages que je présente ici, ils s'agit aussi d'opérations de critiques de la France : ce qui est visé dans la constitution et l'opposition des entités "pays anglo-saxons" et "France", c'est une certaine forme des relations de travail en France, ces discours n'étant pas exempts de critiques des hiérarchies des grandes entreprises françaises et des façons d'y faire sa place. Bref, elles ne se situent pas n'importe où dans l'espace économique ni dans la structure sociale. Mais pour en savoir plus, il faudra attendre que j'ai fini ma thèse.
[Notes : 1) Après les avoir maintenus fermés pendant quelques temps, je ré-ouvre les commentaires. Je serais très vigilants sur la modération ; 2) Edit du 12 Avril 2014 : Je vois passer des réactions à ce billet quelques peu... étonnantes. Je me permets donc de préciser : ce billet ne prétend en aucune façon que l'on travaille plus en France que dans les pays Anglo-saxons. Il s'interroge plutôt sur le rapport au travail et la façon dont celui-ci est attribué à des entités particulières - "la France" ou "les pays Anglo-saxons" - en fonction d'intérêts eux-mêmes particuliers.]
très vigilant sans "s" sur la modération ;-)
RépondreSupprimerArticle très intéressant, puisque je pensais que les expats étaient souvent des workaholics qui allaient chercher leur liberté de travailler à l'étranger.
Etonnant aussi, parce que dans les médias mainstream, on nous rebat les oreilles avec des témoignages de français de l'étranger qui répètent à l'envi qu'on ne fout rien en France.
Il est vrai que ça ne va pas dans le sens de ta démonstration, mais pourtant, un point de vue quantativiste sur le travail (emploi) en France serait une pédagogie nécessaire. On a beau répéter tous les ans qu'on fait partie des pays qui travaillent le plus au sein de l'OCDE (en tout cas plus qu'USA, UK et Allemagne), on entend toujours le même refrain. Je me rappelle aussi avoir lu un calcul savant montrant que si l'on travaillait avec la même productivité que les anglais, ça créerait entre 3 et 5 millions d'emplois (en raison de notre surproductivité, donc).
Ensuite, quand même, parce que la question se pose : quel est ce statut si particulier de la bière dans les pays anglo-saxons ? Pourquoi associer automatiquement le "non-emploi" à la bière ? Y aurait-il une politique symbolique derrière tout ça ?
Le coeur du sujet c'est effectivement l'ethnogénèse des "Français" et "Anglosaxons". Dans le sens où la production de discours d'essentialisation sur une autre ethnie ("les Français sont feignants"), sans que la preuve ne soit nécessaire (c'est un préjugé sur un peuple lointain donc sur lequel il est aisé d'exercer son imagination), permet de fabriquer sa propre ethnie. C'est, entre autre, en affirmant qu'ils sont différents des Français (souvent archétype repoussoir chez les Anglosaxons) que les Anglais & Etats-Uniens peuvent se construire une identité. Ce processus est banal et est exacerbé en temps de guerre (l'ennemi permet de se définir comme groupe identitaire).
RépondreSupprimerBref tous ces discours ne disent rien de la réalité des temps de travail ou de la productivité (le travailleur français a d'ailleurs une des meilleures productivités au monde), mais ça en dit beaucoup de l'identité des peuples et de leur rapport à l'autre.
Tout ceci se complexifie avec les effets-retours appliqués aux Français, car l'hégémonie (économique, voire sociale) du modèle anglosaxon pousse à reprendre à son compte leurs stéréotypes et discours essentialisants. C'est globalement sous cette influence que des médias et patrons français passent leur temps à affirmer que tout le peuple français est feignant, pessimiste, arriéré. C'est une simple intégration des stéréotypes dominants et exogènes, qu'on rencontre énormément en histoire coloniale par exemple (sans que je ne fasse de lien abusif entre les transferts culturels de l'époque coloniale et ceux d'aujourd'hui ; mais on est tout de même dans un certain rapport de force économique et social à l'échelle mondiale)
(au fait pourquoi on peut plus poster sans passer par un compte google ? C'est dommage)
Je pense que, au-delà des simples effets de domination culturelle anglo-saxonne sur les Français, il y a aussi des intérêts de positions et de classes à recourir à l'une ou l'autre des représentations. De ce point de vue, les discours de mes enquêtés ne peuvent se comprendre qu'en prenant en compte à la fois leurs positions et leurs trajectoires, à la fois géographique et sociale.
RépondreSupprimer(L'obligation du compte google, c'est parce que je me suis pris trop de troll et que je veux limiter les commentaires inutiles : les commentaires d'insultes ou ceux franchement idiots, même si je ne les valide pas, c'est fatiguant à lire...)
Bonjour,
RépondreSupprimerMerci pour votre article, et bravo pour votre thèse. ça donne envie de comparer les cultures anglo-saxonne et française!
Les français sont orientés vers le catholicisme alors que les anglo-saxons sont plus majoritairement de tradition protestante. Je me pose la question des rapport au travail que cela engendre.
Ce n'est pas la première fois que j'entends qu'en France on travaille avec un acharnement qu'aux Etats-Unis et en Angleterre (pour ne pas parler des autres pays limitrophes) on ne trouve pas au même degré.Pour ma part j'ai le sentiment qu'il existe des différences interindividuelles très importantes. Je trouve que vous avez bien fait de mettre l'accent sur les classes sociales, plus marquées en Angleterre. Au contraire si on prend le niveau plus restreint de l'entreprise et qu'on y observe les rapports entre les gens, il me semble que la hiérarchie est plus forte en France. J'entends ici par hiérarchie "obliger efficacement l'autre à travailler". Qu'en pensez-vous?
Bonne continuation!!