Dans une première interview, donnée au Figaro et publiée sur leur site internet le 7 janvier, Antoine Compagnon, professeur au Collège de France, explique la « déconsidération » dont pâtirait la profession d'enseignant.e de la manière suivante :
Les métiers de l'enseignement étaient des métiers de promotion sociale. Ils ont cessé de jouer ce rôle. La féminisation massive de ce métier a achevé de le déclasser, c'est d'ailleurs ce qui est en train de se passer pour la magistrature. C'est inéluctable. Un métier féminin reste encore souvent un emploi d'appoint dans un couple. L'enseignement est choisi par les femmes en raison de la souplesse de l'emploi du temps et des nombreuses vacances qui leur permettent de bien s'occuper de leurs enfants.
Suite à la polémique suscitée par ces propos, Les Inrocks ont publié une deuxième interview, dans laquelle Antoine Compagnon persiste et signe (et s'enfonce). Il continue à affirmer, sans autre forme d'explication, que la féminisation de l'enseignement est un des facteurs expliquant sa « perception négative » dans la société. Il tente de temps à autre de se dédouaner, en disant par exemple : « On peut le déplorer, mais ça n’interdit pas de le constater ».
Alors qu'il semble les « déplorer », Antoine Compagnon s'en tient en fait aux stéréotypes portant sur l'enseignement et la place des femmes dans la société. Il ne prend aucune distance par rapport à ces stéréotypes, et montre même qu'il y adhère puisqu'il propose de revaloriser le métier... en attirant plus d'hommes :
Il serait bon que tous les métiers soient plus équilibrés, celui de professeur des écoles comme celui de trader, dont la forte valorisation est évidemment très liée à cette image d’adrénaline et de virilité qui lui est associée.
Antoine Compagnon continue donc à enfoncer des portes ouvertes et à présenter comme un fait qu'il se contenterait de « constater » une interprétation courante mais erronée, à savoir que la féminisation d'un métier conduit (« inéluctablement », dit-il dans l'interview au Figaro) à sa « dévalorisation ».
Nous voudrions lui répondre ici sur deux points :
1) l'idée de « féminisation massive » de l'enseignement, qu'il faut nuancer ;
2) l'interprétation qui consiste à faire de cette féminisation la cause de la dévalorisation de la profession.
1) Une « féminisation massive » de l'enseignement ?
On trouve dans le rapport annuel Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche datant de 2013, dans la section « féminisation du personnel », les chiffres suivants :
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Dans le secteur public, on trouve donc en 2012-2013 81,9% de femmes dans l'enseignement primaire, 58% dans l'enseignement secondaire. Comment interpréter ces chiffres ? L'enseignement dans les petites classes semble, effectivement, une affaire de femmes. Cependant, dès que l'on « monte » vers le secondaire, c'est-à-dire dès que l'enseignement se spécialise, le nombre de femmes diminue nettement, même si elles restent majoritaires.
Regardons maintenant quelques différences de statut parmi les enseignant·e·s.
- Au primaire, 70,3 % des instituteurs/trices suppléant·e·s (statut plus précaire que celui des titulaires) sont des femmes.
- Elles représentent 32 % des professeur·e·s de chaire supérieure, qui ont vocation à être affecté·e·s dans les classes préparatoires aux grandes écoles.
- Elles représentent la (courte) majorité des professeur·e·s agrégé·e·s (51,4%), 61,9 % des certifié·e·s et assimilé·e·s.
On voit donc que si les femmes sont majoritaires, leur statut au sein de l'Education Nationale est souvent moins élevé, voire plus précaire, que celui des hommes.
Il faut aussi signaler, ce qui n'apparaît pas dans le rapport, qu'il existe toujours des domaines de connaissance « masculins » et « féminins ». Cela ne signifie pas que les femmes et les hommes seraient prédestiné·e·s à ces domaines, mais que leur socialisation les pousse vers eux en priorité. Ainsi, en 2005, « plus de 8 professeurs de langues sur 10 étaient des femmes, contre 4 sur 10 en physique-chimie » (Introduction aux études sur le genre, p. 153). Or les domaines de connaissance bénéficiant du prestige le plus important dans la société contemporaine sont les domaines scientifiques, identifiés comme « masculins », alors que des domaines largement plus féminisés comme les matières littéraires sont dévalorisés (ne dit-on pas que la filière générale littéraire est une filière « poubelle »?).
