Sciences Humaines et moi, c'est une vieille histoire qui doit remonter à... probablement 2005 et les temps glorieux de l'agrégation, quand j'étais jeune et que le monde était pur. Toujours abonné depuis cette date, c'est non seulement une lecture mensuelle pour moi, mais aussi pour mes élèves qui doivent en avoir parfois marre que je leur en donne à lire toutes les cinq minutes, et que je les y renvoie plus souvent qu'à mon tour. Et puis, paf, pour une raison pas si mystérieuse que ça, il y a des choses qui ont commencé à m'énerver dans le magazine. Au point que là, j'ai envie de dire un mot sur l'un des articles de la dernière livraison.
Le genre, on le sait bien, c'est une question sensible. Et sensible pour de mauvaises raisons. Surtout en ce moment. Alors quand ce sont des députés UMP qui pètent un durite et veulent "enquêter" dessus (c'est à peu près aussi intelligent que Michel Rocard regrettant que l'on ne puisse pas juger Milton Friedman pour la crise de 2008...), je fulmine devant tant de crétinerie, mais je me souviens qu'on a affaire à des crétins. Et qu'ils sont nombreux.
Quand, par contre, je tombe sur un article de mon magazine préférée qui reprend certaines des antiennes des "anti-genres", je suis plus sensible. Et j'ai plus envie de discuter. Ou de fulminer, ma déception étant à la hauteur de l'estime que j'ai pour le magazine.
Que retrouve-t-on dans cet article ? Un mode d'argumentation finalement courant dans la vulgarisation et dans les débats scientifiques. Après avoir affirmé que les gender studies sont "largement diffusées en France" (ah bon ? où ça ?), l'article ne leur donne pas la parole et se lance dans une critique de l'idée selon laquelle "la différence des sexes est entièrement un fait de culture et non de nature". Et on se retrouve donc avec un concentrée de paresse intellectuelle. Oui, parce que c'est comme ça que j'appelle les "arguments" développés contre le genre : de la paresse intellectuelle.
Première paresse : l'argument du "c'est évident voyons". L'article commence par la présentation de deux "critiques" des théories du genre : Sylviane Agacinski et Nancy Huston. Première chose, je me demande ce que la seconde fait là : je croyais naïvement lire Sciences Humaines où l'on parle de scientifique et non d'essayistes... Surtout si c'est pour lire des bêtises pareilles :
Qu'est-ce que c'est que cet argument ? Qu'est-ce que c'est que cette évidence qui ne l'est pas ? Où - et surtout comment - peut-on voir là-dedans, comme dans l'ensemble de l'ouvrage de Nancy Huston quelque chose qui ressemblerait, même de très loin, à un argument en faveur de la naturalité des comportements masculins et féminins ? Bref, on a une "évidence", mais aucune preuve, aucun élément : les comportements décrits peuvent être tout ce qu'il y a de plus sociaux. Mais on puisse dans des représentations animales, par le biais de la métaphore, pour masquer une absence d'argumentation.
Les références à Sylviane Agacinski sont du même tonneau : je ne connais pas l'auteur, donc je ne peux me base que sur ce qui en est dit dans l'article. Voici un petit extrait de ce que l'on nous en dit :
Qu'est-ce qui permet de soutenir la dernière phrase ? Soit il s'agit d'une constatation sur les sociétés contemporaines, où le sexe reste un marqueur d'identité, et dans ce cas-là, il n'y a absolument aucun argument qui permette de dire que cela est naturel. Soit il s'agit d'une affirmation normative, et on se demande ce que l'on fait de tous et toutes les transgenres, transexuels, travesties et autres queers qui ne vivent pas leur sexe biologique sur ce mode-là. Bref, pas d'arguments ici non plus, pas de preuve : une jolie affirmation malheureusement creuse. De même, le fait que les femmes ne veulent pas abandonner la maternité comme spécificité n'a pas à reposer sur quoique ce soit de biologique. Depuis quand constater une domination culturelle attribuant des activités différentes aux hommes et aux femmes est-elle un signe de différence biologique ?