Ajoutons à cela que cette féminisation est loin de constituer un phénomène nouveau, qui commencerait en même temps que la dévalorisation du métier d'enseignant·e. Il y avait 62% de femmes chez les instituteurs/trices en 1923, 67,2% en 1939 selon Baudelot et Establet. Si leur place s'est encore accrue, il n'en reste pas moins que les hommes étaient déjà minoritaires, et que leur part était même inférieure à ce qu'il en est aujourd'hui dans le secondaire. Pourtant, ce n'est qu'à partir des années 60 que l'on commence à se plaindre de la dévalorisation du métier... et qu'on l'attribue aux femmes. De quoi poser de sérieuses questions.
2) Une profession qui se féminise se dévalorise « inéluctablement » ? Non, certainement pas
Cela nous amène au deuxième point bancal dans le discours de Compagnon : « La féminisation massive de ce métier a achevé de le déclasser, c'est d'ailleurs ce qui est en train de se passer pour la magistrature. C'est inéluctable. » dit-il dans Le Figaro. Et il insiste dans Les Inrocks : « il est un autre fait, lui aussi malheureux, que les métiers qui se sont féminisés ont vu leur image dans la société se dégrader. Cela ne concerne pas seulement l’école, mais aujourd’hui aussi, par exemple, la médecine ou la magistrature ».
Antoine Compagnon n'est pas sociologue, soit. Mais cela n'aurait pas dû l'empêcher de se reporter à la vaste littérature aujourd'hui disponible en sociologie et en histoire du travail et des professions, où la question de la place des femmes n'est pas la moins traitée. Il existe des synthèses particulièrement accessibles. Dans Travail et Emploi des femmes, Margaret Maruani résume rapidement les conclusions générales que l'on peut tirer des recherches :
La progression de l'activité et des scolarités féminines s'est traduite, sur le marché du travail, par la féminisation massive des métiers féminins peu valorisés socialement. Mais elle a également débouché sur l'accès à un certain nombre de femmes à des professions qualifiées. Le mouvement est donc double. On a pu ainsi voir des professions traditionnellement masculines se féminiser sans perdre de leur valeur sociale. La croissance du nombre de femmes dans des professions qui demeurent prestigieuses (magistrates, avocates, journalistes, médecins, etc.) est là pour signifier que la dévalorisation n'est pas le destin de tout métier qui se féminise.
En un mot, l'affirmation selon laquelle un métier qui se féminise connaît « inéluctablement » une dévalorisation est fausse. Si certains métiers qui se sont féminisés ont effectivement connu, par ailleurs, une certaine dévalorisation, ce n'est pas le cas de tous.
Mais Compagnon va plus loin que d'affirmer simplement qu'il y a une concordance entre féminisation et dévalorisation. On pourrait en effet se dire que la dévalorisation peut expliquer la féminisation – les hommes « laissant » aux femmes les métiers peu valorisés. Mais c'est une possibilité que le professeur au Collège de France n'envisage même pas : pour lui, la féminisation signifie « une mauvaise image » parce que « un métier féminin reste encore souvent un emploi d'appoint dans un couple. L'enseignement est choisi par les femmes en raison de la souplesse de l'emploi du temps et des nombreuses vacances qui leur permettent de bien s'occuper de leurs enfants ». Selon lui, c'est donc à cause de l'arrivée des femmes que le métier perd en prestige, parce qu'elles donnent une image peu flatteuse de celui-ci. Et il ne s'agit pas, dans les « solutions » qu'il propose, de chercher à améliorer l'image négative des femmes : il faut simplement limiter les dommages collatéraux qu'elles produisent...
Cette mise en accusation des femmes n'est pas pas plus tenable que le reste. La baisse du prestige des professeurs, qu'il s'agisse des professeurs des écoles ou du secondaire, peut s'interpréter de façon beaucoup plus efficace dans le cadre d'une transformation générale de la place de l'enseignement et des diplômes dans la société française. Comme l'explique Marlaine Cacouault-Bitaud, le prestige des instituteurs/trices et des professeur·e était lié à la mise en place par l'Etat « d'une politique de laïcisation et d'instruction généralisée ». La rareté des diplômes faisait nécessairement de l'instituteur/trice un individu à part. Ces facteurs ne sont plus à l’œuvre aujourd'hui. Le métier s'est en quelque sorte normalisé : il n'est plus possible de le présenter comme une vocation politique. Si la part des femmes s'est accrue, cette augmentation a accompagné la hausse des exigences de formation – et ce d'autant plus que les concours ont longtemps été différents pour chaque sexe, et plus durs pour les femmes – et même la hausse de l'origine sociale des enseignant·e·s :
Comment des enseignantes très sélectionnées, notamment dans les disciplines scientifiques, issues en majorité des couches moyennes et supérieures peuvent-elles constituer un signe ou un facteur de dévalorisation de la profession ? Si l’on avait affaire à une majorité d’hommes possédant des caractéristiques socioprofessionnelles identiques, entendrait-on le même discours ?
Quand Compagnon déclare « Les métiers de l'enseignement étaient des métiers de promotion sociale. Ils ont cessé de jouer ce rôle », il ne semble pas s'intéresser aux promotions sociales des femmes.
Les facteurs de fragilisation et de dégradation de la profession peuvent alors être cherchés bien ailleurs que dans « l'image » de la profession : conditions d'enseignement, baisse relative de la valeur des diplômes dans une situation de chômage accrue, baisse relative de la rémunération, modifications des conditions de formation... Autant de choses que l'on peut relier, de façon très concrète, à des orientations politiques et à une situation économique dont on ne voit pas en quoi les femmes enseignantes seraient responsables...
On n'en dira pas tant des discours qui considèrent que les enseignant·e·s n'ont pas vraiment besoin d'une formation spécifique ou peuvent, sans problèmes, enseigner une autre discipline que la leur sans qu'il soit question de les y former... comme le fait Compagnon dans Le Figaro. Une profession a besoin de se former un domaine d'expertise pour pouvoir exister et se défendre : dans le cas des enseignant·e·s, ce serait la pédagogie, la didactique, la capacité à enseigner, à transmettre... Si ce métier a été régulièrement attaqué, ce n'est pas du fait des femmes. A moins que l'on ne reproche aux femmes de ne tout simplement pas être capables d'enseigner, ou de faire preuve d'autorité. Ce discours, clairement sexiste, existe aussi. Et il n'est jamais très loin quand on assimile la dévalorisation d'une profession à sa féminisation.
Denis Colombi
Anne-Charlotte Husson
Références citées
Christian Baudelot et Roger Establet, Allez les filles!, Seuil, 1992.
Laure Bereni et al., Introduction aux études sur le genre, de Boeck, 2012.
Marlaine Cacouault-Bitaud, « La feminisation d'une profession est-elle le signe d'une baisse de prestige ? », Travail, genre et sociétés, 1/2001, n° 5, p. 91-115, URL : www.cairn.info/revue-travail-genre-et-societes-2001-1-page-91.htm.
Margaret Maruani, Travail et Emploi des Femmes, La découverte, coll. "Repères", 2011.
Repères et références statistiques sur les enseignements, la formation et la recherche [RERS 2013], URL: http://www.education.gouv.fr/cid57096/reperes-et-references-statistiques.html.
Je suis professeur des écoles, femme, entrée dans la profession à 35 ans ... après avoir obtenu un diplôme d' ingénieur et exercé 10 ans comme ingénieur.
RépondreSupprimerJ'ai touché le plafond de verre et perdu mon emploi, et, par goût de la formation, je me suis tournée vers l'enseignement.
Durant ma formation de professeur des écoles j'ai assisté à une conférence d'Agnès van Zanten et j'ai compris que j'étais un «archétype » sociologique : comme nombre de mes consoeurs qui avaient fait le même «choix », cette réorientation n'avait été rendue possible et acceptable que parce que j'étais femme. Les hommes dans la même situation (si cela est possible ) ne suivent pas la même voie.