Passons à la deuxième paresse : celle du "reconnaissez quand même qu'il doit bien y avoir un petit quelque chose de biologique même si je ne peux pas le montrer, allez quoi, soyez sympa, vous voulez passer pour un extrémiste ou quoi ?". Oui, elle a un nom un peu plus long, mais c'est lié au fait qu'elle est souvent plus chouinée qu'argumentée.
L'article commence par évoquer les ouvrages de Cordelia Fine (Delusions of Gender) et de Rebecca Jordan-Young (Brain Storm) qui s'attaque aux études portant sur les différences de cerveau entre hommes et femmes. Mais ce n'est pas pour en présenter l'argumentaire. Le seul but est de les repousser comme extrémiste au paragraphe suivant : ils auraient pour effet de "discréditer en bloc des recherches - certes inégales - dont certaines manifestent une grande solidité". Et l'auteur de nous citer les travaux de Simon Baron-Cohen :
C'est amusant parce que, à peine trois lignes plus loin, l'auteur cite Cerveau rose, Cerveau bleu de Lise Eliot qui propose justement une critique en règle de la fameuse expérience... s'attaquant à la fois au dispositif de l'expérience (où le sexe de l'enfant était connu par l'expérimentatrice) que son absence de réplication, alors qu'elle rentre en contradiction avec des travaux plus récents.
Mais on est en droit de poser une autre question face à ces travaux, et il est dommage que celle-ci soit passée sous silence : qu'expliquent-ils ? L'expérience de Baron-Cohen a par exemple été utilisé pour dire qu'il y avait là une explication au fait qu'il y a plus de garçons dans les écoles d'ingénieur que de fille. La vraie question est comment peut-on faire des affirmations aussi idiotes ? En quoi un intérêt un peu plus fort pour un mobile permettrait-il d'expliquer ce qui se passe plus de 20 ans après ? De même, Baron-Cohen explique que les personnes qui ont un "cerveau masculin", c'est-à-dire, selon lui, doué pour l'analyse rationnelle, se trouveront mieux comme avocats et celles qui ont un "cerveau féminin", c'est-à-dire doué pour les relations humaines, feront des infirmières... Comment peut-on être stupide au point de penser qu'un avocat n'a pas besoin de compétences relationnelles (les travaux de Karpik sur la façon dont on trouve un avocat ou ceux de Lazega sur les réseaux dans les cabinets d'avocat devraient suffire pour comprendre cela) ? Comment peut-on faire croire qu'une infirmière qui jongle avec des prescriptions et des gestes techniques auprès de ses patients n'a pas besoin d'un sérieux sens de l'analyse ?
Bref, l'article marche vers cette conclusion classique : il y a des différences biologiques mineures, mais elles doivent bien jouer, bon sang de bois. Et bien pour ma part, tant que l'on m'aura pas précisément montré en quoi, je continuerais à les tenir négligeables pour l'analyse. Que nous disent finalement ces "facteurs génétiques" des inégalités de genre ? Rien. Que nous disent-ils de la domination masculine ? Rien. D'autant plus que, la plupart du temps, ces facteurs génétiques sont reliés à des comportements dont on est même pas sûr qu'ils différencient si bien que ça les hommes et les femmes : l'article ne se prive pas, d'ailleurs, du traditionnel "les hommes savent lire une carte" (pardon : "ont de meilleurs compétences visuospatiales") et "les femmes sont bavardes" (pardon : "plus aptes à communiquer"). De différences statistiques significatives, mais laissant une large place au recouvrement des courbes de Gauss, on tire des conclusions en termes de "sexes opposées". Même l'expérience de Baron-Cohen devrait conduire à dire que les différences entre garçons et filles sont très loin d'être des oppositions.