J'exerce depuis 15 ans, j'ai touché également le plafond de verre de l'Education Nationale (il y aurait tant à dire sur le sujet, et les statistiques que vous citez le montrent bien ), et je confirme une féminisation de la profession due à sa dévalorisation. S'il ya toujours des individus qui choisissent comme moi le métier avec des ambitions de faire évoluer notamment les conditions d'apprentissage de nos élèves, je rencontre beaucoup d'autres nouvelles collègues qui ont choisi ce métier malgré le salaire et surtout les faibles perspectives d'évolution et de promotion... parce qu'elles sont femmes. Et que pour leurs homologues masculins, dotés de qualités identiques, ce choix n'est pas le premier choix !
De plus, Intéressez vous à l'origine sociale des nouveaux professeurs des écoles et je pense que vous pourrez vérifier que cette profession n'est pas vraiment un vecteur de promotion sociale.
S'il faut reconnaître que les propos de M. Compagnon servent un sexisme ordinaire, je ne pense pas que nier les faits sur lesquels sont basés ces commentaires fera avancer notre cause car les faits sont là.
Merci pour votre commentaire. Le témoignage que vous apportez suggère que les femmes "choisissent" l'enseignement parce qu'elles trouvent des blocages sexistes par ailleurs. Le problème n'est plus alors la dévalorisation du métier d'enseignants, dont la féminisation n'est pas responsable, mais les discriminations et le sexisme dans un ensemble d'autres univers sociaux et professionnels. En proclamant qu'une profession qui se féminise se dévalorise "inéluctablement" et que c'est à cause de la présence des femmes, Compagnon ne se contente pas d'être sexiste : il masque aussi à la fois les vrais problèmes des femmes et les vrais problèmes des enseignants. Si nous voulons faire avancer quelque lutte que ce soit, il faut disposer des vrais faits, pas de raccourcis bancals.
RépondreSupprimerhallucinant les propos de ce mr compagnon quand meme ! ca un parfum suranee tres 19e siecle comme quoi ya du encore du boulot !
RépondreSupprimerLa preuve que l'éducation vas mal, c'est que vous méritez 0 en histoire ;)
RépondreSupprimerLe vieux con que je suis vous offre une session de rattrapage .
De mon temps (j'ai quitté le lycée en 62), on ne mélangeait pas les torchons et les serviettes ; pardon, les filles et les garçons dans l'éducation avant la fac. Et, sauf erreur, le seul jupon que l'on pouvait apercevoir dans mon lycée était celui de l'infirmière.
Bien sûr qu'il existait des profs femmes ; mais seulement dans les écoles de filles . La belle affaire !
La mixité va s'instaurer assez rapidement, localement de façon brutale :
1957 - la mixité devient légale dans les écoles primaires. Avant, elle était tolérée dans les écoles à classe unique.
1959 - le ministère décide que les nouveaux lycées seront mixtes.
1975 - la loi Haby rends la mixité obligatoire.
Et c'est ainsi que les garçons qui n'avaient connus que de mâles professeurs eurent a subir une femelle autorité. Pas toujours enchantés.
Et c'est depuis ce temps là ... En tout cas que date la querelle sur la qualité de l'enseignement.
Merci pour ce commentaire à la fois condescendant et erroné. D'une part, dire que la querelle sur la qualité de l'enseignement date de la mixité est simplement à mourir de rire : la querelle sur la qualité de l'enseignement date... au moins des débuts de l'école républicaines, comme le rappellaient Baudelot et Establet dans Le Niveau Monte. D'autre part, les institutrices enseignaient déjà dans les classes de garçons, dès la création des écoles normales primaires. La simple lecture du Petit Nicolas vous aurait renseigné là-dessus.
RépondreSupprimerJe suis globalement d'accord avec votre billet, mais je voudrais
RépondreSupprimerapporter un point de nuance.
Vous affirmez que « les domaines de connaissance bénéficiant du prestige
le plus important dans la société contemporaine sont les domaines
scientifiques ».