La lecture de l'article me donne l'impression qu'il s'agit plus de suggérer que, bon, il doit bien y avoir quelque chose à sauver dans l'opposition biologique entre les sexes, sans que l'on sache trop pourquoi. Par paresse intellectuelle, il s'agit de suggérer, d'induire des soupçons, de faire des petites remarques qui pourraient laisser penser que... mais jamais de se confronter de front à la question centrale : "qu'est-ce que ça explique tout ça ?". Parce que si on la pose, on se rend compte que la réponse ne va guère dans le sens attendu. Surtout s'il est attendu par des "mouvements néoféministes" cités très positivement dans l'article, où il s'agirait "d'assumer sa féminité tout en refusant la hiérarchie, la domination, l'exploitation sexuelle d'un sexe par l'autre". Dommage que l'on n'applique pas à ceux-ci la même rigueur critique que l'on applique aux théories du genre... Sciences Humaines avait déjà publié, il y quelques années déjà, un dossier sur le "post-féministe" qui tendait plutôt à l'apologie de celui-ci (des éléments de critiques ici). Si le magazine de vulgarisation de référence fait un tel mauvais sort aux théories du genre, c'est qu'il faut peut-être retirer l'idée selon laquelle elles seraient "largement diffusées" en France. Il semble au contraire qu'il y ait encore du boulot.
Le genre, on le sait bien, c'est une question sensible. Et sensible pour de mauvaises raisons. Surtout en ce moment. Alors quand ce sont des députés UMP qui pètent un durite et veulent "enquêter" dessus (c'est à peu près aussi intelligent que Michel Rocard regrettant que l'on ne puisse pas juger Milton Friedman pour la crise de 2008...), je fulmine devant tant de crétinerie, mais je me souviens qu'on a affaire à des crétins. Et qu'ils sont nombreux.
Quand, par contre, je tombe sur un article de mon magazine préférée qui reprend certaines des antiennes des "anti-genres", je suis plus sensible. Et j'ai plus envie de discuter. Ou de fulminer, ma déception étant à la hauteur de l'estime que j'ai pour le magazine.
Que retrouve-t-on dans cet article ? Un mode d'argumentation finalement courant dans la vulgarisation et dans les débats scientifiques. Après avoir affirmé que les gender studies sont "largement diffusées en France" (ah bon ? où ça ?), l'article ne leur donne pas la parole et se lance dans une critique de l'idée selon laquelle "la différence des sexes est entièrement un fait de culture et non de nature". Et on se retrouve donc avec un concentrée de paresse intellectuelle. Oui, parce que c'est comme ça que j'appelle les "arguments" développés contre le genre : de la paresse intellectuelle.
Première paresse : l'argument du "c'est évident voyons". L'article commence par la présentation de deux "critiques" des théories du genre : Sylviane Agacinski et Nancy Huston. Première chose, je me demande ce que la seconde fait là : je croyais naïvement lire Sciences Humaines où l'on parle de scientifique et non d'essayistes... Surtout si c'est pour lire des bêtises pareilles :
"C'est une évidence rustique : une belle jeune femme seule, pour une bande de jeunes hommes (...), est l'équivalent d'une biche pour une bande de loups : elle provoque un désir de curée."
Qu'est-ce que c'est que cet argument ? Qu'est-ce que c'est que cette évidence qui ne l'est pas ? Où - et surtout comment - peut-on voir là-dedans, comme dans l'ensemble de l'ouvrage de Nancy Huston quelque chose qui ressemblerait, même de très loin, à un argument en faveur de la naturalité des comportements masculins et féminins ? Bref, on a une "évidence", mais aucune preuve, aucun élément : les comportements décrits peuvent être tout ce qu'il y a de plus sociaux. Mais on puisse dans des représentations animales, par le biais de la métaphore, pour masquer une absence d'argumentation.
Les références à Sylviane Agacinski sont du même tonneau : je ne connais pas l'auteur, donc je ne peux me base que sur ce qui en est dit dans l'article. Voici un petit extrait de ce que l'on nous en dit :
"La maternité, notamment est - encore - l'apanage des femmes et il n'est pas sûr qu'elles récusent cette spécificité vue par beaucoup comme un principe de plaisir. Et si, pour cette philosophe, la prostitution et la procréation pour autrui sont encore des manifestations d'un asservissement, elle ne nie pas que le modèle dominant doive être dépassé. Mais, pour elle, le sexe biologique reste un marqueur d'identité".
Qu'est-ce qui permet de soutenir la dernière phrase ? Soit il s'agit d'une constatation sur les sociétés contemporaines, où le sexe reste un marqueur d'identité, et dans ce cas-là, il n'y a absolument aucun argument qui permette de dire que cela est naturel. Soit il s'agit d'une affirmation normative, et on se demande ce que l'on fait de tous et toutes les transgenres, transexuels, travesties et autres queers qui ne vivent pas leur sexe biologique sur ce mode-là. Bref, pas d'arguments ici non plus, pas de preuve : une jolie affirmation malheureusement creuse. De même, le fait que les femmes ne veulent pas abandonner la maternité comme spécificité n'a pas à reposer sur quoique ce soit de biologique. Depuis quand constater une domination culturelle attribuant des activités différentes aux hommes et aux femmes est-elle un signe de différence biologique ?
Passons à la deuxième paresse : celle du "reconnaissez quand même qu'il doit bien y avoir un petit quelque chose de biologique même si je ne peux pas le montrer, allez quoi, soyez sympa, vous voulez passer pour un extrémiste ou quoi ?". Oui, elle a un nom un peu plus long, mais c'est lié au fait qu'elle est souvent plus chouinée qu'argumentée.
L'article commence par évoquer les ouvrages de Cordelia Fine (Delusions of Gender) et de Rebecca Jordan-Young (Brain Storm) qui s'attaque aux études portant sur les différences de cerveau entre hommes et femmes. Mais ce n'est pas pour en présenter l'argumentaire. Le seul but est de les repousser comme extrémiste au paragraphe suivant : ils auraient pour effet de "discréditer en bloc des recherches - certes inégales - dont certaines manifestent une grande solidité". Et l'auteur de nous citer les travaux de Simon Baron-Cohen :
"Des différences précoces par exemple : dès les premiers jours de la vie, les bébés filles fixent plus longtemps un visage humain alors que les garçons sont plus attirés par des objets mobiles".
C'est amusant parce que, à peine trois lignes plus loin, l'auteur cite Cerveau rose, Cerveau bleu de Lise Eliot qui propose justement une critique en règle de la fameuse expérience... s'attaquant à la fois au dispositif de l'expérience (où le sexe de l'enfant était connu par l'expérimentatrice) que son absence de réplication, alors qu'elle rentre en contradiction avec des travaux plus récents.
Mais on est en droit de poser une autre question face à ces travaux, et il est dommage que celle-ci soit passée sous silence : qu'expliquent-ils ? L'expérience de Baron-Cohen a par exemple été utilisé pour dire qu'il y avait là une explication au fait qu'il y a plus de garçons dans les écoles d'ingénieur que de fille. La vraie question est comment peut-on faire des affirmations aussi idiotes ? En quoi un intérêt un peu plus fort pour un mobile permettrait-il d'expliquer ce qui se passe plus de 20 ans après ? De même, Baron-Cohen explique que les personnes qui ont un "cerveau masculin", c'est-à-dire, selon lui, doué pour l'analyse rationnelle, se trouveront mieux comme avocats et celles qui ont un "cerveau féminin", c'est-à-dire doué pour les relations humaines, feront des infirmières... Comment peut-on être stupide au point de penser qu'un avocat n'a pas besoin de compétences relationnelles (les travaux de Karpik sur la façon dont on trouve un avocat ou ceux de Lazega sur les réseaux dans les cabinets d'avocat devraient suffire pour comprendre cela) ? Comment peut-on faire croire qu'une infirmière qui jongle avec des prescriptions et des gestes techniques auprès de ses patients n'a pas besoin d'un sérieux sens de l'analyse ?