Certes, dans l'enseignement secondaire, les mathématiques jouissent d'un
certain prestige de matière sélective (rôle qui a il me semble par le
passé été joué par le latin). Les emplois d'ingénieur ou de chercheur
scientifique ont également un certain prestige, ne serait-ce que dans la
population générale, on sait (ou on croit savoir) ce qu'est un chercheur
en sciences exactes, alors qu'on ne sait pas ce que fait un chercheur en
SHS.
Il me semble cependant que ce prestige est "plafonné". Parmi les postes
les plus prestigieux de notre société, on trouve assurément les
dirigeants politiques (ceux qui décident du destin de la Cité),
économiques (ceux qui décident de fait du destin de la Cité) et les
éditorialiste (ceux qui forment l'opinion sur ce que devrait être le
destin de la Cité). Or, très peu de dirigeants politiques,
d'éditorialistes, de journalistes sont de formation scientifique; pour
les dirigeants économiques, il y en a bien quelques uns (typiquement
ingénieurs grandes écoles) mais il ne me semble pas qu'ils soient
majoritaires.
Il n'est d'ailleurs pas rare d'entendre ou de lire que les formations
scientifiques produisent des "techniciens" dont l'entendement, occupé à
la résolution immédiate de problèmes pratiques, est inadapté à la
compréhension des grands enjeux de société.
Bref, ce que vous dites semble exact au niveau collège-lycée (ce qui est
l'objet principal de votre billet) mais inexact quand on se place au
niveau des personnes qui ont une influence personnelle réelle sur la
conduite des affaires.
C'est fou DM a (presque) exactement dit ce que je ressentais !
RépondreSupprimerJ'ajouterais juste que dans la culture populaire, le scientifique a historiquement une image très négative (Frankenstein..), a contrario du littéraire, parfois présenté comme un poète, parfois comme un sage érudit (je grossis le trait bien sûr, mais l'idée est là). Sans parler du fait que la plupart des médias font la part belle au métiers littéraires, c'est bien rare de voir un scientifique au journal de vingt heure..
De même, quand on veut briller en société il est bien rare que cela passe par l'étalage de son savoir de mathématicien/physicien/chimiste/etc. sans faille ou de sa fine connaissance de l'histoire des sciences*, mais déjà plus par l'exposition de sa culture "littéraire" (livre, peinture, film...), au sens le plus général que peut englober ce terme.
Tout ça pour dire que les sciences brillent au lycée, mais pas vraiment dans la société. Ensuite peut-être que je me trompe lourdement et que des études sérieuses peuvent le prouver, mais c'est mon ressenti.
* en tout cas ça ne m'est jamais arrivé, mais c'est vrai que l'observation d'un cas isolé n'est pas forcément toujours très pertinente pour en déduire une règle générale..
PS : je me rends compte que ce que je dis n'a pas un grand rapport avec le sujet de la note, mais c'est parce qu'elle laisse peu de champ libre à la controverse.
Même ressenti que les deux intervenants précédents (DM et pifpaf): je n'ai jamais eu l'impression que la formation scientifique qui est la mienne fut particulièrement valorisée hors de son champ d'application: un ingé gagnait deux fois moins qu'un commercial dans la plupart des boites que j'ai connu, et les métiers de la recherche sont mal payés et peu valorisés (pensez au discours de Sarkozy sur la lumière), même en sciences "dures".
RépondreSupprimerA niveau technique égal, n'importe quel plombier gagnera plus qu'un IR CNRS.
Quand à la dévalorisation des enseignants, quelqu’en soit le sexe, il vous suffit de vous pencher sur les commentaires du dernier article du Figaro ou du Monde sur l'éducation pour en avoir un aperçu fidèle.
Vous différez sans doute de M.compagnon quant à savoir si c'est la féminisation qui entraine la dévalorisation ou la dévalorisation qui entraine la féminisation -et, pour en avoir déjà fait les frais, j'aimerai être certain de la bonne "traduction" par le journaliste de ses propos- , dans les deux cas la solution de prôner un équilibre plus grand entre les deux sexes est un remède possible contre l'assimilation de ces deux caractéristiques.