Bref, l'article marche vers cette conclusion classique : il y a des différences biologiques mineures, mais elles doivent bien jouer, bon sang de bois. Et bien pour ma part, tant que l'on m'aura pas précisément montré en quoi, je continuerais à les tenir négligeables pour l'analyse. Que nous disent finalement ces "facteurs génétiques" des inégalités de genre ? Rien. Que nous disent-ils de la domination masculine ? Rien. D'autant plus que, la plupart du temps, ces facteurs génétiques sont reliés à des comportements dont on est même pas sûr qu'ils différencient si bien que ça les hommes et les femmes : l'article ne se prive pas, d'ailleurs, du traditionnel "les hommes savent lire une carte" (pardon : "ont de meilleurs compétences visuospatiales") et "les femmes sont bavardes" (pardon : "plus aptes à communiquer"). De différences statistiques significatives, mais laissant une large place au recouvrement des courbes de Gauss, on tire des conclusions en termes de "sexes opposées". Même l'expérience de Baron-Cohen devrait conduire à dire que les différences entre garçons et filles sont très loin d'être des oppositions.
La lecture de l'article me donne l'impression qu'il s'agit plus de suggérer que, bon, il doit bien y avoir quelque chose à sauver dans l'opposition biologique entre les sexes, sans que l'on sache trop pourquoi. Par paresse intellectuelle, il s'agit de suggérer, d'induire des soupçons, de faire des petites remarques qui pourraient laisser penser que... mais jamais de se confronter de front à la question centrale : "qu'est-ce que ça explique tout ça ?". Parce que si on la pose, on se rend compte que la réponse ne va guère dans le sens attendu. Surtout s'il est attendu par des "mouvements néoféministes" cités très positivement dans l'article, où il s'agirait "d'assumer sa féminité tout en refusant la hiérarchie, la domination, l'exploitation sexuelle d'un sexe par l'autre". Dommage que l'on n'applique pas à ceux-ci la même rigueur critique que l'on applique aux théories du genre... Sciences Humaines avait déjà publié, il y quelques années déjà, un dossier sur le "post-féministe" qui tendait plutôt à l'apologie de celui-ci (des éléments de critiques ici). Si le magazine de vulgarisation de référence fait un tel mauvais sort aux théories du genre, c'est qu'il faut peut-être retirer l'idée selon laquelle elles seraient "largement diffusées" en France. Il semble au contraire qu'il y ait encore du boulot.
J'ai découvert cette revue en 2007, et je l'achetai de temps en temps
RépondreSupprimerJe me suis abonnée l'an dernier. Et je me suis rendue compte qu'à chaque fois il y avait un article anti-féministe qui me saoulait.
J'ai fait attention à l'auteure de ces article : c'est à chaque fois Martine Fournier.
Martine Fournier qui pleurniche sur les sorts des pôvres zhoms du Québec qui subissent trop de féminisme.
Martine Fournier qui déclare que le féminisme a tué la séduction.
Martine Fournier qui dit que maintenant il n'y a plus de patriarcat dans nos sociétés modernes.
Martine Fournier qui...
Bref, Martine Fournier m'est sortie par les trous de nez ^^ --> je n'ai pas renouvellé mon abonnement cette année. C'est la rédactrice en chef, et c'est elle qui écrit quasiment tous les articles consacrés au genre.
(je te dis ça parce que l'article du critique est évidemment d'elle !)
J'ai eu la même impression en lisant l'article de Catherine Halpern sur Trouble dans le genre dans le dernier "Grands Dossiers" ("Un siècle de philosophie", l'article est p.43).
RépondreSupprimerIls consacrent presque une page au livre de Butler mais après l'avoir lue on n'en sait pas plus sur le bouquin… L'article consiste en un paragraphe sur l'importance de l'ouvrage, et ensuite en une critique de son hermétisme et de ses "références savantes parfois allusives", pour terminer sur cette question biaisée : "Acte de résistance ou poudre aux yeux? À chacun d'en juger."
Tu parles de paresse intellectuelle là où je serais plutôt tentée de parler de "malhonnêteté intellectuelle".
RépondreSupprimerPar exemple, comment peut-on prétendre écrire sur les sciences humaines et ne pas voir se profiler un biais du côté de l'examinatrice dans l'expérience de Baron-Cohen ? C'est des choses que je sais depuis ma première année de psychologie ! C'est complétement aberrant d'utiliser ce genre d'études. Je n'arrive pas à croire qu'on puisse écrire/débattre/argumenter sur les sciences humaines sans posséder un minimum de connaissances et de sens critique.
Et je te rejoins tout à fait la pauvreté des arguments, issus du sens commun plus que de la recherche (encore une chose contre laquelle on m'a mise en garde dès le début de ma licence...).
Le plus terrible c'est que j'ai des connaissances pour argumenter contre l'essentialisme mais que j'ai un mal fou à les communiquer à des gens qui ne comprennent pas la base (et ne veulent pas la comprendre ?). A moins de les attacher sur leur chaise et de leur parler plusieurs heures de suite... :D
On pète unE durite :p
RépondreSupprimerJ'avais commencé le bouquin de Sylviane Agacinski,"Femmes entre sexe et genre", mais j'avais très vite été agacée par la critique du genre et j'avais lâché. Il faudrait que je le reprenne un de ces jours, on ne peut pas bien critiquer ce qu'on ne connaît pas...
La paresse du "reconnaissez quand même qu'il doit bien y avoir un petit quelque chose de biologique même si je ne peux pas le montrer, allez quoi, soyez sympa, vous voulez passer pour un extrémiste ou quoi ?" m'a fait mourir de rire.
Je ne peux pas lire l'article, n'ayant pas envie de payer pour un article décrié.
RépondreSupprimerMais je n'arrive pas à comprendre ni la position de l'article ou ses arguments dans votre critique, ni à comprendre la votre.
Je suis abonnée de même, et effectivement on voit quand même souvent de la paresse intellectuelle. Pire une fois, j'avais du leur écrire: ils n'avaient visiblement même pas lu la thèse dont ils parlaient et avaient donné une conclusion contraire à cette thèse, j'avais lu un meilleur article dans Alternatives économiques à ce sujet, un comble!
RépondreSupprimerTrès intéressant et très juste. Les opposants à la théorie du genre voudraient nous faire croire que l'on est comme les animaux, chez qui tout est biologique (par exemple chez les lions, la chasse est réservée à la femelle). Ce qui se trouve dans le règne animal ne s'applique pas du tout à l'humain. Chez nous, le facteur biologique est de zéro. C'est à nous de nous défaire de ce conditionnement injuste et de revendiquer notre droit à être qui nous voulons, ce que nous voulons. Les hommes devraient porter des robes et mettre du rouges à lèvres, les femmes devraient faire maçon ou éboueur, bref, il nous faut nous défaire de ces cases que l'on assigne à chaque sexe. Faisons-le !
RépondreSupprimerMerci pour ces billets, bouffées d'air au beau milieu de l'océan de médiocrité au sein de la soi-disant vulgarisation scientifique...
RépondreSupprimer@Prose : " Le plus terrible c'est que j'ai des connaissances pour argumenter contre l'essentialisme mais que j'ai un mal fou à les communiquer à des gens qui ne comprennent pas la base (et ne veulent pas la comprendre ?). A moins de les attacher sur leur chaise et de leur parler plusieurs heures de suite... :D"
--> Mais OUI !!! Il est tellement plus difficile de vulgariser la rigueur scientique tant methodologique qu'au niveau de la théorisation, que de faire passer de fausses évidences plur scientifiques... d'autant plus à l'oral devant un verre, et par un auditoire composé de proches qui te coupent la parole pour une question qui nécessite d'avoir traité la première (pfiou tous les facteurs qui entrent en jeu !).
Je pense qu'il faut prendre le temps pour mieux s'en sortir, de réfléchir en amont à des phrases simples et claires, des exemplifications qui parlent, et permettent de ne pas sentir le besoin de dessiner un schéma (ex : le recouvrement des courbes de Gauss). Pas simple.
Bonjour. Je retombe sur cet article plus d'un an après... Détail qui tue dès le démarrage de cet article. Sylviane Agacinski dit "C'est une évidence rustique" .... Sylviane Agacinski .... agrégée de PHILOSOPHIE c'est ça ? Je pose la question parce qu'il me semble bien que "l'étonnement philosophique" soit à la base de toute démarche philosophique et qu'est ce que l'ETONNEMENT PHILOSOPHIQUE sinon que la "capacité qu'il y a à s'interroger sur une évidence aveuglante" ?
RépondreSupprimerSur ce bonne journée.....