Honnêtement, je n'ai pas envie de discuter de la plus ou moins grande valorisation des diplômes scientifiques dans la société en général. Le billet se contente de pointer que la féminisation du corps enseignant n'a pas empêché que les positions les plus prestigieuses en son sein restent les plus masculinisées. La question de savoir si les ingénieurs sont défavorisés par rapport aux commerciaux n'est pas le sujet, et ne peut conduire, ici, qu'à ce que l'on parle d'autres choses que du problème, et notamment à ce que l'on parle de mecs et non de femmes. Il y a sans doute des lieux et des moments où ces questions pourront être mieux traitées.
RépondreSupprimer@javi : Non, nous ne pensons pas non plus que la féminisation est le produit de la dévalorisation. Il y a des emplois qui se sont clairement dévalorisés sans pour autant se féminiser : les militaires recueillent aujourd'hui moins de respect qu'auparavant sans que leur féminisation ait quoique ce soit de massif... La dévalorisation est un phénomène très différent. Pour les enseignants, faire de la remasculisation de cette profession un cheval de bataille revient à valider tous les discours qui prétendent que les femmes ne sont pas capables d'exercer une autorité... Non, ce n'est pas la solution. On n'a pas de bonnes solutions quand on veut régler un faux problème. Le problème, c'est la dévalorisation. Pas la féminisation.
Dans la société au sens de Tönnies, les individus ne sont plus gouvernés
RépondreSupprimerpar le respect des coutumes, de la morale et des règles de la
communauté, mais par leur intérêt, notamment économique. On comprend
ainsi qu'une entreprise commerciale renvoie une employée de relations
publiques pour un tweet raciste, pour autant que cela bénéficie à
l'image de la société (alors qu'une entreprise, en tant que telle, n'a
pas de sens moral et que ses dirigeants n'en ont pas forcément...).
@DC: merci de votre réponse. Comment parvenez vous à ce constat sur les militaires?
RépondreSupprimerPour revenir au sujet effectivement, nous avons donc une profession fortement féminisée, très dévalorisée, chargée de l'éducation des prochaines générations de citoyens, et dont l'efficacité dans ce rôle est souvent fort critiquée (polémique pisa & co). Y-a-t-il des exemples de profession fortement féminisées et non dévalorisées?
@Javi : Pour votre première question : en comparant avec la III République, qui est aussi la période où l'on situe généralement "l'âge d'or" (qui n'a jamais existé) des enseignants. Il est clair que les carrières militaires sont moins valorisées aujourd'hui qu'alors
RépondreSupprimerPour votre deuxième question, il est assez clair que la profession d'avocat ne souffre pas de dévalorisation, bien qu'assez fortement féminisée.
Merci à Anne-Charlotte et toi.
RépondreSupprimerCe qui m'interpelle le plus je crois, dans le discours de Compagnon, c'est qu'il semble considérer que le problème est la dévalorisation du métier de prof plus que le mépris envers les femmes et leurs choix (auquel il l'associe). Il écarte cette question du mépris presque comme si ce n'était pas problématique en soi, le mentionne à peine, ne le critique pas, ne propose rien à ce sujet. Sa proposition (attirer plus d'hommes dans le métier) illustre tellement cette absence de considération pour les femmes et les problèmes qu'elles rencontrent... je trouve ça proprement sidérant.
Je me demandais : est-ce que vos articles ont bien tournés sur le net ? Est-ce que vous avez eu des retours de certains médias ? En gros : est-ce que votre réponse (ou des réponses similaires) a été relayée ?
Je lis "il est assez clair que la profession d'avocat ne souffre pas de dévalorisation".
RépondreSupprimerAh bon ? Ce n'est pas comme si très régulièrement j'entendais des attaques contre les avocats dans les médias. Lisez le blog d'Eolas, vous verrez que ces attaques sont régulières.
Ne pas confondre critiques, évolution et dévalorisation.
RépondreSupprimerLa distinction est spécieuse.
RépondreSupprimerElle est fondamentale.
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